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Scor, le nouvel apôtre du zéro papier

Le Français automatise peu à peu la gestion des comptes de réassurance. Mais ce qui marche outre-Atlantique ne séduit pas encore les assureurs de l’Hexagone.

Si les compagnies d’assurance françaises développent facilement l’échange électronique de données en interne ou vers leurs clients externes (les garagistes, les experts, etc.), elles rechignent curieusement à automatiser leurs liens avec leurs réassureurs et/ou avec les grands courtiers de la place. “Depuis 15 ans, nous essayons pourtant de convaincre tous les acteurs de la profession de l’intérêt que représente la dématérialisation de tous flux d’information”, regrette Régis Delayat, directeur des systèmes d’information du réassureur Scor, leader français et numéro 8 mondial du secteur. Sans grand succès, alors que, techniquement tous les outils existent aujourd’hui sous une forme standardisée, que ce soit pour la déclaration des sinistres, le règlement ou les bordereaux de prime. Pendant ce temps, des tonnes de papier continuent à circuler entre les assureurs, les courtiers et les réassureurs.Sans doute parce que les intérêts des uns et des autres ne convergent pas : dans cette relation triangulaire, le réassureur ou le courtier sont ceux qui, le plus souvent, ont intérêt à voir l’information dématérialisée. Résultat : les réassureurs doivent souvent mobiliser jusqu’à 10 % de leur personnel administratif pour enregistrer des données qui existent pourtant déjà sous forme électronique. Dépense inutile… Mais les assureurs et les courtiers y trouveraient aussi leur intérêt, d’abord parce que les erreurs dues à une nouvelle saisie disparaîtraient. Et puis, quand un sinistre survient, l’échange électronique des données entre le réassureur et l’assureur permet à ce dernier d’accélérer le règlement du sinistre auprès de son client.

La peur des fuites

Reste que certains craignent encore que les niveaux de sécurité ne soient pas suffisants lors des échanges électroniques de fichiers. “Entre assureurs et réassureurs s’établissent des contrats dont les termes doivent impérativement rester confidentiels, explique un réassureur. Si le secret n’est pas maintenu parce qu’un fichier aboutit sur une messagerie inadéquate, la responsabilité civile du “coupable” peut être engagée.”Que faire dans ces conditions ? Rassurer les assureurs ! Expliquer sans relâche, essayer de convaincre… et avancer. C’est du moins la stratégie de Scor. Ce dernier a franchi un seuil important au début de l’été, faisant en sorte que 6 000 comptes de réassurance ?” qui représentent une bonne partie des affaires traitées par Scor aux États-Unis ?” soient traités en gestion automatisée. Grâce à Omega, un système global d’information et de gestion déployé dans toutes ses implantations (le groupe est présent dans 31 pays), Scor a complètement intégré la réception de messages électroniques standardisés pour les comptes techniques de réassurance et les paiements. Après les États-Unis et le Canada, réputés très ouverts aux nouvelles technologies, Scor s’attache maintenant à convaincre ses clients en France.

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Michel Gassée