Téléphoner à l’autre bout du monde aussi longtemps qu’on le désire et ce, pour un faible coût. Les abonnés des opérateurs mobiles, pris entre leurs abonnements et les frais de roaming*, en rêvent. Certains privilégiés pourront le vivre dès cette année. L’opérateur 3G Hutchison 3 a annoncé, à l’occasion du 3GSM, la disponibilité prochaine de services de voix sur IP auprès de ses abonnés, grâce à un partenariat avec Skype.
Le groupe chinois réalise en ce moment des essais à Hong Kong. Le lancement officiel de l’offre devrait intervenir ensuite en Europe, en Asie et en Australie. Toutefois, il ne bénéficiera pas aux consommateurs français, Hutchison 3 n’ayant pas développé de réseau sur l’Hexagone. ‘ Nous sommes impatients d’offrir ces services à nos abonnés sur nos marchés clés, en commençant par la Suède (…) Au moyen de Skype, ils [nos clients] peuvent parler aussi longtemps qu’ils le désirent avec leurs amis du monde entier ‘, se félicite dans un communiqué Christian Salbaing, directeur général télécommunications Europe chez Hutchison 3.
Moyennant un forfait UMTS, les abonnés d’Hutchison 3 devraient pouvoir joindre gratuitement les utilisateurs de Skype. Un faible surcoût devrait être appliqué pour tout appel vers un interlocuteur n’ayant pas téléchargé le logiciel de VoIP (Skype Out).
Pour Skype, 2006 est l’année de la téléphonie mobile. ‘ Nous avions déjà signé des partenariats avec l’opérateur allemand E-plus ou encore le suédois 3. Mais il s’agissait d’une offre mobile d’1 Go de data sur carte PCMCIA 3G. Aujourd’hui, l’accord avec Hutchison 3 inaugure le passage de Skype dans la téléphonie mobile. C’est une évolution naturelle qui répond à un besoin de nos 75 millions d’utilisateurs ‘, développe Jérôme Archambeaud, directeur général de Skype en France.
Skype remet en cause le modèle économique des opérateurs mobiles classiques
Des discussions sont en cours avec d’autres partenaires, opérateurs comme constructeurs. Ainsi, Nokia devrait annoncer au troisième trimestre de l’année la distribution de Skype en standard sur ses S60.
En France, les opérateurs mobiles regardent avec circonspection l’arrivée de Skype dans leur pré carré. Techniquement, rien n’empêche un utilisateur français de communiquer avec un correspondant en Chine pour le coût d’une connexion UMTS ou GPRS, via un Pocket PC par exemple. Sans nommer précisément le prestataire, SFR n’hésite pas à mettre en garde ses abonnés dans ses conditions générales de vente.
L’opérateur ne peut pas garantir ‘ la compatibilité de son réseau UMTS ou de l’accès à ses services avec toute évolution future notamment logicielle effectuée par des sociétés tierces ‘. Et poursuit : ‘ L’abonné s’engage à adopter un comportement raisonnable lorsqu’il accède et communique sur le réseau UMTS de SFR, tout usage en continu pouvant potentiellement constituer une gêne pour les autres usages. ‘ Sans quoi, l’opérateur se réserve le droit de suspendre ou de résilier ledit abonnement.
Et pour cause, l’arrivée de Skype dans les communications sans fil remet en cause leur modèle économique. Le cabinet d’analyse Evalueserve estime que les opérateurs mobiles européens peuvent s’attendre à une baisse de leur chiffre d’affaires de l’ordre de 8 % en moyenne d’ici à 2008. Pour certains, la perte de revenu serait supérieure à 20 %. ‘ Le déclin de leur activité proviendra d’une réduction de leurs revenus sur le roaming ‘. A terme, les opérateurs autorisant l’accès à Skype ou tout autre logiciel de voix sur IP devraient voir leur trafic ‘ voix ‘ chuter au profit du trafic ‘ données ‘.
Jérôme Archambeaud tempère : ‘ Il ne faut pas voir Skype comme une application mettant à mal les revenus des opérateurs. Skype est au contraire un produit indiqué pour inciter les consommateurs à souscrire à des abonnements 3G. ‘
* Roaming : passage sur le réseau d’un opérateur tiers.
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