Nos pratiques numériques ont-elles changé depuis la fin des confinements ? Assiste-t-on au retour triomphal du smartphone et à la chute de la télévision ? L’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (l’Arcom) et l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (l’Arcep) ont publié, mardi 11 avril, leur troisième édition du référentiel des usages numériques en France, un état des lieux de nos pratiques du digital. Elle rassemble des études déjà publiées par différents organismes ces derniers mois – allant de fin 2021 à fin 2022 – et permet de dresser un tableau complet des habitudes prises dans l’Hexagone. Voici ce que nous en avons retenu.
Non, la télévision n’est pas morte
D’abord, malgré les prévisions de certains, la télévision fait toujours bel et bien partie de nos vies. Plébiscitée pendant la pandémie où on l’a plus regardée qu’à l’accoutumée, elle n’a pas été délaissée après la fin des confinements. La TV reste encore et toujours l’appareil clé de nos habitats – 9 foyers sur 10 en sont équipés. À noter que 84% des téléviseurs sont désormais connectés.
Côté temps d’écran, on regarde la TV en moyenne 3 h 24 par jour, une durée quasi équivalente à celle d’avant la pandémie, en 2019. Pendant la crise sanitaire, le chiffre était monté à 3 h 39. Plus surprenant, on continue de regarder la télévision linéaire (en direct) – c’est le cas pour 93% des personnes interrogées, malgré la montée en puissance du replay (86 % y ont recours), le fait de regarder en décalé les programmes diffusés sur les chaînes TV.
Plus de vidéos à la demande par abonnement, et moins de piratage
Les Français sont d’ailleurs 78% à regarder des vidéos autres que du direct et du replay, un chiffre en accord avec le nombre d’abonnés à des plateformes de streaming, ou à des chaînes payantes, de plus en plus élevé. En deux ans, il y aurait presque deux millions de consommateurs de « vidéos à la demande par abonnement » en plus, pour atteindre en 2022 9,4 millions d’utilisateurs quotidiens. Sans surprise, Netflix, qui compte 10 millions d’abonnés en France, détient 59% des parts de ce marché chez les 35-49 ans (ces chiffres datent du second semestre 2022). Tout en bas du peloton, Canal+ ne représente que 10% du marché, derrière Amazon Prime Video (13 %) et Disney+ (12 %), toujours pour cette tranche d’âge.
Autre donnée qui montre cette montée en puissance des vidéos à la demande, près d’un tiers des foyers dispose d’un boîtier OTT (comme une Apple TV ou un Chromecast), soit une augmentation de 3 points en un an. Nous consommons donc plus de contenus en ligne, ce qui fait que le trafic entrant vers les principaux fournisseurs d’accès à Internet a sensiblement augmenté. Fin 2021, plus de 35,6 Tbit par seconde étaient utilisés, soit 25% de plus qu’un an plus tôt.
Netflix occupe quasiment 20 % de la bande passante
Et qui monopolise principalement la bande passante ? Netflix atteint quasiment les 20 % (19 %), suivie de YouTube (11 %), Akamai, une société spécialisée dans la mise en cache de contenu (8 %), Facebook (6 %) et Amazon (5 %).
Cette plus grande consommation de vidéo par abonnement a une conséquence : les Français regardent moins de contenus piratés, y compris les compétitions sportives dont le visionnage illicite a chuté de 8 points en 2022.
Les objets connectés de plus en plus plébiscités
Autre tendance : nos foyers seraient de plus en plus équipés d’objets connectés : ce serait le cas de 4 Français de plus de 12 ans sur 10, contre 3 sur 10 en 2020. Et parmi ces objets : les enceintes connectées avec assistant vocal gagneraient du terrain. On estime qu’en 2022, près de trois personnes sur 10 interrogées (ayant 12 ans et plus) possèdent ce type d’appareil hybride. L’année dernière, c’était 2 sur 10. Il s’agirait principalement d’appareils destinés à surveiller notre santé ou à assurer la sécurité.
WhatsApp, Signal ou Telegram plébiscitées pour téléphoner
Le smartphone est, quant à lui, redevenu l’appareil de prédilection pour se connecter à Internet. Près d’un Français sur deux (47 % en 2022 contre 41% en 2020) l’utilise en priorité pour aller en ligne, devant l’ordinateur (37 %), et la tablette (seulement 5%). Pendant la pandémie et l’ère du télétravail, l’ordinateur était passé devant le smartphone : cela n’aura donc pas duré. Sur ce dernier, détenu par 82% des internautes de 11 ans et plus – soit 6,5 points en plus en 3 ans – les Français passent majoritairement par des applications comme WhatsApp, Signal ou Telegram pour téléphoner (sept Français interrogés sur 10) ou échanger des messages (près de huit sondés sur 10).
Les applications les plus téléchargées sont toujours celles des réseaux sociaux, avec WhatsApp et TikTok qui occupent la première et deuxième place, suivies par Telegram, Snapchat, et Facebook. À noter trois nouveaux dans le Top 10 des applications les plus téléchargées en 2022 : CapCut, développée par la maison mère de TikTok, qui permet aux TikTokeurs de monter leurs vidéos, Waze et Lidl Plus.
Des progrès à faire en terme environnemental
Enfin, le référentiel revient longuement sur l’impact environnemental de nos pratiques numériques, en reprenant les données du rapport de l’Arcep et de l’ADEME paru en mars 2023.
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Il souligne que nous n’achetons pas beaucoup de téléphones reconditionnés. Ces appareils qui ont fait peau neuve ne représentent que 13% des ventes totales – les chiffres mériteraient d’être mis à jour, ils datent de 2020. Le téléviseur est de son côté renouvelé trop régulièrement, tous les quatre ans pour un Français sur deux. Dans un cas sur deux pourtant, ces appareils fonctionnent toujours.
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