Humilité, patience, expertise, Nicolas Bartel, directeur e-business de Siemens France, a misé sur ce qu’il estime être“les qualités propres à l’univers Siemens” pour convaincre la filiale hexagonale du géant allemand de se mettre à l’heure de l’e-business.“Quand j’ai pris mes fonctions, en décembre 2000, les managers s’attendaient à voir débarquer Yoda, le maître Jedi de Star Wars, autrement dit quelqu’un qui aurait la science infuse et qui le ferait savoir”. Mais si la Force était en lui ?” Siemens, où il a fait l’essentiel de sa carrière, l’avait précédemment distingué comme l’un des 25 “hauts potentiels” du groupe ?” ce trentenaire au look de dandy a joué la carte de la simplicité et du dialogue.
Objectif d’optimisation
L’homme passe les six premiers mois de son mandat à rencontrer les directeurs des systèmes d’information, puis les responsables de “business unit”. Objectifs : clarifier la notion d’e-business, “qui n’est rien de plus que l’utilisation des nouvelles technologies pour optimiser des processus existants”, et identifier un “relais e-business” dans chaque division, baptisé “e-business manager”. Des réunions de travail sont alors organisées pour pointer les projets à privilégier. L’enjeu est de taille : la direction de Siemens annonce que d’ici à trois ans, l’e-business devra représenter 25 % du chiffre d’affaires total du groupe (qui s’élève à 78 milliards d’euros ?” 511,7 milliards de francs), y compris en France (qui affiche 3,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2000). Après réflexion, Nicolas Bartel et ses e-business managers décident de mettre l’accent sur le développement d’extranets, “essentiels pour fournir à nos clients des informations et des outils pour mieux acheter chez nous”, et de “e-customer interface”, des places de marché internes.Pour concrétiser ces projets, mais aussi faire de la veille sur les activités web des concurrents, Nicolas Bartel s’entoure d’une équipe de cinq personnes : une chef de projet “place de marché”, un technicien, un responsable de la communication, un analyste et une consultante en e-business. Ancienne webmaster à la division médicale de Siemens, cette dernière est le pivot de l’équipe : elle est mise à la disposition de toute “business unit” en mal de ressources humaines disponibles. Dans le même temps, Nicolas Bartel invite chacune des divisions à s’entourer des compétences utiles, définissant même les profils de poste. “L’idée étant, par exemple, de faire évoluer la fonction de webmaster vers celle d’e-consultant, c’est-à-dire un profil technique capable d’avoir une vision stratégique du site qu’il met en place”. Les “e-cadres” de Siemens France (50 personnes sur 10 000 salariés) rencontrent le directeur e-business à échéance régulière. Toutes les six semaines, la communauté “Web com” (webmasters et responsables e-marketing) se réunit autour de thématiques très concrètes, tel le référencement, tandis que les “e-business managers” réfléchissent, une fois par trimestre, à la vente en ligne ou encore à la notion de service. “Il est important que nous ayons tous les mêmes déclics, la même culture du e-business”, rappelle Nicolas Bartel, qui a également créé un journal, la“Lettre e”, pour diffuser sa bonne parole. Des formations techniques, mais surtout des formations au e-management devraient, par ailleurs, voir le jour prochainement.
Quelques réticences
“Si le travail en équipe virtuelle est bien rentré dans les m?”urs de notre groupe, très international, les Français sont toujours plus réticents que les Allemands”. Les outils de knowledge management et d’e-learning, développés bien avant la création du département e-business, participent également à cette acculturation. Tout en douceur : “Mon leitmotiv, c’est qu’il faut y aller ” mollo “, seule manière d’éviter les tensions et les blocages, si nombreux lorsqu’on parle de l’e-business “.
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