Responsable du département information-documentation de l’Inpi, Serge Chambaud s’est donné pour mission d’aider les PME françaises à être plus innovantes grâce à l’information scientifique et technique.Décision Informatique.
Les PME sont souvent démunies pour protéger leurs innovations, lutter contre la contrefaçon ou déposer un brevet. Quels outils l’Inpi (Institut national de la propriété
industrielle) met-il à leur disposition ?
Serge Chambaud. L’Inpi a pour objectif premier de recevoir, d’examiner et de délivrer les titres de propriété industrielle. Mais il a aussi pour vocation d’être un diffuseur d’informations destinées aux entrepreneurs. Dans
cette optique, le site Web de l’Inpi est doté d’un moteur permettant de visualiser l’ensemble des brevets déposés en France depuis 1966. Cet outil est particulièrement destiné aux PME qui n’ont ni le temps ni les moyens d’investir dans la recherche
de brevets. La recherche est gratuite pour tout ce qui a été déposé ?” brevets, dessins, modèles et noms de marques ?” depuis deux ans. L’envoi en PDF d’un brevet plus ancien revient à 3 euros l’unité. Des non-spécialistes peuvent-ils utiliser ce moteur de recherche ?
À partir du site de l’Inpi, l’internaute est renvoyé vers notre base de données Plutarque. La question peut être formulée en langage naturel. Rappelons que pour éviter les ambiguïtés, et donc limiter les litiges potentiels, la
description d’un brevet se fait par le biais d’un langage à la fois technique et juridique. Ce qui lui donne un rapport souvent lointain avec le vocabulaire courant. Par exemple, un brevet portant sur un dérailleur de vélo deviendra
‘ système de changement de vitesse à main pour véhicule terrestre à deux roues ‘.
À partir de là, un moteur de recherche adapté doit d’abord ‘ traduire ‘ un vocabulaire commun dans le langage propre aux brevets. Concrètement, la question ‘ filtre
de pot catalytique pour automobile ‘ renvoie sur une liste de résultats commençant notamment par ‘ silencieux ou dispositifs d’échappement… ‘. Le site repose sur les
technologies développées par plusieurs éditeurs et intégrateurs, notamment le moteur sémantique de l’éditeur Lingway. À ce jour, l’indexation de 70 000 termes spécifiques et un réseau de concepts permettent de traduire efficacement les
questions formulées en vocabulaire courant.D’où vient votre intérêt pour l’information technique et scientifique ?
J’ai toujours travaillé dans ce domaine. Après un diplôme d’ingénieur chimiste et une année à l’IAE de Paris, j’ai débuté ma carrière dans les années soixante-dix au bureau d’information national scientifique et technique, une structure
publique rattachée au ministère de la Recherche. Pour me retrouver quelques années plus tard à la bibliothèque de La Villette. Au cours de cette période, j’ai assisté à la disparition de toute une presse papier dédiée à l’information scientifique et
technique. C’est pour combler ce vide que je cherche depuis plusieurs années à développer le rôle de diffuseur d’informations de l’Inpi, particulièrement en direction de ceux qui en ont le plus besoin : les petites entreprises. Quels sont vos chantiers en cours ?
Je travaille beaucoup sur le lancement du projet européene Patent. Ce dernier offrira bientôt un accès aux bases de données de brevets européennes, toujours en langage naturel, que ce soit en français, en anglais, en espagnol ou en
allemand. Plus globalement, je continue à ?”uvrer pour l’essor de l’information technique par l’intermédiaire de l’association GFII (Groupement français de l’industrie de l’information), dont je suis le président. L’association comprend une
centaine de professionnels du secteur ?” éditeurs, diffuseurs, etc. ?”, et organise chaque année le salon i-expo.
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