Chiffre d’affaires et bénéfices en hausse, Siebel semble avoir résisté à la crise qui a touché l’industrie informatique en 2001. A première vue. En réalité, confronté à un marché qui s’est réduit et à une concurrence accrue, le spécialiste de la gestion de la relation client (GRC) a vu ses résultats s’étioler tout au long de l’année.Sur l’année entière, le chiffre d’affaires de Siebel ?” 2,05 milliards de dollars ?” est en progression de 14 % et les gains s’améliorent de 15 %, à 255 millions. Mais, si l’on considère les résultats du dernier trimestre 2001, dévoilés hier, la tendance s’inverse : à 481 millions de dollars, les ventes ont diminué de 17 %, et les bénéfices (66 millions) de 16 %.
Le marché de la relation client saturé ?
Les deux derniers trimestres de l’année ont été catastrophiques pour Siebel ; ce qui laisse augurer d’une année 2002 difficile. Sur 2001, les ventes de licences ont baissé de 4 %. Siebel doit son bilan positif aux services, qui se sont envolés de 44 %. Comme l’explique Jon Enoniak, analyste financier à US Bancorp Piper Jaffray : “Le secteur de la GRC doit résoudre ses problèmes de stock pour espérer retrouver la croissance d’antan.” Après des années de déploiement intense, le marché de la relation client semble arrivé à saturation.Et à l’âge de raison. Selon Dan Miklovic, analyste au Gartner Group, les entreprises “ont perdu leurs illusions concernant l’obtention de gains rapides” grâce au CRM. Les déploiements devraient donc se faire plus rares et plus modestes, et ce n’est pas une bonne nouvelle pour Siebel. La compagnie doit en effet son succès à la richesse de son produit. Or, en temps de vaches maigres, les progiciels de GRC des éditeurs de PGI, plus modestes et moins coûteux, sont mieux positionnés. Jon Enoniak fait ainsi de Peoplesoft“le numéro 2 de la GRC “. Et, ajoute-t-il, “il affirme gagner 33 % des marchés l’opposant à Siebel, contre 10 % un an auparavant “.
En quête d’un nouveau souffle
Malgré tout, Siebel semble miser sur de nouvelles fonctionnalités pour rebondir. En octobre, la société achetait nQuire, un éditeur capable d’ajouter des capacités analytiques à ses produits. Elle a par ailleurs lancé la version 7 de son progiciel de CRM. Autre territoire nouveau, l’ERM, ou gestion de la relation avec les employés.Les financiers ne semblent pourtant pas convaincus. Chez WR Hambrecht, on table sur une diminution des bénéfices et du chiffre d’affaires en 2002. A moins que Siebel ne trouve un nouveau souffle en Europe. Pour augmenter sa visibilité, l’éditeur a en effet annoncé la nomination d’un ” conseil d’administration européen ” regroupant des spécialistes du pantouflage, comme Jacques Attali ou les ex-premiers ministres italien et anglais, Giuliano Amato et John Major.
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