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Sites boursiers: la COB surveille les forums de discussions.

A l’affût de vraies-fausses informations, d’intox ou de manquements, le gendarme de la Bourse s’intéresse aux échanges publics d’information entre internautes.

Le 28 mars dernier, quelque deux cent vingts agents ont exploré, scruté et disséqué plus de 10 000 sites à dominante financière. Les forums de discussion ont été tout particulièrement épluchés. Cette ” descente ” virtuelle s’est déroulée dans le cadre de l’Internet Surfing Day.Organisée sous l’égide de l’Organisation internationale des commissions de valeurs mobilières (OICV), il s’agissait de la première opération d’envergure de coopération en matière de surveillance d’Internet. La Commission des opérations de Bourse ( COB) y participait conjointement avec vingt autres commissions boursières mondiales.Michel Prada, président de la COB et président du Comité technique de l’OICV, commente ainsi la préoccupation des gendarmes de la Bourse face à ce média de plus en plus apprécié des boursicoteurs :“l’Internet est à la fois porteur de nouvelles opportunités très positives pour le développement économique mondial, mais il peut également constituer un danger lorsqu’il est utilisé par des personnes mal intentionnées, qui profitent de son coût réduit et de la vitesse de propagation des informations qui y circulent.”Depuis l’avènement des courtiers en ligne, les sites boursiers ont en effet le vent en poupe. Chez Boursorama par exemple, on annonce une audience de 115 millions de pages vues rien que pour le mois de juin 2000. L’un des principaux centres d’intérêt du site provient de ses forums de discussion.De ce lieu de rencontre des passionnés s’élève une cacophonie qui pourrait se résumer ainsi : ” Forums de discussion : rumeurs, info ou intox “. D’ailleurs, en février dernier, l’un des forums de Boursorama s’était retrouvé au coeur d’une polémique. La diffusion de fausses informations sur une chaîne de bijouterie aurait fait chuter son cours boursier, mais le lien reste encore à démontrer.

La COB derrière les écrans

En France, la COB a mis sur pied une cellule de quinze inspecteurs destinée à surveiller les manquements et infractions commis sur le Net : démarchage illicite, sollicitation du public, opérations d’initiés, manipulation de cours de sociétés cotées et enfin diffusion de fausses informations. La cellule s’intéresse tout particulièrement aux sites d’informations boursières et à leurs communautés d’aficionados.Silencieuse, mais présente, la commission observe ainsi les échanges et recherche les manquements, notamment en ce qui concerne d’éventuelles manipulation de cours. Sans entrer dans les détails, elle dispose des moyens d’investigations parfaitement adaptés aux nouvelles technologies de l’information. Contrairement à ce que laissent croire certains sites, toute connexion, même sous un pseudonyme, laisse des traces, ne serait-ce que l’adresse IP de l’internaute. Il est donc illusoire de croire qu’une autorité légale ne peut se procurer l’identité réelle des contributeurs.Reste ensuite à débrouiller le vrai du faux, tout en respectant le fait qu’une contribution à un forum relève de la vie privée. Mais annoncer avant l’heure un rachat ou un partenariat sur un forum peut être considéré comme un manquement aux règles et ce, même si des dizaines de contributions corroborent les dires.Toute la difficulté consiste à faire la distinction entre une analyse personnelle, construite sur la base d’articles de presse (et donc connus de tous) évoquant la possibilité d’un accord prochain, et des affirmations telles que : “Attention, demain matin, il va y avoir une annonce cruciale pour telle société cotée.”Comment réagissent les sites concernés ? Chez Boursorama, une charte de bonne utilisation des forums a été mise en place en mars dernier, afin de prévenir toute dérive. Il est également possible de ” boursomarquer ” un membre afin de masquer ses contributions ou, au contraire, de les visualiser en priorité. Enfin, le site s’engage à collaborer avec les autorités, en cas d’affaire avérée, même si à la rédaction du site, on ne croit pas que les rumeurs aient une quelconque influence sur les cours.D’autres sites déclarent mettre des médiateurs (c’est le cas de Spray) en charge de supprimer illico les contributions douteuses. Il n’en demeure pas moins que les polémiques, les info-intox et autres tuyaux leurs garantissent des visites toujours plus nombreuses…

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Augustin Garcia