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Scanners corporels : la Cnil veut limiter les abus

L’aéroport de Roissy commence à expérimenter un portail à ondes millimétriques permettant de détecter les objets dissimulés sur les personnes.

Au rayon sécurité, c’est la nouveauté de la semaine : l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle expérimente à partir de ce lundi 22 février 2010 un scanner corporel.  Cet appareil, utilisé pour les passagers à destination des Etats-Unis, permet de détecter tout accessoire plus ou moins dissimulé sur les passagers, sous leurs habits, sur la peau, et ce sans avoir à procéder aux habituelles palpations.

L'image rendue par le scanner holographique
L’image rendue par le scanner holographique – L’image rendue par le scanner holographique

Plus exactement, ce scanner est un « portail à ondes millimétriques ». La personne contrôlée passe dans ce portail et s’immobilise. Le corps est alors parcouru par des ondes radio millimétriques qui traversent les vêtements, sont réfléchies par la peau et génèrent la création, sur l’écran d’ordinateur du contrôleur, d’une représentation virtuelle du corps en 3D. L’appareil restitue donc des volumes et des formes, mais il ne s’agit pas d’un scanner à rayon X, ni d’une technique photographique.

L'image du scanner schématique
L’image du scanner schématique – L’image du scanner schématique

Ce type de scanner permet néanmoins de visualiser tout ce que porte la personne, qu’il s’agisse d’objets métalliques ou non, d’armes, de liquides. L’appareil n’identifie pas forcément un objet comme étant une arme mais il sert au moins à alerter le contrôleur sur sa présence. Si ce contrôleur a des doutes sur la nature de l’objet, la personne peut être fouillée. Le scanner corporel ne remplace donc pas totalement les palpations et ne fait pas tout.

L’aéroport teste le dispositif pour une péridoe de trois mois. En fait, il a mis en place deux systèmes distincts (voir ci-contre) et étudie les avantages et inconvénients respectifs. Le premier scanner envoie sur l’écran du contrôleur une image schématique du corps; le deuxième fournit un image holographique plus détaillée. Dans les deux cas, le visage est flouté, indique un communiqué de la Direction générale de l’aviation civile.

Une expérimentation autorisée pour trois ans

Car ce genre de matériel pose des problèmes de respect de la vie privée et de l’intimité, et la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) a déjà émis ses recommandations. Le 8 février dernier, elle rappelait une liste de principes à respecter.

D’abord, que les scanners ne fournissent pas une image réelle des corps, mais une représentation, ce qui est apparemment le cas avec les ondes millimétriques. Ensuite, qu’il ne soit pas possible d’identifier les personnes lors de leur passage dans l’appareil ; les contrôleurs ne doivent pas les voir entrer et sortir mais avoir seulement accès à l’image sur leur écran d’ordinateur. La Cnil demande également une conservation à durée limitée des images et s’oppose au recoupement avec d’autres fichiers de données.

Contactée par 01net., la Commission explique que le dossier sur le système mis en place à Roissy est en cours d’instruction, mais ne s’exprime pas plus sur le sujet. Il faut dire qu’un certain flou plane sur ce projet : en théorie, c’est la loi de sécurité intérieure, la Loppsi, qui autorise une expérimentation de ces systèmes sur trois ans à partir de l’entrée en vigueur du texte. Or, la Loppsi est loin d’être définitivement adoptée, elle n’a été votée que par l’Assemblée nationale en première lecture, avant d’être examinée par le Sénat…

(Article mis à jour le 23 février 2010)

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Arnaud Devillard