‘ On se fait un ciné ce soir ? ‘ Tous les Européens ne sont pas égaux devant ce SMS banal. Il coûte 23 centimes d’euros au client de l’opérateur mobile néerlandais KPN, soit
presque sept fois les 3,4 centimes facturé à son homologue danois, abonné de Mobilix.Une récente étude* de l’Autorité de régulation des télécommunications (ART) montre ainsi la grande diversité du prix des minimessages mobiles dans les pays de l’Union européenne. La France se situe en milieu de tableau, avec un prix
moyen de 15 centimes d’euro et les forfaits spéciaux SMS font descendre le prix à environ 10 centimes. Cette décote est identique chez la plupart des opérateurs européens. Cette forte disparité n’est pas la seule curiosité ressortant de ce
panorama européen.L’étude montre que les prix pratiqués par les opérateurs de chaque pays sont souvent au même niveau. Ainsi, les quatre opérateurs allemands réalisent un beau tir groupé à 19 centimes, tout comme les opérateurs espagnols, belges et
français, qui demandent 15 centimes. Les Portugais, pour leur part, déboursent 10 centimes pour chaque message. Quant à la Suède, l’Italie et le Royaume-Uni, ils semblent connaître une vraie concurrence, avec au moins deux niveaux de prix.
Enfin, le Danemark est, une fois de plus, le bon élève. Ses opérateurs sont certes tous les quatre les moins chers d’Europe, mais avec trois tarifs différents (6,7, 5,4 et 3,4 centimes).Ce mystérieux ‘ regroupement ‘ n’est pas sans rappeler les
accusations de cartel, formulées par l’UFC-Que Choisir en novembre 2003. L’association avait dénoncé des prix trop semblables en France et générateurs de marges abusives. Elle avait
donc déposé plainte auprès du Conseil de la concurrence contre les trois opérateurs de téléphonie mobile pour ‘ abus de position dominante collective ‘. La réponse du Conseil ne sera pas connue avant la
fin de l’année 2005, au mieux.
A prix identique, consommation disparate
Autre point notable de l’étude : le prix ne détermine pas l’usage. Un Espagnol envoie quasiment 50 SMS par mois, soit trois fois plus qu’un Français (17), alors que les tarifs sont identiques dans les deux pays.Le marché des SMS s’est avéré juteux pour les opérateurs européens, avec un chiffre d’affaires estimé par
l’Omsyc (Observatoire mondial des systèmes de communication) à 12 milliards d’euros en 2002, pour un trafic de 90 milliards de messages. Les opérateurs français ont gagné
645 millions d’euros.Selon l’ART, le minimessage représente une part prépondérante des revenus provenant des services de données (non voix) des opérateurs, qui variait en Europe de 7 %, en France par exemple, à 20 %, début 2003.Cette part était proche de zéro à la mi-1999. Les SMS ont permis aux opérateurs de stopper la diminution du revenu moyen par abonné, liée aux baisses des prix des communications voix. Les SMS en ont néanmoins fini avec leur folle
croissance à trois chiffres, même si celle-ci reste soutenue. Entre 2001 et 2002, la croissance européenne avait atteint 40 % en valeur et 25 % en volume. L’arrivée des SMS surtaxés semble être l’explication de ce phénomène.* L’étude est une synthèse de différents chiffres provenant des opérateurs, des régulateurs, d’observatoires ou encore de cabinets danalyse.
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