Annoncé avec discrétion la semaine dernière, Solaris 8 représente cependant une étape décisive dans la stratégie de Sun. Disponible début mars, le nouveau système d’exploitation appara”t comme la clé de voûte de la politique commerciale du fournisseur, axée sur les entreprises Internet. De fait, Sun n’a pas lésiné sur les améliorations techniques. Solaris 8 est désormais entièrement 64 bits, utilise le protocole de sécurité IPSec (employé notamment lors de la mise en ?”uvre de réseaux privés virtuels) et IPv6, la spécification de l’IETF codant les adresses IP sur 128 bits. Toujours dans cette optique Internet, Solaris 8 peut être configuré, afin d’assurer une répartition de charge optimale des flux de données IP à la sortie du serveur.
Une offre applicative complète
Ce n’est pas tout : Solaris est livré avec une offre applicative complète. “Nous voulions un système d’exploitation capable d’offrir, dès le démarrage de la machine, toutes les fonctions nécessaires à la mise en place de services Internet ou intranet “, explique Bruno Hourdel, directeur du marketing de Sun France. Dans cette optique, outre un coupe-feu maison, le constructeur américain présente une offre de choix avec son Unix : un serveur d’applications, un serveur de certificats, un serveur HTTP, tous trois issus de la gamme iPlanet, développée par l’alliance Sun-Netscape. Le serveur Apache, la suite bureautique StarOffice ainsi que la base de données Oracle 8i, en licence mono-utilisateur, accompagnée de ses outils de développement et d’administration complètent cet ensemble.
Sun met aussi l’accent sur la fiabilité de son système. Pour Jean-François Gomez, responsable du marketing logiciels et architectures de Sun France, “Solaris 8 est aussi sûr qu’un mainframe, tout en conservant la facilité d’emploi des systèmes ouverts. Ces qualités sont indispensables au bon fonctionnement d’applications disponibles en ligne “, autrement dit, pour servir de couche d’exploitation aux applications louées sur Internet et autres accès aux centres de traitement de données (Data Center). Pour ces derniers, le système d’exploitation est capable de prendre en charge jusqu’à 64 processeurs. De même, les fonctions de clustering 8 n?”uds sont implémentées en standard. Un effort important a été fait pour assurer une très haute disponibilité, soit cinq minutes d’arrêt par an au maximum, selon Sun. Pour obtenir ce résultat, l’éditeur a élargi les fonctions de configuration dynamique : il est possible d’actualiser le système à chaud, sans arrêter les applications. Mieux, une application est maintenant capable, d’après des paramètres définis par l’administrateur, de reconfigurer automatiquement les paramètres du système, d’un processeur ou d’une carte d’entrée-sortie, afin de bénéficier de plus de puissance. De même, l’ajout d’une carte processeur ou d’une carte réseau peut désormais s’effectuer pendant le fonctionnement du serveur, Solaris prenant automatiquement en compte les périphériques supplémentaires.
Code source et licences gratuits…
Si avec Solaris 8, Sun innove techniquement, l’éditeur en profite aussi pour lui appliquer son modèle commercial SCSL (Source Community Sun Licencing). Ainsi, le code source et les licences du nouvel OS sont gratuits. Le constructeur facturera simplement 500 F ht (76 ?) les supports physiques. Mais l’exploitation commerciale de Solaris reste payante. Elle est proportionnelle à la montée en charge des serveurs. On n’en saura pas plus pour l’instant…
Sun entend, comme beaucoup d’autres, favoriser les développements autour de son OS et augmenter sa base installée de manière significative. Et les bénéfices espérés ne seraient pas à négliger : “Nous avons inventé un nouveau modèle économique, estime Jean-François Gomez. L’important, ce n’est pas le coût des logiciels, mais bien celui des services qui les accompagnent.” De fait, tout un système de supports et d’offres de services est en train de se mettre en place pour accompagner la sortie de Solaris 8 et de ses logiciels associés. Tout problème rencontré, par exemple, avec Oracle 8i et Solaris pourra ainsi être résolu uniquement par Sun, en vertu d’accords conclus avec Oracle. Comme l’affirme en conclusion Bruno Hourdel : “Notre objectif avec Solaris 8 est de générer des ventes de serveurs, de support et surtout de services.”Sun se méfie de la machine marketing de Microsoft et anticipe le lancement de Solaris 8, quelques jours avant la commercialisation de Windows 2000. Il devance de plusieurs mois la sortie des versions Advanced Server et Data Center de l’OS de Microsoft, qui seront ses véritables concurrents. Pour l’heure, c’est bien Linux qui doit inquiéter Sun. Car le système d’exploitation libre cro”t principalement au détriment des Unix. C’est sans doute ce qui pousse Sun à changer sa politique de vente.
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