“Une secrétaire ? Mais que voulez-vous que j’en fasse ! “. Moins de trente ans, un diplôme de grande école en poche, et un PC portable sous le bras, Marc, consultant dans une société de services informatiques se demande bien pourquoi cette profession n’a pas disparu de l’organigramme de son entreprise. “Nous avons une secrétaire pour quarante personnes et c’est plus que suffisant. Tous les cadres répondent au téléphone, mettent en forme leurs documents, et répondent à leurs courriers électroniques. Les secrétaires se contentent de relier les pages des présentations, et passent le reste du temps à surfer sur internet.” Mépris de blanc-bec, ou chronique de la disparition annoncée des assistantes et secrétaires ?Si ces dernières ont parfaitement résisté à la généralisation de l’informatique au travail (elles étaient quelque 530 000 en 1982 contre 840 000 en 1996), leur nombre s’érode depuis l’arrivée des nouvelles technologies de l’information et de la communication dans l’entreprise. En 2001, on ne comptait plus que 730 000 secrétaires et assistantes. Pourtant, selon une étude réalisée par Chronopost cet hiver, alors que 38 % des managers français interrogés estiment que les nouvelles technologies “ rendent moins nécessaires” les secrétaires, ils sont tout de même 50 % à penser qu’elles sont encore plus indispensables qu’avant !
La fin de la bureautique ?
Paradoxe ? “ L’arrivée des messageries électroniques, combinée à la montée en puissance de jeunes générations rodées à l’informatique, a brouillé les cartes : les cadres sont devenus leur propre secrétaire, et l’information n’a plus forcément transité par les assistantes, qui ne filtrent pas toujours les e-mails, analyse Aline Wintenberger, responsable d’une des plus grosses agences spécialisées dans le tertiaire chez Manpower, le géant du travail temporaire. Récemment, les entreprises ont réalisé que les managers passaient trop de temps en tâches subalternes, et que la profusion d’informations électroniques rendait plus pertinente que jamais la présence d’une personne effectuant le tri et l’organisation des données. Par ailleurs, le nomadisme croissant des cadres incite à maintenir un relais relationnel et informationnel stable dans les locaux des différentes entreprises.“Championnes de l’adaptation, la plupart des secrétaires se sont très vite formées aux nouveaux outils, maîtrisant mieux que quiconque au travail les fonctions avancées d’Outlook (logiciel de messagerie) ou encore les recherches sur internet. “J’ai potassé des bouquins techniques pour me former à l’environnement internet, y compris au langage html, explique Nadège Guilbert, 37 ans, assistante de direction pour l’agence web Citycom. Aujourd’hui, je gère l’agenda en réseau des managers, je passe mes commandes bureautiques sur le net, et je mets en ligne sur notre site les annonces de recrutement.“
Wonder Woman au pays des technologies
Certaines assistantes sont même devenues de véritables tutrices en matière de nouvelles technologies : “J’explique à mon patron comment insérer une signature électronique“, s’amuse Sandrine Pairoux, assistante de direction chez Setib, une filiale de France Telecom spécialisée dans les solutions d’e-paiement. Auteur d’un site perso, adepte de la webcam et du PDA, cette “ technophile” invétérée, par ailleurs présidente française de l’Euma, une association européenne d’assistantes, veut élargir son champ d’intervention, et se rêve force d’innovation. Elle a récemment proposé aux commerciaux de son entreprise de mettre en réseau leurs contrats et propositions commerciales, “pour créer une base de connaissances commune“, et elle a pris l’initiative de faire de la veille technologique sur internet pour son PDG. “ Les secrétaires qui maîtrisent les nouvelles technologies gagnent un temps considérable, explique Dorothée Bazin, responsable de DB Secrétariat Conseil, un cabinet spécialisé dans l’accompagnement de la fonction secrétariat. Soit elles ne savent pas utiliser ce temps “libre” et elles apparaîtront bientôt inutiles aux directeurs des ressources humaines. Soit elles s’en servent pour apporter de la valeur ajoutée à l’entreprise, et elles seront non seulement indispensables, mais aussi capables de faire évoluer leur fonction en qualité“. Les cartes sont donc entre leurs mains…
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