Siri peut vous donner la météo ou l’état du trafic routier. Mais vous lui avez certainement déjà demandé de vous raconter une blague. De HAL 9000 – dont Siri vous parlera volontiers – à OS1 du film Her, l’humanisation de l’intelligence artificielle est un fantasme aussi vieux que l’informatique. Depuis 2011 et l’introduction de Siri, nous apprenons à l’utiliser sur nos smartphones. Mais son nouveau terrain de jeu est notre intérieur. Et c’est là qu’Alexa, Cortana, Siri et Google Assistant vont jouer avec nos sentiments.
De Pixar à Google
Dans un article publié le 9 octobre sur le site du Wall Street Journal, on apprend que Google a embauché des auteurs ayant travaillé pour Pixar ou le site parodique The Onion. Pas pour se lancer dans la production d’un film d’animation humoristique, mais pour travailler sur Home, son assistant domestique. Leur tâche est de rendre les réactions de Google Assistant plus humaines, en y intégrant par exemple une touche d’humour.
Etonnamment, Google est le seul à ne pas avoir donné de nom à son assistant virtuel, le baptisant sobrement «Assistant». Un frein qui pourrait devenir de plus en plus important face à Echo, l’assistant domestique lancé par Amazon et dont les fans se multiplient outre-Atlantique. En parcourant les commentaires sur la page du produit, on s’aperçoit que les clients l’apprécient moins qu’Alexa, l’intelligence artificielle qui le fait fonctionner. «Nous adorons avoir Alexa à la maison. Elle fait presque partie de la famille» témoigne un utilisateur. Un succès que Google souhaite répliquer.
De «fausses» intelligences artificielles
Mais aussi attendrissantes qu’elles soient, ces voix sont encore loin d’un KITT, la voiture la plus humaine de l’histoire de la télévision. Pour l’heure, on pourrait trouver difficile de qualifier ces logiciels d’intelligence artificielle, tant on est loin de ce à quoi nous a habitué la science-fiction à longueur de séries et de films. Actuellement, dès qu’on s’éloigne des demandes d’informations basiques, comme trouver un itinéraire, dès qu’on demande un peu d’humanité, les assistants reposent tous sur des fonctionnements très scriptés.
Les ingénieurs d’Apple, de Microsoft, de Google et d’Amazon analysent ce que leurs clients demandent à la machine et établissent des scénarios de réponses. Ils font ensuite enregistrer des réponses préparées à des comédiens.
Un des exemples fondateurs est celui détaillé dans la biographie officielle de Steve Jobs. Alors que Scott Forstall, en charge du développement d’iOS, lui présente ce qui deviendra Siri, le patron d’Apple se saisit de l’iPhone de démonstration. Il commence à poser toute une série de questions à Siri. Mais c’est la réponse à sa dernière question qui finira de le séduire : “Etes-vous une femme ou un homme ?”, demande Steve Jobs. “Ils ne m’ont pas attribué de sexe”, répond alors la voix de synthèse. Derrière cette boutade, aveu de son inhumanité, il y a évidemment l’humour d’humains…
C’est pour maintenir cette illusion d’humanité, ce contact exclusif sur lequel il travaille aussi et qui fait tout que Google va puiser chez Pixar, comme Microsoft a droit à son équipe d’auteurs.
Pour l’intelligence artificielle, la vraie, celle qui permettra à nos assistants de nous répondre de manière impromptue et du tac-au-tac, il faudra encore patienter. Certains s’en approchent.
Des pistes pour le futur
Le 6 octobre, Samsung s’offrait Viv, un assistant virtuel conçu par les créateurs de Siri. A en croire ses concepteurs, il est capable d’interpréter des requêtes bien plus complexes que ses concurrents. Il est également ouvert aux tiers, pour permettre à des acteurs extérieurs de proposer leurs services à la façon des chatbots sur Facebook Messenger.
Commander un Uber, un bouquet de fleurs selon les goûts de son/sa destinataire ou jouer une liste de chansons selon l’heure de la journée sont autant de fonctions qui rendent l’Amazon Echo ou Google Home séduisants.
Mais Amazon et Google misent beaucoup sur l’enrobage. La voix qui va inspirer confiance et qui dira un peu plus que ce pour quoi elle est programmée. En d’autres termes, celle qui saura multiplier les interactions «inutiles»… pour mieux vendre l’utile.
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