Passer au contenu

Scission d’Instagram, acquisition de Snapchat : les premières révélations du procès de Meta

Mark Zuckerberg espérait probablement que sa proximité toute neuve avec Donald Trump allait lui épargner le procès intenté contre Meta par la FTC, le régulateur américain des communications. Peine perdue ! Le procès s’est lancé en début de semaine, et le fondateur et CEO du groupe est à la barre. Un témoignage rempli de surprises.

Depuis lundi, Meta doit se défendre des accusations de la FTC qui réclame un démantèlement du géant des réseaux sociaux. L’enquête du régulateur, qui a commencé en 2020, à la toute fin du premier mandat de Donald Trump, a déterminé que Meta acquiert des petites entreprises pour étouffer la concurrence — comme Instagram (2012) et WhatsApp (2014). Une stratégie délibérée pour « éliminer les menaces sur son monopole », affirme la plainte du gouvernement.

6 milliards pour Snapchat

L’enjeu du procès est de taille. La FTC réclame la cession d’Instagram et de WhatsApp afin de créer des concurrents indépendants à Facebook. La commission aux communications exige également de Meta le partage gratuit de certaines technologies, le gel temporaire du développement de produits et services concurrents, ainsi qu’une compatibilité technique avec les deux plateformes.

Mark Zuckerberg avait espéré arracher un accord à l’amiable avant le procès, en cultivant sa relation avec Donald Trump et en embrassant bruyamment la doctrine du nouveau locataire de la Maison Blanche. Un retour sur investissement nul, puisque le procès s’est bel et bien ouvert. Fin mars, Zuckerberg avait finalement proposé de régler le problème en payant 450 millions de dollars à la FTC — très très loin des 30 milliards (!) demandés par le régulateur.

Depuis hier, le patron de Meta est à la barre pour répondre aux questions de la FTC. Parmi les révélations du témoignage, on trouve la confirmation que Meta (qui s’appelait encore Facebook à l’époque) avait bien proposé de racheter Snapchat, non pas contre un chèque de 3 milliards de dollars comme la rumeur l’avait annoncé, mais le double. C’était en octobre 2013, deux ans après le lancement de l’app d’Evan Spiegel.

Selon Zuckerberg, Snapchat « ne se développait pas autant qu’il le pouvait » et il pensait pouvoir améliorer la performance du réseau social. « Pour ce que ça vaut, je pense que si nous les avions rachetés, nous aurions accéléré leur croissance, mais ce n’est que de la spéculation », a-il déclaré. Snapchat « était et reste un concurrent de poids ». Cette tentative d’acquisition conforte la position de la FTC, qui estime que Meta cherche à maintenir sa position dominante en rachetant les rivaux. L’entreprise a fini par cloner les principales fonctions de Snapchat.

Le boulet Facebook

La séparation avec Instagram a pourtant été sérieusement envisagée par Mark Zuckerberg en 2018. Il craignait que la popularité de l’app nuise à Facebook, via la prolifération des liens Instagram dans le fil d’actualité, sans véritable contrepartie pour Facebook. Pour résoudre ce casse-tête, le CEO réfléchissait donc à une possible scission qui résoudrait les problèmes de coordination entre les deux plateformes, ce qu’il appelait un « impôt stratégique » (strategy tax).

Au bout du compte, décision a été prise d’augmenter l’affichage publicitaire sur Instagram pour rééquilibrer les revenus et de réduire les promotions croisées entre les deux réseaux sociaux pour ne plus rediriger autant d’utilisateurs vers Instagram. Cette révélation appuie là aussi la thèse de la FTC.

Autre révélation. En 2022, le CEO de Meta a une « idée folle » pour relancer Facebook, en voie de ringardisation face à la montée en puissance de TikTok : repartir de zéro. Plus précisément, « réinitialiser les graphes d’amis de tout le monde », autrement dit les connexions d’amitié entre utilisateurs, « et leur faire recommencer depuis le début ».

En interne, l’idée ne fait guère recette. Tom Alison, responsable de Facebook, a rappelé à son boss que le concept d’« amis » était central non seulement pour le réseau social, mais aussi pour Instagram. Mark Zuckerberg a expliqué durant son témoignage que tout ce qui était « amis » sur Facebook avait « beaucoup diminué » : « Le fil d’actualité est devenu un espace de découverte et de divertissement beaucoup plus large ».

Le procès se poursuit jusqu’à début juillet. Si Meta est jugé coupable, un second procès sera nécessaire pour déterminer les sanctions.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.