Voici venu le temps des NAS (Network attached storages). Derrière ce terme se cache un concept de stockage simple. Les personnes connectées au réseau de l’entreprise partagent l’information et les données sans passer par le serveur applicatif. Cette opération s’effectue en s’affranchissant des différents systèmes d’exploitation et des protocoles de partage de fichiers généralement associés.
Network Appliance, champion du gros volume
Cette architecture devrait profiter des faiblesses de normalisation du SAN pour se développer très rapidement. Le GartnerGroup estime que le marché mondial du NAS, évalué à 600 millions de dollars en 1998, atteindra plus de 6 milliards de dollars en 2002. Dataquest, un peu moins optimiste, prévoit qu’il passera de 540 millions, en 1998, à 5,1 milliards de dollars, en 2003. Les prédictions des deux cabinets se rejoignent cependant sur un point : d’ici à trois ans, le SAN, ayant résolu ses soucis de standardisation, devrait prendre l’avantage et devenir alors le modèle prédominant. En attendant, l’architecture NAS est un compromis intéressant pour répondre à des problématiques spécifiques de stockage. Le laboratoire de 01 Réseaux a passé au crible cinq serveurs NAS.Premier constat : il y en a pour tous les budgets. En effet, les prix s’échelonnent de 53 000 F ht, pour le R2 Lan Array, d’Additional Design, dans sa configuration maximale, à près de un million de francs pour le NetApp F760, de Network Appliance, doté de quatre baies de sept disques. Ces produits sont destinés à des utilisations différentes. Nous recommandons le NetApp F760 pour les entreprises ayant un besoin de grande capacité de stockage particulièrement sécurisé. Cet équipement atteint 1,5 To d’espace disque, tout en bénéficiant d’une architecture particulièrement sûre. Le R2 Lan Array représente un excellent compromis entre prix et espace de stockage. Il convient aux structures recherchant une solution économique. Mais, avec seulement 150 Go en ligne, il manque de capacité d’évolution. L’augmentation de l’espace de stockage passera par l’ajout d’un serveur sur le réseau. Cette faiblesse handicapera surtout les administrateurs, chaque nouveau serveur étant vu comme un volume logique supplémentaire. Le serveur d’Additional Design n’a pas l’exclusivité de ce défaut. Il le partage avec le SureStore HD Server 4000, de HP.Le constructeur californien n’a pas résisté aux sirènes du NAS et présente une gamme de quatre modèles. Cette série a rencontré toutefois quelques difficultés du fait de la jeunesse de cette technologie. Outre ses limitations en matière de capacité d’évolution, cet équipement offre, avec ses 108 Go, le plus petit espace de stockage des serveurs NAS testés. HP l’a complété d’un lecteur de sauvegarde DAT en standard. Relativement peu puissant, le SureStore HD Serveur 4000 n’autorise que cinquante accès simultanés. A l’opposé, le PowerVault 720N, de Dell, est destiné aux grandes entreprises et aux petits fournisseurs d’accès à Internet. Il s’agit d’un OEM du NetApp F760, du constructeur spécialisé Network Appliance, entrée de gamme des serveurs NAS proposés par ce dernier. L’équipement est doté de dix emplacements pouvant accueillir des disques Fibre Channel ou SCSI (Small computer system interface) selon le choix de l’utilisateur. La capacité de stockage maximale est obtenue en reliant trois baies entre elles. Elles seront vues, par l’administrateur, comme un seul équipement. Le Raid Gamma star, de Digital Storage, offre également une grande souplesse dans sa configuration disque. Cet équipement étant bâti à partir d’un châssis pouvant accueillir dix disques, l’espace de stockage atteint 1,4 To si l’on chaîne deux serveurs NAS.
Des cartes réseaux qui influent sur la rapidité
Le Raid Gamma star se place en deuxième position en matière de capacité. Mais ses résultats pour la rapidité des disques et de l’interface réseau sont inférieurs à ceux du SureStore HD Server 4000 et du R2 Lan Array. Curieusement, ce dernier n’a donc pas été trop pénalisé par ses disques IDE. Nettement en tête, en matière de rapidité, le PowerVault 720N et le NetApp F760 nous ont réservé une surprise. Bien que moins puissant dans la gamme, le premier s’est montré plus véloce que le second. Les débits atteints avec chacun de ces deux produits sont trois fois plus importants que ceux de leurs trois concurrents. Une performance qui peut être mise au crédit de leurs disques Fibre Channel. Le serveur d’Additional Design, avec ses disques IDE, affiche cependant un comportement singulier. Le débit en sortie monte très vite jusqu’à 3 Mo/s, avant de chuter vers les 2 Mo/s. Si le PowerVault 720 devance légèrement le NetApp F760, il le doit au test réseau. Celui-ci est près de 30 % moins rapide que le produit de Dell.Network Appliance explique cela par la nature de la carte réseau. Peu satisfait des performances de cet adaptateur, le constructeur a changé de fournisseur. Le NetApp F760 fourni à notre laboratoire aurait été doté de l’ancienne carte, tandis que le PowerVault 720N aurait été équipé de la nouvelle. La plus grande différence entre ces deux produits et leurs concurrents se situe au niveau des options de sécurité. Les deux équipements sont certifiés pour assurer une disponibilité de 99,99 %. En outre, le NetApp F760 propose un mode cluster qui ne se retrouve sur aucun des autres modèles testés. Cette option permet de raccorder deux serveurs et d’éliminer le point unique de panne constitué par la carte mère. Network Appliance a développé une carte capable de surveiller l’état du second serveur. Elle récupère les adresses MAC et IP du serveur en panne. Le constructeur utilise les spécificités des disques Fibre Channel, reliés aux deux serveurs, pour accéder aux informations. La sécurité est, néanmoins, au centre des préoccupations de tous les constructeurs de serveurs NAS. Les disques sont échangeables sous tension et les alimentations sont doublées. Dell, HP et Network Appliance proposent même deux prises électriques pour deux sources d’alimentation distinctes.
Les NAS pourraient s’imposer pour des besoins spécifiques
Une attention particulière a été portée aux procédures d’installation et de paramétrage. L’installation est simple et rapide. Il faut d’abord affecter une adresse IP à l’équipement. Cette opération se fait grâce aux panneaux de contrôle, ou avec l’utilitaire Hyper Terminal de Windows pour émuler un terminal asynchrone à raccorder sur le port console. La suite s’effectue via un navigateur Internet. Cette même interface sert aussi à l’administration du serveur. La gestion des utilisateurs est aisée. Les serveurs NAS s’appuient sur l’existant pour l’authentification. L’administrateur peut opter pour l’authentification sur un contrôleur NT de domaine primaire ou sur un serveur workgroup, ou utiliser le pseudo-annuaire interne. Toutefois, les informations remontées et modifiables avec les outils d’administration Web sont parfois succinctes. Il est recommandé d’employer l’interface Hyper Terminal avec les produits de Dell et de Network Appliance. Ainsi dotés, les serveurs NAS complètent avantageusement les serveurs applicatifs. De plus, ils permettent de décorréler l’augmentation de la puissance CPU de l’espace disque. Ces deux paramètres sont souvent liés sur un serveur, alors que le besoin d’espace de stockage augmente plus vite que la puissance du processeur. L’explosion des technologies Internet a encore accéléré ce phénomène. Les entreprises commencent donc à entreposer les fichiers très encombrants sur ces équipements. Le serveur applicatif se concentre ainsi sur son rôle, déléguant le stockage aux serveurs NAS. De quoi leur assurer un bel avenir.
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