Lilliput au pays des géants du royaume de l’infiniment petit. Jeune pousse insolente dans le marché déprimé des semi-conducteurs, découverte miracle liée à une nouvelle technologie, aventure industrielle fragile d’une entreprise de 200 salariés cotée au Nouveau Marché et dont le capital n’est pas contrôlé par les fondateurs… Tels sont les ingrédients du cocktail explosif que constitue désormais la société Soitec, qui double trimestre après trimestre son chiffre d’affaires !La crise du Nouveau Marché a hissé cette valeur au rang de première capitalisation boursière (641 millions d’euros), loin devant Dab Bank (432 millions d’euros) ou encore Wavecom (393 millions d’euros), tandis que Tiscali ne fait plus partie du top ten. Pourtant, l’entreprise évolue dans le secteur en pleine difficulté des semi-conducteurs.
Soitec à contre-pied
Les signes sont pourtant alarmants… Dès le premier semestre 2001, l’indice de référence Philadelphia Semi-conducteurs chutait de 50 %. Depuis, les principaux instituts envisagent une chute de 35 % des ventes mondiales en raison de la crise de l’industrie du PC. Comment dans ce contexte expliquer des taux de croissance de plus de 100 % ?Au dire des professionnels du secteur comme des fondateurs de l’entreprise, cette réussite tiendrait en trois lettres : SOI (Silicon On Insulator). C’est-à-dire la production de plaques de silicium sur isolant, lequel offre des performances accrues par rapport au silicium classique, puisqu’il accélère la vitesse des puces et abaisse la consommation de ses composants électroniques.Il reste à savoir s’il s’agit d’une niche technologique ou d’une nouvelle donne industrielle ? ” Nous ne sommes pas installés sur une niche, mais sur un marché qui va devenir mondial “, pronostique Ian Murray, directeur financier de Soitec, avant de citer les études du cabinet Dataquest selon lesquelles la technique du SOI représentera en 2008 la moitié du marché de l’industrie du silicium, soit 8 milliards de dollars !Cela explique sans doute pourquoi Soitec a bien résisté à la crise du Nouveau Marché en limitant la casse à 50 % contre une moyenne de 80 %. Pourtant, à l’exception de la banque SG Equities qui considère cette valeur comme un ” véhicule anticyclique pour le secteur des semi-conducteurs “, peu d’analystes recommandent la valeur à l’achat.Pourquoi un tel dédain face à un tel potentiel d’expansion ? ” En raison de la survalorisation de l’action qui oscille autour de 23 fois les bénéfices attendus pour 2001 “, explique Harald Liberge-Dondou, de Fortis Banque. Ce rapport est cinq fois plus élevé que la moyenne du secteur. La comparaison avec des sociétés comme l’allemand Aixtron, l’Américains Applied matérial ou encore le britannique ARM Holdings, a-t-elle un sens ? On peut en douter.En matière de SOI, Soitec n’a pratiquement pas de concurrents. Faute de séduire la communauté financière, la société a décidé de procéder à un rachat de ses propres actions afin de soutenir son cours en Bourse… et d’entretenir le moral de ses fidèles actionnaires. Une mesure qui nest pas inutile pour une entreprise opéable.
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