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Sondage exclusif : les cadres jugent internet

Le réseau touche désormais la quasi totalité des salariés. À tel point que son utilisation commence à bouleverser l’organisation du travail et la perception des relations humaines au sein de l’entreprise.

Près de 90 % des cadres actifs disposent d’une adresse e-mail personnelle sur leur lieu de travail. Si l’on est loin encore de la banalisation totale de l’outil, les résultats de l’étude Ipsos, réalisée pour Le Nouvel Hebdo, sur ” l’usage d’internet par les cadres sur leur lieu de travail “, montrent l’ampleur d’un mouvement qui bouleverse déjà l’organisation du travail et la perception, par les cadres, des relations humaines dans leur entreprise.

Quinze heures par mois

Selon Ipsos, 63 % des cadres estiment que les messageries électroniques ont permis de créer des liens plus ténus entre les salariés. Et l’utilisation d’internet (navigation et messagerie) à des fins professionnelles les occupe, en moyenne, pendant près de 42 minutes par jour, ce qui représente tout de même une quinzaine d’heures par mois.” Ces comportements étaient inenvisageables, il y a seulement deux ans, lorsque les adresses e-mail et les accès au web étaient uniquement réservés aux services de recherche et développement “, se souvient Renaud George, consultant au sein du cabinet lyonnais Algoé, spécialisé dans le conseil en management.Cette durée de connexion est à revoir à la hausse si l’on tient compte des 8 minutes que les cadres avouent consacrer quotidiennement au surf en ligne à des fins strictement personnelles. Un passe-temps auquel les cadres moyens reconnaissent s’adonner presque deux fois plus longtemps que les patrons ou les cadres supérieurs : presque onze minutes pour les uns et six pour les autres.S’ils correspondent à la réalité, ces volumes n’ont rien d’alarmant du point de vue de l’entreprise. “En surfant à des fins personnelles, le salarié apprend aussi à mieux naviguer sur le réseau, précise Renaud George. Et cela contribuera à le rendre plus performant dans ses recherches en ligne. Cette phase d’apprentissage est nécessaire.”Une vision partagée par nombre de salariés, qui estiment ne pas compter leur temps à l’égard de leurs employeurs. Ce dévouement explique sans doute que seul un tiers des cadres admettent qu’ils “volent du temps” à leur entreprise en utilisant leur connexion professionnelle au réseau pour leurs besoins personnels.L’explication de cette indulgence : 44 % des cadres considèrent que les services qu’ils utilisent sur le net leur permettent de mieux organiser leur vie privée et, de fait, d’être plus efficaces dans leur vie professionnelle. Quelques minutes suffisent pour envoyer un bouquet de fleurs à sa belle ou pour réserver le studio pour les grandes vacances… Autant d’activités très banales qui ont été considérablement simplifiées par leur mise en ligne.Autre enseignement important de cette enquête : le rôle du réseau dans la communication interne. Prèsde 70 % des patrons et des cadres utilisent la toile pour rechercher des données sur leur propre entreprise. Et ils sont autant à reconnaître qu’internet et les messageries ont permis d’améliorer l’information interne au sein de leur société.” Plus que jamais les salariés sont demandeurs d’éléments concrets sur leur entreprise, constate Jean-Christophe Hermann, le président de Fnac Direct. Une exigence de transparence que l’on retrouve dès le stade du recrutement. “ Et gare à l’entreprise qui rechigne à communiquer : son opacité peut se transformer en faiblesse aux yeux du candidat à l’embauche.Mais la technologie ne peut pas tout contre les pesanteurs de la machine. “Seuls” 46 % des cadres indiquent que la messagerie maison leur a permis de se rapprocher de leur hiérarchie. ” L’e-mail est l’outil de communication qui va forcément s’imposer auprès de tous les cadres, pronostique Francis Meston, vice-président du cabinet AT Kearney. Les cadres sont des n?”uds de circulation dans l’organisation de la société. Ils doivent à la fois travailler vers le haut, le bas et transversalement. “Des pratiques qui exigent une fluidité maximale de l’information. Cette perspective annonce des allongements conséquents des heures de connexion, et ce, sans qu’il n’y ait plus de barrières d’âge ou de secteurs d’activité. “Même les plus récalcitrants s’y sont mis, note le consultant. Avec de larges écarts en terme d’utilisation.”

Vingt e-mails par jour

En effet, le sondage réalisé pour Le Nouvel Hebdo indique que les cadres manipulent en moyenne 20 e-mails par jour : ils en reçoivent 12 et en envoient 8. Des scores qui doivent laisser songeurs les collaborateurs de SSII ou de multinationales, habitués à jongler avec une centaine de messages par jour.Ce qui compte, c’est que la technologie soit disponible. Et chacun est libre de l’utiliser à sa guise. À titre indicatif, plus de 72 % des cadres connectés disposent de leur propre ordinateur, les autres devant partager une machine. Un fort taux d’équipement individuel devrait contribuer à la progression de l’utilisation du net. Car, assurément, le temps passé à surfer est supérieur à la moyenne si le salarié bénéficie d’un accès dédié au réseau.

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Nicolas Arpagian