L’heure de SFR est enfin venue. Le Poulidor de la téléphonie mobile s’est décidé à passer la vitesse supérieure et compte sur un autre numéro deux pour y arriver : Neuf Cegetel. Déjà actionnaire du groupe à 40,5 %, SFR va racheter la participation de Louis Dreyfus dans Neuf Cegetel pour en détenir près de 70 %. L’ensemble des parties concernées ont annoncé ce jeudi 20 décembre au matin avoir signé un “ projet d’accord de cession ”.Sous réserve que l’opération soit validée par les autorités de concurrence, SFR devra ensuite, comme la réglementation boursière l’y oblige, lancer une offre publique d’achat sur les titres détenus par le public, soit 21,5 % du capital de Neuf Cegetel (le reste étant détenu par des actionnaires moyens pour 7,5 % et par les salariés, pour 1 %). Ainsi, l’opérateur mobile ne se contentera plus de valider les orientations stratégiques du deuxième FAI français, mais prendra directement les commandes.Et les manettes de Neuf Cegetel valent des milliards. Environ 2,1 milliards d’euros pour récupérer les 29,5 % de Louis Dreyfus, à 34,50 euros l’action, à quoi il faudra ajouter près de 2,3 milliards pour mettre la main sur le capital restant. Neuf Cegetel est ainsi valorisé à plus de 7,7 milliards d’euros, soit le double d’Iliad, la maison-mère de Free. Mais qu’importe, SFR peut se le permettre, d’autant que la société dispose du soutien de ses propres actionnaires, Vivendi (56 %) et Vodafone (44 %).Le contrôle de Neuf Cegetel est de toute façon une des dernières occasions pour SFR de se développer. Le marché de la téléphonie mobile stagne et un quatrième opérateur mobile pourrait bientôt faire son apparition, ce qui a certainement précipité ce rachat. L’éternel numéro deux doit donc trouver au plus vite d’autres relais de croissance. Il a déjà mis l’accélérateur sur l’Internet mobile, avec le lancement de forfaits illimités plutôt attractifs, et s’est lancé dans le haut-débit fixe, avec une offre ADSL née du rachat des activités d’accès de Tele2 (techniquement fournie par le réseau Neuf Cegetel).
Un risque pour les consommateurs ?
Mais l’avenir appartient aux opérateurs “ convergents ”, qui mixent fixe et mobile : “ SFR se bat contre Orange/France Télécom, qui est très convergent. Il a donc tout intérêt à créer des synergies autour d’un opérateur intégré, ce qui lui permettra en plus de réduire les coûts ”, précise Vincent Poulbère, analyste chez Ovum.La convergence, SFR s’y essaie déjà avec des options de téléphonie mobile ou de connexion mobile pour PC (en 3G+) associées à son offre triple play. Mais le réseau, la clientèle et l’expérience de MVNO de Neuf Cegetel lui permettront d’aller plus loin. Et, à défaut de tenir tête au tout puissant France Télécom, de rivaliser avec Free s’il devient le quatrième opérateur mobile. Plus hypothétiquement, une fusion entre Neuf Cegetel et Iliad, récemment évoquée, créerait carrément un monstre des télécoms, capable de se hisser jusqu’à l’opérateur historique.D’ici là, les consommateurs ont-ils à craindre de ce rapprochement étroit entre SFR et Neuf Cegetel ? “ C’est peu probable puisqu’il ne s’agit pas d’un rapprochement entre acteurs du même type. Il y a beaucoup plus de risque d’impact sur les prix avec la concentration des FAI ”, estime Vincent Poulbère. Une concentration notamment due à la gloutonnerie de Neuf Cegetel, et qui n’est toujours pas achevée.
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