Après la carotte – le Chips Act, le plan massif de subventions sur les semi-conducteurs – le bâton : alors que le secteur avait été jusqu’à présent épargné par Donald Trump, les puces électroniques sont désormais dans le collimateur du président américain. « Les semi-conduceurs (fabriqués à l’étranger, NDLR) devraient être soumis à des droits de douane plus élevés », a déclaré le chef d’État américain mardi 18 février, lors d’une conférence de presse dont Reuters se fait l’écho, ce mercredi 19 février. Depuis son retour à la Maison-Blanche, le milliardaire a brandi, à plusieurs reprises, la menace de droits de douane supplémentaires dans différents secteurs, à l’image de l’acier et de l’aluminium dont les nouvelles taxes devraient s’appliquer d’ici le mois prochain.
Mais jusqu’à mardi dernier, il n’était pas question des semi-conducteurs, ces composants essentiels aux smartphones, aux ordinateurs et même à l’intelligence artificielle – même si le président américain avait critiqué, en janvier dernier, les entreprises américaines qui font fabriquer leurs puces à Taïwan, à savoir : Apple, AMD, Broadcom, Nvidia et Qualcomm.
Mardi, le septuagénaire a d’abord annoncé des nouveaux droits de douane sur les voitures qui avoisineraient les 25 %, et qui seraient annoncés « probablement » le 2 avril prochain. Avant d’ajouter qu’il y aura aussi des augmentations des droits de douane pour les produits pharmaceutiques… et les semi-conducteurs.
Une incitation à venir s’installer aux États-Unis
« Ce sera 25 % et plus, et cela augmentera considérablement au cours de l’année », a-t-il assuré sans donner d’échéance claire. Pour le président américain, il s’agirait d’attirer les fabricants de puces dans le pays. « Lorsqu’ils viennent aux États-Unis et qu’ils y installent leur usine, il n’y a pas de droits de douane », a avancé le locataire de la Maison-Blanche.
Le fait que l’administration américaine cherche depuis plusieurs années à attirer les fabricants de semi-conducteurs dans le pays n’est pas nouveau. Son prédécesseur Joe Biden avait déjà, avec son « Chips Act » en 2022, un plan massif de 52,7 milliards de dollars, incité les industriels à choisir les États-Unis pour leurs futures usines. Et si de nombreux projets d’usines sont en cours dans le pays, comme celui de Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC) en Arizona, les différentes mesures adoptées par l’administration américaine n’ont pas fondamentalement changé le système actuel des puces, lequel repose encore sur une externalisation de la fabrication des semi-conducteurs en Asie.
À lire aussi : Le plan américain de subventions de semi-conducteurs est déjà un pari gagnant
Si les puces sont conçues généralement aux États-Unis, comme chez Nvidia, le leader du secteur, elles sont ensuite fabriquées chez Samsung, SK Hynix (Corée du sud) et surtout chez TSMC, à Taïwan, d’où sortent la majorité des semi-conducteurs aujourd’hui. L’île est d’ailleurs régulièrement accusée par Donald Trump d’avoir « volé l’industrie américaine des puces » – la déclaration est contestée par de nombreux experts.
À lire aussi : Guerre des semi-conducteurs : Joe Biden porte un dernier coup à l’industrie IA chinoise
Une répercussion sur les prix à venir
Interrogés par nos confrères de CNN ce mercredi, ni Nvidia, ni TSMC n’ont souhaité commenter ces déclarations. Ces menaces inciteront-elles les entreprises asiatiques à s’installer ou à davantage se développer aux États-Unis ? Peut-être. Mais en attendant, ces éventuels nouveaux droits de douane, s’ils se confirment, pourraient durement toucher les géants asiatiques des semi-conducteurs, qui devraient à court terme répercuter cette potentielle taxe sur leurs prix. Mais pas seulement.
Les industries américaines, qui achètent ces puces, verraient alors leur coût de production augmenté… ce qui devrait les inciter, elles aussi, à rehausser leur prix. De quoi toucher les consommateurs américains qui devront débourser davantage pour acheter leurs PC, leurs smartphones ou leurs voitures.
Cette répercussion sur les prix est loin d’être hypothétique. Le géant Acer, qui fabrique ses PC en Chine, a été touché par la hausse des droits de douane de 10 % imposée par Donald Trump à Pékin au 1ᵉʳ février. Et le groupe vient justement d’annoncer, dans les pages du Telegraph, que les prix de tous ses produits vendus aux États-Unis augmenteront… de 10 %. De quoi pousser certains experts à prévenir que la guerre commerciale de Donald Trump pourrait, in fine, nuire à l’ensemble de l’économie américaine… ce dont Donald Trump semble, pour l’instant, faire fi.
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.