Bien moins médiatisé que les conférences développeurs de Google, Apple, Facebook ou Microsoft, l’événement « Shopify Unite » réunit chaque année des milliers de développeurs et entrepreneurs. Le géant canadien a pris l’habitude d’y dévoiler les futures nouveautés dont bénéficieront les vendeurs qui utilisent sa plateforme pour commercer en ligne. Pandémie de coronavirus oblige, la conférence développeurs a cette année était remplacée par une conférence en streaming.
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À l’heure du Covid-19, Shopify sait qu’il a un rôle à jouer. De plus en plus de commerces entreprennent un virage numérique forcé pour surmonter la crise. Aux États-Unis, Shopify va expérimenter « Balance », sa banque en ligne gratuite pour les entreprises.
Les géants du web à la conquête des banques
« Deux entrepreneurs Shopify sur cinq font leurs dépenses professionnelles sur leur carte personnelle. Ça fait beaucoup de frais. » constate Jean-Michel Lemieux, le CTO de Shopify interrogé par 01net.com. Pour mettre de l’ordre, l’entreprise canadienne a décidé de contourner les banques en mettant à disposition de ses utilisateurs un compte bancaire gratuit (rappelons que vendre sur Shopify nécessite un abonnement mensuel). Sur ce dernier se logera tout l’argent issu de leurs transactions… sans aucune attente. En plus de ce compte virtuel, Shopify proposera gratuitement une carte de débit personnalisable aux entrepreneurs, ils pourront y mettre leur logo de l’entreprise et, comme l’Apple Card, il n’y a aucun chiffre inscrit dessus, ce qui lui confère un aspect plutôt prestigieux. Avec cette dernière, ils pourront effectuer des dépenses en ligne ou en magasin… mais aussi retirer de l’argent. L’offre de Shopify vient vraiment concurrencer celles de banques traditionnelles.
« Les banques sont devenues des institutions financières et ne sont plus des institutions de produits » justifie Jean-Michel Lemieux lorsque nous lui demandons l’origine de cette envie soudaine de concurrencer les banques. Pour lui, il n’est pas étonnant de voir les géants de la Tech se lancer dans le secteur. Il nous explique que la mauvaise expérience utilisateur offerte par les banques a provoqué ce début de révolution.
Rappelons qu’après l’Apple Card en mars 2019, de nombreuses entreprises dont Huawei, Google et Samsung ont annoncé elles aussi préparer leur propre carte de paiement. L’objectif est de renforcer leur écosystème en contrôlant le lien avec leurs clients de bout en bout, sans aucun intermédiaire (ce qui permet bien entendu de supprimer les commissions). Pour Shopify, l’objectif est le même, « sur le long terme, on espère que tous nos entrepreneurs seront dessus ». Jean-Michel Lemieux ne cache d’ailleurs pas les plans de Shopify, quand Balance sera prêt, il deviendra le choix par défaut pour un marchand.
D’ailleurs, comme l’Apple Card, la « Shopify Card » proposera un système de récompenses aux vendeurs. Plutôt que de miser sur du cashback, le Canadien a décidé de faire des remises sur l’expédition ou d’autres frais marketing. Par exemple, Shopify pourra « acheter 500 millions d’annonces à Facebook et les distribuer » aux utilisateurs de Balance. Pour les vendeurs, c’est l’occasion de faire de la publicité à un tarif inaccessible à leur échelle. Pour Shopify, c’est de l’argent reçu directement, sans qu’une banque ne touche quoi que ce soit.
Lancée prochainement aux États-Unis sous la forme d’une bêta, la « néo-banque » Shopify Balance est sans frais et sans minimum d’opérations. Pour en bénéficier en Europe, il faudra attendre quelques mois le temps que l’entreprise canadienne effectue les démarches auprès de l’Union Européenne,. Cette nouvelle offre prouve une nouvelle fois qu’une tempête se prépare dans le monde de la finance et que les créateurs de nos appareils et applications préférés en sont les commanditaires. D’ailleurs, la veille, Facebook annonçait justement son service de vente « Shop »… dont Shopify est un des partenaires privilégiés.
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