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Le secteur du jeu vidéo français se met en grève, après deux ans de galère

Près d’une dizaine de villes sont concernées ce jeudi 13 février en France, sur appel du Syndicat des travailleurs du jeu vidéo (STJV). Ubisoft à Barcelone en Espagne prend aussi part au mouvement. Au centre des revendications salariales, plus de transparence, moins de licenciements et de toxicité au travail.

L’industrie du jeu vidéo française est en grève, ce jeudi 13 février. Sur appel du Syndicat des travailleurs du jeu vidéo (STJV), le mouvement compte se faire entendre pour en finir avec des vagues de licenciements qui a déferlé l’année dernière dans le monde, et qui n’a pas épargné la France.

« Cette grève est symptomatique des nombreux problèmes du secteur d’une manière générale » indiquait à Ouest-France l’enseignant et chercheur à l’Université de Tours, Hovig Ter Minassian, familier du secteur JV. En plus des licenciements donc, les travailleurs ordonnent de meilleures conditions de travail et plus de transparence.

Dans un communiqué, le STJV détaillait ses revendications :

Nous exigeons :

  1. Le maintien des emplois, l’annulation des licenciements et la responsabilisation des décisionnaires qui doivent se sacrifier en priorité quand leur entreprise est en difficulté.
  2. La transparence des entreprises sur leurs finances et santé économique, pour que les travailleur·ses puissent se projeter sur leur futur, et le partage des bénéfices avec elleux.
  3. La prise en compte de la santé au travail et de la vie personnelle, par la réorganisation du travail et la réduction du temps de travail.
  4. La participation directe des travailleur·ses aux prises de décision dans leur entreprise pour éviter les erreurs de leurs directions et contrôler le bon usage des financements, privés et public.

En parallèle aux difficultés économiques des studios, la période serait transitoire. L’industrie serait passée d’un secteur « créatif et artisanal » à « une industrie comme les autres » indiquait l’économiste spécialiste des industries culturelles Julien Pillot à l’Agence France Presse. Les employés espagnols de l’éditeur français Ubisoft, basés à Barcelone, rejoindront aussi le mouvement ce jeudi 13 février.

Dans une vidéo partagée par le STJV, une intervenante sur Le Média déclarait : « Il y a eu une véritable financiarisation du jeu vidéo, une mauvaise gestion et un manque de vision; une des raisons pour lesquelles on fait cette grève est de distribuer les responsabilités au patronat ».

Le syndicat STJV, lancé en 2017, aurait connu une hausse exponentielle de son nombre d’adhérents, représentant une vingtaine de studios français. Ils devraient bientôt dépasser le millier, apprend-on de l’AFP. Pour se faire connaître et dénoncer ce qui cloche, la STJV partageait récemment des témoignages anonymes illustrant une ambiance très toxique. Parmi les principaux problèmes : le sexisme ou encore l’homophobie.

Entre 12 000 et 15 000 travailleurs en France dans le jeu vidéo

Le mouvement de grève de ce jeudi 13 février est une première, pour une industrie entière. Cela dit, au mois de septembre 2024, une première mobilisation se tenait au sein des studios Spiders et Kylotonn, de l’éditeur français Nacon. Plus tard, les employés du studio Don’t Nod appelaient à plusieurs jours de grève pour un plan de licenciement de 69 employés sur les 250 que compte ses bureaux parisiens.

Le virage à 180 degrés du secteur remonte à 2023, en sortant de la crise sanitaire, alors que plus de 6 000 licenciements étaient à signaler au mois d’octobre. Plus tôt, le secteur plébiscitait encore sa croissance. En 2020, le jeu vidéo français représentait un chiffre d’affaires de 3,5 milliards d’euros, et formait le seul secteur culturel en croissance pendant la crise sanitaire (+21 % en 2020).

En 2021, le nombre de studios français atteignait les 700, et le nombre d’entreprises du jeu vidéo les 1200. Parmi les studios en vogue des gros éditeurs internationaux, des noms comme Asobo Studio, Quantic Dream, ou encore Arkane Studio. Aujourd’hui, le secteur emploierait entre 12 000 et 15 000 personnes en France.

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Hadrien Augusto