Après trois ans, tout le monde attend la reprise. L’attend ou plutôt l’appelle de ses v?ux. Les informaticiens plus que les autres. Ils sont plus de 86 % ? optimistes sur leur avenir
personnel ? à l’espérer. “Dans le passé, nous avons été habitués à vivre des moments difficiles. Mais ils duraient au maximum entre six mois et un an”, relevait le PDG français
d’un grand éditeur américain. Ce serait la première fois qu’une
décroissance s’étale sur plusieurs années. Aujourd’hui, cette descente aux enfers a fait long feu, et tous les informaticiens voudraient l’oublier.Quitte à se remonter le moral avec la méthode Coué : “Cela n’a que trop duré et ne peut qu’aller mieux. ”
Entendue l’an dernier déjà, cette litanie témoigne que
l’espoir d’une reprise ne date pas d’hier. Mais à chaque fois que les spécialistes estimaient le fond atteint, la réalité reprenait le dessus. Aujourd’hui, tout le monde sait que le redémarrage viendra, mais
s’interroge sur son échéance : “A la rentrée, en fin d’année, courant 2004, voire début 2005”, prédisent certains. Pour Eric Blier, gérant du cabinet Headline, une chose est
sûre : “Tout le monde espère la fin de cette crise, qui ne profite à ? presque ? personne, heureusement.”
Des petites missions à répétition
En attendant, la méthode Coué produit ses effets. D’abord au niveau boursier, puisque le CAC 40, après avoir atteint un plancher de 2 400 points en mars, s’est stabilisé à 3 100 points.
“Les valeurs technologiques ont été les premières à être touchées par la crise. Elles seront donc les premières à repartir”, dit-on alors. La méthode Coué trouve un autre écho auprès des gouvernants.
Réunis lors du dernier G8 d’Evian, les chefs d’Etat ont estimé que les conditions d’une reprise économique mondiale étaient en place. Pour les spécialistes du recrutement, c’est de nature à redonner le moral aux
informaticiens.La méthode Coué fonctionne aussi dans les sociétés de service, les plus touchées par la crise. Elles prient “pour un retour aux grands projets innovants des clients en fin 2003”.
Jean Mounet, nouveau président du Syntec Informatique, voit des raisons d’espérer dans “la montée en puissance des technologies, dans
l’organisation et le fonctionnement des entreprises, notamment les PME”. Mais les employés, eux, sont moins à la fête qu’il y a deux ans. “En ce moment, les grosses missions sont très
rares, confie une jeune informaticienne employée par une SSII. Je vadrouille depuis six mois sur des petites missions, parfois hors de mon domaine d’expertise.” Et pourtant, elle se déclare assez
optimiste quant à l’avenir de son entreprise et de sa carrière personnelle.
Les embauches planifiées restent rares
“Mon employeur fait souvent passer des informations témoignant de sa relative bonne santé ? du moins comparativement à nos concurrents, qui éprouvent des difficultés”,
confirme un autre interlocuteur, dont les primes ont été maintenues et qui s’estime peu touché par le contexte. “Par contre, je connais des collègues en intercontrat depuis trois ou quatre mois. Ils souffrent, voire
dépriment.” La période est risquée, avance un troisième : “En tout cas, ce n’est pas le moment de faire les difficiles.” Il a récemment testé son CV lors
d’un forum de recrutement. Et cela lui a mis du baume au c?ur : “J’ai reçu deux propositions. Mais je n’y ai pas donné suite, car elles ne correspondaient pas à mes
envies.”Eric Blier le confirme : en matière de recrutement, les candidats sont actuellement beaucoup plus nombreux que dans le passé. Mais, vu la conjoncture, “un informaticien déjà en place hésite à partir. Sauf
s’il sent son avenir réellement menacé dans l’entreprise où il est”. Pour ce chasseur de têtes, les embauches planifiées restent rares. “Aujourd’hui, bon nombre
d’entreprises ont peu de visibilité. Elles prévoient difficilement leurs recrutements et agissent au coup par coup. Pour le moment, peu de postes sont créés sur les moyen et long termes.”
Miser sur la mobilité et les réorganisations internes
Pour faire face au turn-over, aux remplacements ou aux départs en retraite, les DRH misent davantage sur la mobilité et les réorganisations internes. Dans le passé, ils ont dû surembaucher. “Et ils le payent
malheureusement encore aujourd’hui.” Cette perception varie selon les secteurs d’activité. Ainsi, le DSI d’une enseigne de la grande distribution n’utilise pas la méthode Coué. Et il le
prouve : “En 2000, notre groupe recensait sept informaticiens au niveau national. Nous sommes aujourd’hui vingt-huit, avec une visibilité de travail importante sur les sept à huit prochaines
années.”Ses projets sont clairs : “Multiples, courts et réactifs, dans un contexte juridico-commercial en perpétuelle évolution. Je suis donc très optimiste quant à la situation des informaticiens travaillant dans
la grande distribution.” Le moral, quand on l’a, c’est toujours mieux ! valide Eric Blier. Il souligne ainsi que “c’est dans des situations comme celle vécue
aujourd’hui que l’optimisme est le meilleur moteur pour la reprise tant attendue”. Son conseil : “J’ai rarement réussi à faire signer un contrat d’embauche par mon
client à quelqu’un qui n’avait pas le moral.”
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