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SFR ne produirait plus ses propres bouquets de chaînes ADSL et VoD

L’opérateur veut cesser d’élaborer ses propres offres de TV payante et de vidéo à la demande, pour les confier à un tiers, qui devrait être Canal Plus.

A la guerre comme à la guerre. SFR, contraint de mener un important plan de départs volontaires, a décidé de se désengager largement de la télévision sur ADSL. Précisement, il indique dans le livre II, remis la semaine dernière aux syndicats, qu’il va cesser de produire ses propres bouquets de télévision et sa propre offre de vidéo-à-la-demande (VOD), pour s’appuyer désormais sur un “partenaire”. Le livre II ne précise pas son identité, mais des négociations avancées sont en cours sur ce point avec Canal Plus (société soeur de SFR au sein du groupe Vivendi), même si un accord reste encore à signer.

Selon des sources concordantes, SFR renoncera à élaborer ses propres bouquets de chaînes payantes comme Selection ou Grand Spectacle, qui comptent 300 000 clients. « SFR a jugé que composer ses propres bouquets était peu rentable, et qu’il était plus lucratif de revendre les offres de Canal, qui reverse pour cela de généreuses commissions » indique une source interne.

La chaîne cryptée verse un peu moins de 30 millions d’euros par an à SFR pour la commercialisation de Canal Plus et CanalSat. En revanche, SFR continuera à proposer un bouquet de base gratuit, ainsi que des chaînes payantes à l’unité (BeInSport, OCS…).

A fin 2011, les offres de TV payantes de SFR (bouquets et chaînes à l’unité confondus) comptaient 450 000 clients, pour un chiffre d’affaires de 60 millions d’euros, tandis que l’offre de VOD a rapporté 32 millions.

SFR recevrait de l’argent en échange

Concrètement, les discussions entre SFR et Canal ne portent pas sur un rachat de la clientèle, mais sur un accord purement commercial. En pratique, les abonnés des offres qui seraient arrêtées par SFR, se verraient proposer de s’abonner aux offres de Canal. En échange de cette promotion, la chaîne cryptée versera un chèque à l’opérateur télécoms.

Apparemment, Canal Plus tient à éviter un rachat direct de la clientèle, car une telle opération devrait passer sous les fourches caudines du gendarme de la concurrence. En effet, tout rachat d’une activité dépassant 50 millions d’euros de chiffre d’affaires doit être notifié pour approbation à l’Autorité de la concurrence. Un seuil très probablement dépassé dans ce cas.

Rappelons que Canal Plus a déjà discrètement procédé à une opération similaire avec Free. Ce dernier a arrêté ces derniers mois deux options: Free Home Video (VOD illimitée au forfait, 125 000 abonnés) et le Pack Anniversaire (bouquet de chaînes payantes, 50 000 abonnés).

Dans les deux cas, il a proposé avec insistance aux clients de ces deux options de souscrire aux offres similaires proposées par Canal Plus, qui a ainsi récupéré une bonne partie des clients. En échange de cette promotion, la chaîne cryptée avait généreusement rémunéré le fournisseur d’accès (plus de 10 millions d’euros pour Free Home Video).

Canal +, “fils préféré” de Vivendi

Pour Canal Plus, l’intérêt est évident. La chaîne cryptée va ainsi gonfler sa base d’abonnés à la veille de son introduction en bourse. Elle renforcera aussi son pouvoir de négociation vis-à-vis des chaînes thématiques. Enfin, elle pourrait éventuellement proposer à ces abonnés son propre décodeur, Le Cube, et donc facturer sa location. Et bien sûr, elle a intérêt à sécuriser ce transfert avant que Vivendi ne cède SFR.

En revanche, l’intérêt pour SFR apparaît mitigé. Certes, l’opérateur réduit ainsi ses coûts et ses effectifs, et va toucher un gros chèque, puis des commissions généreuses. Mais, il réduit ainsi ses ambitions dans un secteur -la TV sur ADSL- considéré comme stratégique pour l’avenir. Interrogés, SFR et Canal Plus se sont refusés à tout commentaire.

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Jamal Henni (BFM Business)