SkyBridge a des soucis. L’opérateur basé aux États-Unis, mais dont la stratégie est largement élaborée par Alcatel en France, reconnaît subir le contrecoup de l’agitation boursière sur les valeurs de haute technologie. Cette crise freine l’adhésion des opérateurs de télécommunications à son projet, ce qui oblige ses dirigeants à retarder le lancement des premiers satellites en orbite basse, prévu pour fin 2003, d’au moins neuf mois.Les compagnies de téléphone sont d’autant plus réticentes qu’elles sont échaudées par les difficultés de Globalstar, la constellation s?”ur, qui a bâti, elle aussi, sa démarche commerciale sur ce type d’alliance. “Ces difficultés ne remettent nullement en cause notre stratégie, indique David Finkelstein, porte-parole de SkyBridge. Nous pensons que les problèmes d’engorgement du last mile ne seront pas résolus avant longtemps, du fait des limitations de performances de l’ADSL ?” qui ne concerne que 70 % du parc des lignes téléphoniques installées, au dire des telcos. Malgré nos difficultés, nous allons de l’avant en peaufinant notre définition technique et en proposant, dès la fin de l’année, des services en préfiguration sur des réseaux spatiaux existants.”
Une offre anticipée, comparable en coût à l’ADSL
SkyBridge a ainsi loué des capacités en Europe sur Eutelsat, et négocie actuellement avec Europe*Star, une coentreprise fondée par Alcatel Space et Loral Space & Communications. Aux États-Unis, des contacts sont pris avec les membres de la Loral Global Alliance et d’autres opérateurs. Des accords avec des équipementiers pour offrir des solutions clés en main sont aussi en préparation. “Notre offre anticipée concerne surtout les entreprises, poursuit David Finkelstein, et sera comparable en coût à l’ADSL. Nous visons l’accès aux services IP à forte valeur ajoutée et la distribution de contenus en mode multicast. De plus, nous nous appuyons sur les compétences techniques d’Alcatel, ce qui garantira la parfaite compatibilité de notre trafic avec celui des infrastructures terrestres.”Le porte-parole de SkyBridge rappelle la transparence du futur réseau (concept du bentpipe) excluant tout traitement à bord des satellites. L’opérateur envisage d’établir des liaisons de secours (backhaul) permettant de délivrer efficacement des services vidéo administrés sur les DSLam (multiplexeur d’accès pour lignes numériques). La directive est donc de développer le portefeuille et de proposer ?” éventuellement, précise-t-on ?” un basculement ultérieur sur la constellation LEO (Low earth orbit). SkyBridge n’est cependant pas en mesure de dire aujourd’hui si son offre anticipée sera commercialisée sous sa marque ou par Alcatel Space. La position de Pascale Sourisse, p.-d.g. de la première entreprise et présidente de la seconde, semble indiquer que la coopération entre les deux entités est plus que jamais à l’ordre du jour. Il est vrai que le groupe de Serge Tchuruk, très engagé dans ce projet à l’avenir incertain, n’a plus d’autre choix que de le supporter en attendant des jours meilleurs.
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