S’il y a bien un qualificatif que Scott Mc Nealy n’accepte pas, c’est celui d’effronté. Et pourtant, toute l’histoire de Sun et une partie de sa stratégie reposent sur les coups de colère de son mythique fondateur. Pour Scott Mc Nealy, il y a les ennemis et les partenaires. Pour les premiers, ce sont des petites phrases assassines, limite blagues de potaches. Pour les seconds, c’est une énorme considération et une implication de tous les moments.“Lorsque je prendrai ma retraite, vous les journalistes, vous allez vraiment me regretter”, plaisantait encore dernièrement le patron de Sun. Chacune de ses conférences de presse peut en effet se comparer à un night-show américain. Avec un animateur, véritable star de l’émission, distribuant ses bonnes blagues à ses invités. Lorsqu’on lui demande ce qu’il pense de la stratégie DotNet de Microsoft, Scott Mc Nealy répond “dotnot ?”. Parlez-lui de Regatta ?”les serveurs Unix d’IBM?”, il vous répond “Regretta”. Interrogez-le sur Windows 95, il vous explique : “Windows 95, c’est un truc qu’on donne à un adolescent pour l’empêcher de traîner dans la rue et de se droguer”.Sa dernière provocation ? Une publicité montrant le paradis de l’administration de serveurs, un paradis où tout est facile, où les bugs n’existent pas : pendant que le Saint en charge des serveurs fait une visite guidée à un nouveau venu, un binoclard ressemblant étrangement à Bill Gates essaye d’y rentrer. “Vous n’avez rien à faire ici”, lui lance le Saint en l’expulsant d’un revers de mains… fous rires dans la salle. Et les attaques de Scott Mc Nealy envers ses concurrents n’en restent pas au simple stade de la plaisanterie : Sun amène ses différends devant la justice. De 1997 à 2002, la firme de Palo Alto n’a cessé d’attaquer Microsoft, à un point tel que Mike Morris, auparavant en charge des affaires juridiques, a été récemment nommé conseiller spécial en charge des problèmes juridiques entre Microsoft et Sun.
Un fan de hockey et de contacts
“Sun est devenu l’Apple du marché serveurs”, analysait récemment Michael Dell. Et, à bientôt 48 ans, Scott Mc Nealy ne semble pas prêt à reconsidérer le positionnement atypique qu’il a donné à sa société. Car son profil à lui aussi est atypique dans l’industrie. Avec Bill Gates et Steve Jobs, il reste l’un des derniers grands patrons de l’informatique à avoir fondé sa société. Mais, contrairement à eux, il n’avait pas le virus de l’informatique puisque, lorsqu’il a participé à la création de Sun à Stanford, il étudiait le marketing et le business management. Ses camarades co-fondateurs de la société étaient, eux, férus de sciences. “L’image de Scott Mc Nealy a l’extérieur de la société est sûrement celle d’un gourou passionné qui semble uniquement s’intéresser à sa bataille contre Microsoft et à sa vision de l’informatique moderne. Mais en interne, il veille à tous les aspects financiers, il est très strict, confie une vice-présidente. La vie n’est pas un long fleuve tranquille chez Sun car Scott a toujours un point de vue sur tout et toutes nos options stratégiques sont souvent prises après des discussions qui pourraient être interprétées comme des confrontations à l’extérieur ; mais c’est comme cela que nous fonctionnons”. Rien d’étonnant alors que le sport préféré du mythique PDG soit le hockey.Mais aujourd’hui, le vrai match de Mc Nealy se joue sur le terrain des parts de marché. C’est le principal enseignement de son père, William Mc Nealy, ex-vice-président d’American Motors, une société qui a été marginalisée faute d’avoir su conserver ses parts de marché lorsquil en était encore temps…
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