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Si Boeing souffre de ses avions, Airbus souffre aussi de ses satellites

La branche Airbus Defense & Space (ADS) ne renouvellera pas 2 500 emplois, alors que la demande pour les satellites européens, produits avec Thales Alenia Space (TAS), se tourne vers d’autres acteurs du new space comme SpaceX.

Si aux États-Unis, Boeing souffre de ses avions, en Europe, Airbus souffre de ses satellites. Dans l’espace, la branche Airbus Defense & Space (ADS) va devoir réduire ses effectifs pour continuer à rentrer dans les clous, alors que la demande pour les satellites européens n’a fait que baisser ces derniers mois, et qu’une crise s’annonce. Les acteurs du new space comme SpaceX ont radicalement baissé les prix des lancements, et plutôt que de viser l’orbite géostationnaire, les satellites se concentrent maintenant sur l’orbite basse, bien moins exigeante à atteindre.

Ces derniers jours, le géant européen de l’aérien a donc annoncé la suppression de 2 500 emplois, qui seront constitués de départs à la retraite non remplacés, et de redirections vers d’autres branches du groupe. Chez Thales, l’autre acteur principal des satellites européens, ce sont 1 300 autres emplois qui disparaîtront. Des réductions d’emplois, alors que la branche spatiale et de défense d’Airbus recense 35 000 salariés, dont 7 000 en France, mais qui pourrait aussi constituer « des pertes de compétences », regrettait dans un communiqué le secrétaire général du syndicat CGT Airbus Defense and Space Toulouse, Benoît Thiébault.

L’Europe et Airbus, face aux États-Unis et au new space

L’actualité semble pourtant bonne pour l’aérospatial européen. La fusée Ariane 6 est prête, après son premier vol d’essai, et l’heure est venue à passer à la vitesse supérieure avec le service de géolocalisation Galileo, le GPS européen. Alors, comment se fait-il qu’Airbus ait vu ses bénéfices fondre de moitié au second trimestre, avec des provisions particulièrement élevées chez la branche spatiale (1,5 milliard d’euros), depuis 2023 ? La réponse se découpe en deux parties. La première, Airbus est un acteur européen, face à des acteurs américains plus compétents. La seconde, Airbus est un acteur historique, face à des acteurs plus jeunes et plus dynamiques.

La situation d’ADS rappelle celle de United Launch Alliance, en vente depuis de longs mois et qui n’a toujours pas trouvé de repreneur. Aux États-Unis, il est le second plus gros partenaire de la NASA… après avoir été son plus gros partenaire historique. Face à lui, de nouveaux acteurs plus jeunes et plus compétitifs. Qui savent pivoter rapidement, ou répondre à de nouveaux besoins au plus vite. En Europe, cette question de la rapidité et de l’efficacité questionne quand il en vient à parler de l’industrie spatiale. Celle du financement aussi.

« La base industrielle européenne est trop fragmentée et possède des duplications de compétences qui se traduisent par une perte d’efficacité et des surcoûts », déclarait Pierre Lionnet, directeur de recherche à Eurospace, dans une interview à AFP. Du côté du directeur général de l’ESA Josef Aschbacher, on regrettait que « l’Europe possède beaucoup d’excellence et dans certains domaines a les mêmes capacités que les États-Unis, mais en termes d’accès aux financements, l’écart est de 1 à 6 dans le secteur public », avant d’ajouter que « nous devons rattraper ce retard pour ne pas être écartés du marché ».

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Source : L'Opinion


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