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Si rien n’est fait, les gaz à effet de serre liés au numérique vont tripler en 2050

Dans leur dernier volet de l’étude de l’impact environnemental sur le numérique, l’Ademe et l’Arcep alertent sur les niveaux d’émissions carbone et de consommation d’énergie qui pourraient être atteints en 2030 et 2050… si la tendance actuelle se poursuit. Les deux organismes donnent des pistes pour aiguiller les politiques publiques et éviter un tel scénario.

Comment réduire l’empreinte carbone du numérique face au réchauffement climatique ? L’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques) et l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) ont livré, lundi 6 mars, des éléments de réponse dans leur 3e volet d’une étude commandée par le gouvernement en 2020, consacrée à l’impact du numérique en France.

Si le numérique pèse encore peu dans les émissions de gaz à effet de serre en France – l’équivalent de 17,2 millions de tonnes de CO2, soit 2,5 % de l’empreinte carbone totale du pays – son poids devrait exploser dans les prochaines décennies pour atteindre les 50 millions de tonnes en 2050. En cause, notamment, l’explosion des usages du streaming, de l’équipement en smartphones, ordinateurs, en objets connectés, mais aussi de la 5G. Avant de dresser des scénarios prospectifs, les deux autorités rappellent des chiffres clés. On apprend ainsi que 80 % de l’empreinte carbone du numérique provient de nos équipements, 16 % des centres de données et 5 % des réseaux.

La seule fabrication de ces smartphones, ordinateurs ou télévisions représente 80 % de l’empreinte carbone du numérique. « Avant même que nous n’utilisions notre dernier smartphone, téléviseur ou ordinateur flambant neuf, il a déjà produit près de 80 % des émissions de gaz à effet de serre qu’il émettra durant sa (trop courte) vie », constatent les auteurs du rapport. Autre donnée intéressante : chaque Français vivant dans l’Hexagone génère à lui seul, pour ses seuls usages numériques, près de 300 kilos de déchets tous les ans  – des déchets électriques et électroniques ainsi que les déchets liés à l’extraction de matières premières. Nous conservons, enfin, trop peu nos appareils : seulement deux ans et demi pour les smartphones, trois ans pour les tablettes.

Copie d’écran du rapport. Source : Ademe, Arcep, Gouvernement.

Comment les choses vont-elles évoluer ? Les deux organismes ont défini 4 scénarios prospectifs en 2030 et en 2050, allant de l’accélération de la tendance actuelle (« une fuite en avant du numérique ») à un scénario de très grande sobriété.

À l’horizon 2030 : un trafic des données multiplié par 6

Commençons par 2030 : si les usages progressent au rythme actuel – une situation désignée comme « le scénario tendanciel » – le trafic de données pourrait être multiplié par 6, ce qui nécessiterait des data centers bien plus importants. Avec l’essor des objets connectés, il y aurait 65 % d’équipements numériques en plus par rapport à 2020. Résultat, les émissions de gaz à effet de serre liées au numérique augmenteraient de 45 %, la consommation d’énergie de 4 %, celle de métaux et minéraux de 14 % : des hausses qui s’expliquent « par la croissance des usages, elle-même soutenue par un parc grandissant de centres de données ».

À l’horizon 2050 : des émissions de gaz à effet de serre multipliées par 3

En 2050, si rien n’est fait, les émissions de gaz à effet de serre liées au numérique vont tripler, la consommation d’énergie explosera de 79 %, celle des métaux et matériaux de 59%. Les data centers représenteraient alors 22% des émissions.

Copie d’écran du rapport. Source : Ademe, Arcep, Gouvernement.

Les autorités, en dessinant des scénarios de sobriété, expliquent que l’empreinte carbone du numérique pourrait baisser. Mais les mesures à prendre sont drastiques : allonger de deux ans la durée de vie des équipements, améliorer les performances énergétiques des équipements réseaux et des datacenters, remplacer les téléviseurs par des vidéoprojecteurs… ou encore ne pas augmenter le nombre d’antennes des réseaux mobiles, ni le nombre d’équipements.

Jean-Noël Barrot, le ministre dédié à la transition numérique et aux télécommunications a indiqué, lors de la présentation de l’étude, qu’il « fallait faire des efforts sur la durée de vie terminaux notamment sur les smartphones, les PC et les TV en les conservant deux ans de plus, soit 7 ans pour les PC, 8 ans pour les TV et 4 ans et demi pour les smartphones ». Les consommateurs, comme les entreprises, sont mis à contribution. Côté équipementiers, en charge des infrastructures et des data centers, il faudrait généraliser la fibre, quatre fois moins énergivore que le réseau cuivre.

Côté fabricants de smartphones et d’ordinateurs, il faudrait davantage développer le reconditionnement et la réparation des appareils pour que nous puissions les garder plus longtemps. « La puissance publique européenne et nationale fera pression pour exiger un changement radical en matière d’éco-conception, de durée de garantie, de réparabilité de la part des fabricants et des distributeurs, un changement de valeur dans la communication publicitaire », a martelé Jean-Noël Barrot. Autant de déclarations qu’il faudrait désormais mettre en œuvre.

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Source : Rapport de l'Arcep et de l'Ademe du 6 mars 2023


Votre opinion
  1. Changement de smartphone tous les 2 ans et demi et les tablettes tous les 3 ans.

    Faudrait peut-être que je pense à renouveler mon iPad 3 de 2012 alors…
    Et aussi mon iPhone se 1 ère gen. Avec lequel j’écris ce message et qui tourne parfaitement.

    Alors pourquoi changer ???

Les commentaires sont fermés.