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Sept femmes qui ont façonné l’Histoire numérique

Le 8 mars et la journée internationale du droit des femmes sont l’occasion de rappeler le rôle majeur de celles qui ont façonné l’informatique. Retour sur cette histoire de femmes et d’ordinateurs en sept portraits capitaux. 

Les premiers ordinateurs étaient des femmes, appelées les « calculatrices humaines ». La NASA employait ces femmes pour calculer les trajectoires des missiles. En 1945, elles étaient 100 à occuper cette fonction. C’était le temps où le monde de l’informatique était un « monde de femmes ».
Dans les années 1960, les femmes représentaient entre 40 et 50 % des effectifs dans les entreprises du secteur informatique. Et en 1978, la moitié des étudiants en sciences de l’informatique étaient de sexe féminin. Les femmes ont joué un rôle prépondérant dans l’histoire du logiciel – encore assez méconnu. Florilège de ces programmeuses qui ont façonné l’informatique moderne.

Ada Lovelace, l’avant-gardiste

Ada Lovelace est une figure majeure de la « préhistoire » informatique. Née en 1815, la comtesse Lovelace, fille du poète anglais Lord Byron, est poussée par sa mère, Annabella Milbanke, à étudier les mathématiques. Douée dans ce domaine, elle fabrique l’ancêtre de l’ordinateur : la machine analytique, avec Charles Babbage.
Dans ses carnets, Ada Lovelace écrit les premières suites de calculs destinées à être exécutées par une machine. Ce qui fait d’elle la première programmeuse du monde. Pionnière de l’informatique, elle a conceptualisé le premier ordinateur un siècle avant son apparition. Ada Lovelace laisse en héritage le langage informatique éponyme développé dans les années 1980 : Ada.

Doodle Google, anniversaire Ada Lovelace.

Hedy Lamarr, l’icône

Hedy Lamarr en chiffres ça donne : trente films, le premier orgasme sur grand écran, six maris, une étoile sur le « Walk of Fame », mille vies et 88 fréquences…
Star à Hollywood, Hedy Lamarr est, avec son compagnon de l’époque, le compositeur George Antheil, à l’origine de la technique de « zapping » radio. Calqué sur le nombre de touches d’un piano, ce système de communications novateur séquence l’information sur plusieurs fréquences entre l’émetteur et le récepteur.
Brevetée en 1941 – mais cédée très vite à l’armée américaine par patriotisme et utilisée vingt après pendant la crise de Cuba – cette invention technologique est à l’origine du Wi-Fi, du GPS ou encore du Bluetooth.

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Joan Clarke, la Bombe

Derrière l’un des premiers ordinateurs, la « Bombe », se cachait Alain Turing. Derrière lui, se cachait Joan Clarke. La cryptologue britannique a participé au décryptage de la machine Enigma, créée en 1919 par Arthur Scherbius, qui a été principalement utilisée par l’Allemagne nazie pour coder ses messages.
Pour décoder le chiffrement du IIIe Reich, l’équipe de Turing a inventé la machine nommée « The Bomb » – d’après les bruits du tic-tac produit pendant les calculs. Ses travaux lui valent d’être décorée par le gouvernement britannique après la guerre. En 2015, Joan Clarke est incarnée à l’écran par Keira Knightley dans le film Imitation Game.

Jean Bartik et les « ENIAC girls »

Pendant la seconde guerre mondiale, l’armée américaine a sélectionné six mathématiciennes pour coder les instructions d’ENIAC (Electronic Numerical Integrator and Computer), le premier ordinateur numérique totalement électronique.
Betty « Jean » Bartik, Betty Holberton, Marlyn Meltzer, Ruth Teitelbaum, Kay Mauchly Antonelli et Frances « Fran » Spence étaient chargées de programmer cette grosse machine de 25 mètres cubes, 30 tonnes et 25 mètres de hauteur. Ces programmatrices d’élite étaient au cœur du projet ENIAC, et pourtant elles ont longtemps été oubliées. Les « ENIAC Girls » accèdent tardivement à la postérité en 2013, lorsqu’un documentaire leur est consacré.
En 1997, Jean Bartik est décorée du prix des « pionniers en Informatique » pour ces contributions à l’avancée de l’informatique.

Archives projet ENIAC.

Grace Hopper, la « reine du logiciel »

La brillante mathématicienne américaine, Grace Hopper a été témoin de la première panne informatique… provoquée par un insecte – « bug » en anglais.
En 1943, engagée dans la marine américaine, Grace Hopper travaille à la confection de l’ordinateur Harvard Mark I, qu’elle est la première à programmer. Alors qu’elle travaille sur la version II, en 1945, elle découvre qu’une panne informatique est due à une mite prise dans un relais.
Très appliquée, Grace Hopper enlève avec soin l’insecte et le dépose dans son journal avec la mention suivante : « First actual case of bug being found », soit littéralement « Premier cas réel de découverte d’insecte ». Cette anecdote a popularisé l’expression : « bug informatique ». Mais c’est surtout pour ses programmes à la pointe que Grace Hopper est surnommée « The queen of software » (1986), notamment le langage COBOL, devenu un standard pour les militaires et entreprises.

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Margaret Hamilton, en orbite

Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour la femme ? Quand le premier homme marchait sur la lune, une femme était aux commandes : Margaret Hamilton.
C’est son code informatique qui a permis le succès de la mission Apollo 13 en 1970 – car elle avait anticipé certaines pannes des composants électroniques et fait en sorte que la commande pour l’alunissage reste fonctionnelle.
Les logiciels étaient alors considérés comme moins importants. L’ingénieure de la NASA raconte : « Quand j’ai commencé à parler d’ «ingénierie logicielle», l’expression faisait souvent sourire. C’était même une blague courante. […] Le développement logiciel a finalement et inévitablement acquis ses lettres de noblesse ». En 2003, elle est décorée par la NASA avec un « Exceptionnal Space Act Award ».

Archives NASA, Margaret Hamilton et les programmes d’Apollo 13 corrigés à la main.

Roberta Williams, la gameuse

En grande aventurière, Roberta Williams a designé Mystery House (1980), le premier jeu d’aventure graphique. Vendu à grande échelle par l’entreprise Sierra On-Line, qu’elle co-fonde avec son époux Ken, une année avant.
Sa « gamographie » est impressionnante. Roberta Williams a créé ou participé à plus de vingt jeux en dix-huit ans. Entre autres, les joueurs lui doivent The Wizard, the Princess, the King’s Quest (du 1 au 8), Time Zone, Black Cauldron ou encore Dark Crystal.
Son travail de design et de scénario représente un tournant dans la conception du jeu d’aventure. En véritable icône du jeu vidéo, elle pose nue dans un jacuzzi pour la couverture de SoftPorn Adventure. « Une de ses grande fiertés », selon le site Ars Technica

Ken et Roberta Williams et le jeu vidéo King’s Quest 1.

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Marion SIMON-RAINAUD