Mauvaise journée pour Xavier Niel. Vivendi ayant choisi Numericablepour le rachat de SFR, la brillante stratégie échafaudée avec Martin Bouygues s’écroule comme un château de cartes. Avec une fusion Bouygues-SFR, Free aurait pu récupérer un réseau de 15.000 antennes, ainsi qu’un bon paquet de fréquences 2G/3G/4G, le tout pour 1,8 milliard d’euros. Une somme finalement assez modique compte tenu du fait que Free aurait pu, ainsi, rattraper son retard dans le déploiement des antennes 4G et arrêter plus tôt que prévu son très coûteux contrat d’itinérance avec Orange.
Désormais, si les négociations exclusives entre Vivendi et Numericable aboutissent, Free se retrouvera donc à la case départ. Quelles sont alors les perspectives ? Côté 4G, c’est un peu l’impasse. Le déploiement de Free n’avance que très lentement. Faute de pouvoir accéder aisément à des points hauts, l’opérateur ne dispose à ce jour que de 1.115 supports 4G en service, contre 4.989 pour Orange et 6.029 pour Bouygues. Dans un entretien avec 01netTV, Stéphane Richard avait d’ailleurs pronostiqué que Free n’aurait « jamais de couverture 4G nationale », une déclaration qui sous-entend également qu’Orange ne signera jamais d’accord d’itinérance 4G avec son concurrent.
Une solution – mais purement spéculative – serait de racheter Bouygues Telecom. Bon nombre d’experts estiment que le marché français est globalement trop fragile et qu’une consolidation serait inévitable. Un rachat de Bouygues Telecom par Free n’est pas dans le domaine de l’impossible, d’autant plus que les deux groupes se sont rapprochés récemment dans le cadre de l’opération SFR.
Et si Free rachetait Bouygues Telecom ?
Selon une note de BNP Paribas Research datant de janvier dernier, un tel scénario permettrait à Bouygues même d’optimiser la valorisation de sa filiale télécoms, compte tenu des synergies possibles. Du coup, le chèque à sortir pour Free serait nettement plus important. Les analystes estiment que Bouygues Telecom pourrait valoir jusqu’à 5,5 milliards d’euros dans un tel scénario. Mais une telle fusion serait beaucoup plus compliquée que la « simple » intégration d’un réseau d’antennes. Bouygues Telecom compte près de 10.000 salariés, contre 5.600 chez Free. Au niveau organisationnel, ce serait un véritable Big Bang.
Enfin, tout n’est pas noir dans un monde où Numericable rachète SFR. Selon Xavier Niel lui-même, cela pourrait générer des opportunités commerciales dans la mesure où le nouvel ensemble serait sous forte tension financière. « Si Numericable l’emporte, cela va créer un acteur extrêmement endetté, et qui ne croît pas. Il lui faudra générer un maximum de cash pour servir sa dette, ce qui va enlever toute agressivité commerciale à SFR, comprimer les investissements et nous apporter de nouveaux abonnés », explique le patron de Free dans les colonnes du journal Les Echos.
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