Patrick Artus joue les Cassandre. Son ouvrage intitulé ” La Nouvelle économie ” est un appel à la prudence et à la modération. L’amélioration annoncée des performances des entreprises, grâce aux mutations technologiques, ne lui paraît pas aller de soi. Car la nouvelle économie partage ceci avec l’ancienne, ou plus exactement avec l’économie éternelle, que, pour croître, il faut investir. Il y a trente ans, Jacques Attali parlait de ” parole et d’outil ” en économie, de transformation d’énergie, d’échange d’informations.Si, comme il l’écrivait à l’époque, l’économie est une réflexion sur la mobilisation de l’énergie par l’homme et sa façon de faire circuler ses idées et son savoir, il est illusoire de croire que le second aspect est appelé à supplanter le premier. L’information est de plus en plus importante, mais elle vit par l’énergie. Quand l’électricité manque en Californie, la Rome de la nouvelle économie est menacée d’asphyxie. La gestion de l’information repose sur des investissements physiques considérables. C’est là que Artus vient doucher les enthousiasmes. Car qui dit investissement dit épargne, profit et rentabilité.Prenant l’exemple de la situation des États-Unis, il constate que l’augmentation du stock de capital na pas débouché sur des gains de productivité significatifs. Les entreprises devront comprimer la masse salariale pour rentabiliser cette accumulation de capacité de production et amortir les frais financiers afférents. Stagnation salariale et chômage sont le destin immédiat des Américains. Patrick Artus a raison de rappeler des vérités premières : le progrès technique, qui, à long terme, conduit toujours au progrès social, réclame souvent sa dose de travail mal rétribué.
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