Le probable rachat de Beats par Apple laisse le petit monde de la high-tech perplexe. Selon les médias américains, la firme de Cupertino devrait débourser 3,2 milliards de dollars pour mettre la main sur le fabricant de casques audio. Il s’agirait alors de la plus importante acquisition de la société, loin devant les 400 millions de dollars dépensés en 1996 par racheter NeXT, la société de Steve Jobs.
« Cela ne fait aucun sens », réagit par exemple John Gruber, l’un des influents « fanboys » de la pomme. « Rien chez Beats ne ressemble à Apple, ni la marque, ni le hardware » poursuit-il sur son blog. Ce scepticisme est largement partagé. Gene Munster, analyste de Piper Jaffray et éternel défenseur d’Apple, estime que c’est « une mauvaise idée » dont il « du mal à saisir la logique ». James McQuivey, du cabinet Forrester, juge ce rachat « déconcertant ».
« L’ensemble de l’écosystème high-tech s’est lancé à l’assaut du ‘cloud-everything’ et Apple achète une société hardware ? », s’interroge Chamath Palihapitiya, du fonds de capital-risque The Social+Capital Partnership. « Apple ferait mieux d’utiliser ses capitaux pour acquérir des services web, compte tenu qu’il s’agit de sa principale faiblesse, renchérit Gene Munster. Cette liste inclurait Yelp, Twitter, Square et même Yahoo ».
« De mauvais casques audio et un service de musique de pacotille »
« Google dépense 3,2 milliards de dollars pour acheter le futur et des données », ajoute Om Malik, fondateur du site GigaOM, en référence au rachat des thermostats Nest par le moteur de recherche. Pour la même somme, « Apple achète de mauvais casques audio et un service de streaming de pacotille. Ils ne pouvaient utiliser plus mal l’argent de la société ».
« Si Apple veut vendre des onéreux casques haut de gamme, ils n’ont pas besoin de dépenser 3 milliards de dollars, estime John Gruber. Le service de streaming de Beats est intéressant mais Apple ne peut-il pas construire son propre service, comme une expansion d’iTunes et d’iTunes Radio ? Et ce n’est pas comme si Beats Music était populaire ».
Selon le site Recode, le service de streaming ne compterait en effet que 200.000 abonnés, l’essentiel grâce à un partenariat avec l’opérateur américain AT&T. A titre de comparaison, Spotify revendique plus de 6 millions d’abonnés payants. Et le français Deezer 5 millions. Autre problème: Apple n’a même pas acquis les accords de diffusion négociés par Beats avec les maisons de disques. Ils ne sont pas transférables. Le groupe devra donc retourner à la table des négociations.
« Normalement, les importantes acquisitions stratégiques se justifient par le rachat de que quelque chose que vous ne possédez pas: une nouvelle technologie prometteuse, une large base de clients ou un ticket d’entrée dans une industrie désirable », explique James McQuivey. « Rien de cela s’applique à Beats ». Mais « Apple n’est pas stupide », poursuit l’analyste, spéculant sur le fait que le groupe à la pomme dispose de plans cachés.
Surtout, 3,2 milliards de dollars est un montant dérisoire pour Apple, dont la trésorerie s’élève à 190 milliards de dollars. Même en cas d’échec retentissant, l’acquisition de Beats n’aura donc… aucun impact.
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.
