Certains annonçaient un feu de paille, pourtant Qualcomm persiste et signe. Après avoir accouché du Snapdragon 8cx l’an dernier, son plus puissant processeur jamais lancé qui veut concurrencer les Core i5 d’Intel dans les PC ultraportables, voici que le géant californien annonce deux nouvelles puces pour PC : les Snapdragon 7c et 8c. Deux puces qui permettent à Qualcomm de disposer d’une gamme et non d’un seul processeur isolé.
Tandis que le 8cx est enfin adopté par l’industrie dans des machines assez onéreuses – c’est un 8cx « custom » qui propulse le Surface Pro X de Microsoft ou le futur Galaxy Book S de Samsung – les 7c et 8c ciblent des machines moins chères. Bien moins chères même : le Snapdragon 7c devrait être intégré dans des PC « entre 300 et 450 dollars », explique Miguel Nunes, Vice-Président et responsable des puces PC de Qualcomm.
Le Snapdragon 8C « sera lui intégré dans des machines entre 500 et 700 $ » et le 8cx, modèle le plus haut de gamme, « devrait arriver dans des machines à partir de 700$ et plus ».
Bien plus même : en France, la Surface Pro X commence à 1169 euros et termine à 1999 euros ! « Du point de vue des performances, on peut comparer le 7c à un Pentium, le 8c à un Core i3 et le 8cx à un Core i5 », nous a confié Mr Nunes, ajoutant qu’« il s’agit là de proposer une gamme du type bien/bon/meilleur » à laquelle les consommateurs sont habitués.
Côté technique, le Snapdragon 7c intègre un CPU à huit cœurs (quatre cœurs ARM 76 puissants dits « Gold », et quatre cœurs ARM A55 « silver » moins gourmands en énergie) tournant jusqu’à 2,4 GHz (Kryo 468), un GPU capable de coder/décoder des flux vidéo 4K en H264 et H265 (Adreno 618), un DSP Hexagon 692 en charge de l’IA et un modem 4G (X15 LTE).
Son grand frère le Snapdragon 8c, que Qualcom annonce comme « +30% supérieur au Snapdragon 850 », intègre des sous-éléments tous un peu supérieurs au 7c.
Un CPU à huit cœurs cadencés jusqu’à 2,45 GHz (Kryo 490), une puce graphique Adreno 675 et un modem 4G X24. Contrairement au 7c qui ne peut utiliser que son modem X14 interne, le Snadragon 8c peut être accompagné d’un modem 5G externe optionnel X55, le même qui accompagne le Snapdragon 865 de smartphone annoncé en début de semaine.
Performances de départ supérieures au Snapdragon 850
Si vous lisez régulièrement les actualités et tests autour de ces « Always Connected PC » dont Qualcomm avait annoncé le développement au Computex de 2017, vous vous rappelez peut-être que la première plate-forme conçue autour d’un « simple » Snapdragon 835 n’était pas assez puissante pour être satisfaisante, comme en témoignaient nos tests ici et là.
Le socle de performances de départ de la nouvelle gamme commence au 7c qui devrait offrir « des performances un peu supérieures au Snapdragon 850 », selon Miguel Nunes.
Successeur du Snapdragon 835, le SD850 est une évolution du Snapdragon 845 pour smartphone qui est un poil surcadencé. Sans être un foudre de guerre, il s’agit selon notre expérience du premier processeur capable d’offrir un niveau de performances suffisant comme en témoigne notre test du Lenovo C630. Si le 7c s’avère effectivement un poil supérieur au SD850, ce serait une excellente nouvelle. Cela signifierait qu’on pourrait profiter des avantages de la plate-forme dans des PC extrêmement abordables.
Car si la plate-forme Windows 10 ARM de Qualcomm a des limites, elle a aussi de sacrées forces : endurance au-delà de la journée, pas de chauffe donc pas de ventilateur et possibilité de format extra fins. Et surtout une connectivité 4G ou 5G qui peut être critique pour certaines cibles.
Connectivité 4G & 5G : les pros, les pays émergents et les étudiants
Si les foyers européens disposent souvent de connexions Wi-Fi correctes grâce à une couverture ADSL et fibre très large, ce n’est ni le cas des sites industriels, ni de nombre de pays émergents. Pour les premiers, profiter de terminaux à bas coût connectés en 4G, voire 5G, permettrait d’équiper des équipes de « première ligne » et de ses débarrasser définitivement du papier.
Pour les pays émergents, où la 4G est bien souvent présente partout, mais où les infrastructures « broadband » sont souvent médiocres, voire inexistantes, « nous allons pouvoir leur proposer des machines connectées bien moins chères », explique Miguel Nunes.
En effet, les PC portables fonctionnant sous processeurs Intel et qui sont équipés de modems sont généralement des modèles assez chers à destination des professionnels, impossibles à acheter par la population.
La dernière cible des machines équipées de puces Snapdragon 7c et 8c est la population étudiante. Un groupe démographique qui a besoin d’un « vrai » ordinateur pour travailler, mais qui dispose d’un budget souvent limité et qui n’a pas forcément de connexion internet fixe.
Si du point de vue technique la plate-forme semble en mesure de faire le job pour les étudiants, l’attrait de la partie 4G/5G reste fonction des offres des opérateurs de téléphonie locaux (multi-SIM, abonnements de données accessibles, etc.).
Des limites logicielles à dépasser
Avec les Snapdragon 7c et 8c, Qualcomm tient désormais une gamme crédible sur le plan matériel. Sur le plan logiciel en revanche, l’entreprise a encore beaucoup à faire, car si les applications compilées en ARM64 offrent bien de bonnes performances (comme Firefox), il en va tout autre des programmes x86 qui sont émulés (et donc plus lents) et des logiciels x64 tout bonnement incompatibles. Une incompatibilité qui met hors de portée des logiciels comme Photoshop, mais aussi des applications plus banales comme Dropbox qui n’existe plus qu’en version x64.
Un état que Miguel Nunes « dénonce » gentiment en affirmant que « la compilation x64 est faite pour les programmes gourmands en ressources, ce qui n’est pas le cas d’un client de fichiers cloud comme Dropbox ».
Mais plutôt de promettre l’arrivée d’une émulation x64 « techniquement possible » selon Miguel Nunes, mais dont la qualité est incertaine, il met plutôt en avant les efforts que Qualcomm et Microsoft font dans la promotion de la double compilation x64/ARM64 grandement simplifiée sous Visual Studio.
C’est pourquoi Qualcomm avait invité Nicole Dezen, vice-présidente et responsable des partenariats avec les constructeurs de PC portables chez Microsoft.
Une représentante du géant logiciel venue montrer que Microsoft est pleinement investie dans la plate-forme. Avec au passage deux annonces : le fait qu’Adobe travaille officiellement sur une version ARM64 de sa suite de logiciels Creative Cloud (Photoshop, Premiere Pro, etc.). Et pour les accros aux jeux, l’arrivée en 2020 d’une version ARM64 du futur service de streaming de jeux vidéo de la division Xbox.
Les premiers produits embarquant les processeurs Snapdragon 7c et 8c pourraient être annoncés au CES de Las Vegas en janvier 2020.
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