On se croirait dans Top Gun. Ce jour de février au Centre de Congrès Rainier III de Monaco, les Suisses Bertrand Piccard et André Borschberg apparaissent sanglés dans des tenues de pilote bleu-marine avec l’air déterminé d’un Tom Cruise s’apprêtant à risquer sa vie dans les airs. Ils sont venus préparer une aventure hors norme : accomplir le premier tour du monde sans une goutte de carburant avec leur avion Solar Impulse 2.
Et c’est face à la mer, dans la capitale monégasque, qu’ils ont installé le centre de contrôle qui veillera sur leur vol.
« Nous partons avec le même esprit pionnier que les frères Wright lorsqu’ils ont réalisé le premier vol motorisé en 1903 », répète à qui veut l’entendre Bertrand Piccard, le leader charismatique du projet.
Une aventure humaine digne des pionniers de l’aviation
Si les deux hommes possèdent bien le calme et l’assurance des héros de cinéma, eux ne sont pas des têtes brûlées. La soixantaine, ils déclinent des CV longs comme le bras. L’un a été médecin, l’autre ingénieur. Tous deux sont des pilotes expérimentés ayant déjà battu des records, dont un premier tour du monde en ballon sans escale pour Bertrand Piccard.
Leur discours, martelé inlassablement depuis le lancement du projet il y a douze ans, a séduit des centaines de partenaires industriels sérieux comme Solvay et Altran, ainsi que des sponsors prestigieux tels Moët Hennessy ou Google.
Outre une préparation physique et psychologique, les deux pilotes ont du apprendre à piloter le Solar Impulse 2. Car il ne se conduit pas comme en engin ordinaire, comme Bertrand Piccard nous l’explique dans notre interview vidéo :
Derrière leur art du storytelling et leur maîtrise, Bertrand Piccard et André Borschberg ne cherchent pas à dissimuler deux inconnues de taille.
Comment l’avion va-t-il se comporter tout au long du parcours, alors qu’ils ne l’ont pas testé plus de 72 heures de suite ? Comment eux-mêmes vont-ils supporter ce voyage, coincés à tour de rôle seul à bord des jours et des nuits dans le cockpit et ne dormant pas plus de vingt minutes de suite ?
« Tout est expérimental », confirme André Borschberg, qui a supervisé les aspects techniques de l’aventure. « Ce que nous ressentons à la veille du départ, c’est un mélange de confiance et d’angoisse », conclut-il modestement.
Un défi écologique
Si ces pilotes risquent leur vie, c’est en partie par goût de l’exploit. Mais aussi parce qu’ils sont véritablement convaincus que leur aventure peut être exemplaire. « Il ne s’agit pas du tout pour nous de réaliser un record dans le domaine de l’aviation, ni de commercialiser à terme un avion solaire utilisable par le grand public », prévient Bertrand Piccard.
« Ce que nous voulons, c’est toucher le grand public, les entreprises et les Etats pour qu’ils prennent conscience qu’il faut développer des énergies renouvelables et que l’écologie, ce n’est pas un retour en arrière, bien au contraire », souligne-t-il. « La solution aux problèmes environnementaux se trouve dans le développement des nouvelles technologies. Et notre avion Solar Impulse 2 en est la preuve ! »
Pour ce faire, les pilotes vont tenter de boucler leur tour du monde en moins de cinq mois. Leur itinéraire prévoit de parcourir 35 000 kilomètres entre 50 et 100 km/h. 12 escales sont programmées : Mascate à Oman, Ahmedabad et Varanasi en Inde, Mandalay en Birmanie, Chongqing et Nankin en Chine. Lorsque l’avion aura traversé l’océan pacifique, il se posera successivement à Phoenix, New-York et une ville du Midwest aux Etats-Unis. Après avoir passé l’Atlantique, Solar Impulse 2 se posera en Europe du Sud ou dans le Nord de l’Afrique.
Un avion de la taille d’un 747… pas plus lourd qu’une voiture
Pour réussir à accomplir un tour du monde uniquement grâce à l’énergie solaire, le cahier des charges de l’avion était précis. C’est ce que nous détaille André Borschberg dans notre interview :
Au final, l’avion possède une envergure de 72 mètres et pèse 2 300 kilos. La puissance maximale de ses quatre moteurs s’élève à 70CV et sa puissance moyenne sur 24 heures à 15CV, soit l’équivalent d’une petite moto. Il est doté de 17 248 cellules solaires qui lui permettent de se recharger en vol, l’énergie étant stockée dans des batteries au lithium.
L’avion n’a donc pas besoin de se poser au sol pour se recharger. Mais à la fin de chaque nuit, le niveau des batteries atteindra à peine les 5%. Il faudra donc impérativement qu’il y ait suffisamment de soleil le jour !
Pour minimiser la dépense énergétique, les pilotes voleront la nuit et en début de journée au ralenti et à basse altitude (de 1500 à 2000 mètres). Au plus fort du soleil, ils monteront à 9000 mètres pour profiter d’un maximum d’exposition.
Le Solar Impulse 2 : un laboratoire volant
Premier avion solaire de compétition, Solar Impulse est aussi un véritable démonstrateur de technologies qui a bénéficié des recherches de tous les partenaires industriels. Bertrand Piccard nous dresse la liste de toutes les avancées accomplies à cette occasion :
01net vous tiendra informés de l’avancée du tour du monde de Solar Impulse 2. A bientôt pour la suite de cette aventure hors norme !
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