À l’annonce du dégroupage de la boucle locale, l’effervescence s’est emparée du secteur des télécoms. Mais quelques mois plus tard, de la quarantaine d’opérateurs en lice à avoir effectué les premiers tests, peu restent sur les rangs. Depuis novembre 2001, date du dégroupage effectif, la concurrence s’est encore réduite. Selon le tableau de bord du dégroupage au 20 février 2002, publié par l’ART, seuls neufs opérateurs ont signé une convention leur permettant d’entrer en phase de commercialisation. Parmi eux, Colt, Firstmark, T-Systems et Easynet.Cinq cents lignes étaient totalement dégroupées en février (contre 500 000 lignes ADSL pour France Télécom). Du service délivré sur ces quelques centaines de lignes dégroupées, les premiers clients semblent satisfaits. “Nous utilisons les services de Colt depuis le 9 janvier 2002. Les quelques mois de recul nous laissent satisfaits, et ce, malgré un problème technique au départ“, confirme Ivan Rung, administrateur réseau de la Mutuelle du Trésor.Pour la majorité des entreprises interviewées, le choix d’un service d’accès à Internet sur ligne dégroupée élimine les mauvaises relations avec France Télécom. Concernant l’opérateur historique, les principaux griefs cités sont le manque de réactivité des équipes commerciales, le coût élevé des prestations proposées et l’absence de garantie sur les débits. “ La relation commerciale nous semblait impos-sible avec France Télécom “, confirme Jean-François Ventayol, gérant de l’agence web Aragorn. “Nous possédions une ligne ADSL chez France Télécom avant de basculer vers les services de Firstmark. Nous subissions alors de nombreuses déconnexions et il était très difficile de joindre le service client“, se rappelle Antoine Lemonnier, webmaster de Sesame, spécialisé dans la veille concurrentielle.Grâce au choix des technologies DSL sur les lignes dégroupées, tous se félicitent des économies réalisées. “Nous disposons pour 230 e ht par mois d’une liaison maximale à 2 Mbit/s symétrique garantie avec l’offre Easynet DSL ProTrafic, avec un nombre d’accès illimité. Moins cher que notre ancien accès par câble (chez Noos) avec un débit inférieur et un nombre d’accès limité“, détaille Rodolphe Grisey, gérant de Demoniak et de Diabolik, deux agences parisiennes de relations publiques et de recherche et création en marque.” J’ai économisé au moins 30 % de mon budget de connexion“, estime, pour sa part, Jean-François Ventayol d’Aragorn, qui dépense 290 e ht par mois pour le service d’entrée de gamme Debiplus de Firstmark. “Nous disposons d’un accès permanent avec un débit minimal garanti de 64 kbit/s. Et souvent nous disposons de débits à 100 kbit/s“, ajoute le gérant. Une augmentation qui peut être due au faible nombre d’utilisateurs du service. “Nous étudierons effectivement sur le long terme les évolutions de la bande passante avec l’arrivée des nouveaux clients “, note Jean-François Ventayol.
Une technologie toute jeune
Si la jeunesse du service peut être un avantage, elle reste cependant source de problèmes. La Mutuelle du Trésor et PhoneValley, société spécialisée dans le SMS professionnel, l’ont constaté. Pour la première, la connexion SDSL, payée chez Colt, était sujette à perturbation. Même si le matériel de routage n’était pas en cause, il a fallu installer de nouveaux routeurs Alcatel, mais ADSL cette fois. Cette technologie étant plus stable et moins sensible aux perturbations que le SDSL ou le SHDSL. “Nous avons été satisfaits de la réactivité de Colt “, note Ivan Rung, qui bénéficie de 300 kbit/s garantis en descendant et en ascendant (débit ascendant maximal en ADSL : 512 kbit/s, d’où la possibilité de garantir les 300 kbit/s en ascendant malgré l’asymétrie du routeur). Une réactivité que n’a pas rencontré PhoneValley. “Notre connexion a été coupée 24 heures“, témoigne Gilles Salsarulo, directeur général de cette entreprise de 25 personnes, utilisatrice des services sur ligne dégroupée de Colt depuis décembre 2001. Et d’ajouter : “Mis à part cet incident et la lenteur de réaction de notre fournisseur, nous sommes satisfaits des gains réalisés et de la qualité de la liaison. “Cette fois, c’est le matériel de routage d’Alcatel qui est en cause. Mais PhoneValley fait ici les frais de la jeunesse de la technologie et de l’inexpérience de l’opérateur pour ce type de service. Selon Rodolphe Grisey, client d’Easynet, le problème est ailleurs : “ Nous sommes équipés à 99 % de Macintosh. Si l’installation a été facile, elle a pris un peu plus de temps que dans d’autres entreprises car le technicien envoyé par l’opérateur était dérouté par notre matériel “.Pour une liaison de la meilleure qualité possible, plusieurs paramètres techniques sont à prendre en compte. Tout d’abord, la distance entre l’entreprise et le central de l’opérateur qui doit être comprise, selon Colt, entre 1,6 et 2,1 km.Ensuite, la section de la paire de cuivre utilisée. Plus elle est importante, plus le risque de perturbation est réduit. Mais aussi l’environnement du câble en cuivre : ainsi, du courant fort (220 V) peut perturber une liaison SDSL. Mieux vaut prévoir une solution de secours en cas de défaillance de la connexion. “Nous gardons nos modems RTC au cas où…“, ajoute Antoine Lemonnier. La voix sur DSL? Certains y pensent, mais attendent les offres commerciales et de les comparer aux tarifs de FT.
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