Philippe Ory, responsable marketing Europe DLT, Quantum :“Nous sommes en mesure de garantir à notre base installée une migration en douceur”01 Réseaux : La technologie SuperDLT est une rupture pour ce format de bande. Quelles sont ses principales améliorations ? Philippe Ory : Le SuperDLT, s’il fait effectivement appel à de nouvelles technologies, est loin de représenter une rupture complète. Nous avons conservé de nombreux aspects de l’architecture DLT classique, comme le concept général du lecteur, le format 8 pouces monobobine, les dimensions physiques du lecteur, ainsi que celles de la cartouche. En outre, de nombreuses nouveautés résultent des remarques faites par nos utilisateurs. C’est le cas du nouveau système de chargement de bande, du renforcement mécanique de la cartouche ou du diagnostic à distance par transmission infrarouge. Les nouvelles technologies mises en ?”uvre, tels le guidage optique, l’emploi de têtes magnétorésistives ou l’encodage PRML (Partial response maximum likehood), nous permettent de repousser très loin les limites de l’architecture DLT.01 R. : Quels sont ses atouts face aux formats concurrents et plus particulièrement par rapport à LTO ? P. 0. : Nous garantissons à notre base installée, composée de 1,5 million de lecteurs et de 45 millions de cartouches DLT, une migration en douceur et une évolution courant sur au moins quatre générations de produits. Nous venons d’annoncer la première génération de produits SuperDLT, soit trois lecteurs de 160 Go-16 Mo/s, 220 Go-22 Mo/s et 220 Go-32 Mo/s (avec une compression de 2:1).01 R. : Avez-vous mis en place une stratégie pour récupérer les données formatées avec les standards DLT ? P. 0. : L’utilisateur d’un format DLT doit avoir l’assurance que ses cartouches pourront être relues par les générations DLT suivantes. Ainsi, un utilisateur DLT 260, introduit en 1989, peut encore relire ses cartouches 2,6 Go sur le DLT 7000 actuel ! Aucune autre technologie de bande n’offre une telle continuité. Nous déclinerons cette stratégie à travers les générations successives de lecteurs SuperDLT. Les trois formats DLT les plus récents et les plus répandus – le DLT 4000 (1995), le DLT 7000 (1997) et le DLT 8000 (1999) – seront relus tels quels par les premiers lecteurs SuperDLT. Les formats plus anciens pourront être relus par le modèle DLT 8000, qui constitue leur évolution naturelle. Une fois équipés de ce lecteur, les utilisateurs seront en mesure d’en exploiter le format et, plus tard, de passer au SuperDLT.01 R : Comment imposerez-vous cette technologie, alors que vous devez lutter contre le consortium HP, IBM et Seagate ? P. 0. : Les utilisateurs choisiront. LTO Ultrium n’offre aucune rétrocompatibilité avec quelque format que ce soit, ce qui forcera tous leurs clients à passer par un douloureux processus de migration. Le segment visé par LTO est le serveur de milieu et de haut de gamme, et il est occupé par le DLT, sous la forme de lecteurs ou de bandothèques. Le consortium LTO a choisi de l’ignorer, en prônant les vertus de la nouveauté et en faisant table rase du passé. Mais, comme les produits LTO annoncés ne semblent procurer aucun avantage majeur sur le SuperDLT, qui, lui, offre la compatibilité avec l’existant, les utilisateurs DLT trouveront une continuité naturelle avec celui-ci. Pour les utilisateurs non DLT, le choix sera plus ouvert. Toutefois, les qualités techniques intrinsèques de l’architecture SuperDLT restent nos meilleurs atouts.
Tony Rush, responsable marketing international pour les technologies de bande, HP :“Notre consortium a axé sa stratégie sur la fiabilité des supports magnétiques”01 Réseaux : La technologie LTO est un nouveau format de bande. Quelles sont ses nouveautés et ses atouts face au SuperDLT ? Tony Rush : Pour définir ce nouveau format, le consortium composé de HP, d’IBM et de Seagate a axé sa stratégie sur la fiabilité des supports magnétiques. Plutôt que de définir une nouvelle technique de servo, le consortium LTO en a adopté une, très répandue et qui a fait ses preuves. De même, le format Ultrium, au lieu d’utiliser une technique d’encodage complexe (PRML), s’appuie sur une technologie d’encodage très fiable de type RLL (Run length limited). Enfin, dès la conception, le format Ultrium a été pensé pour pouvoir être présent dans les robots ou les bibliothèques. Le format physique des cartouches et la présence d’une mémoire non volatile dans toutes les cartouches sont deux autres illustrations du choix en faveur de la fiabilité.01 R : Les deux standards proposés par cette technologie ne sont pas compatibles. N’est-ce pas un handicap, spécialement pour les bibliothèques ? T. R. : Le programme LTO a développé deux formats : Ultrium, pour la sauvegarde de masse ; et Accelis, pour l’accès rapide aux données. Ces deux formats ciblent des marchés très différents. Lors de la définition des normes, nous ne devions pas faire de compromis. Il fallait aboutir à ce qui se faisait de mieux dans chacune des deux catégories. Toutefois, les efforts des constructeurs se sont surtout concentrés sur le format Ultrium.01 R : LTO Ultrium est une rupture complète avec les autres formats de bande existants. Est-il néanmoins compatible avec ces formats de bande ? T. R. : Le format Ultrium n’est compatible avec aucun des formats de bande existants. Nous n’avons d’ailleurs rien prévu pour l’assurer. Et, cette fonction, si elle avait été développée, aurait complexifié les cartouches, les aurait rendues moins fiables et plus chères. Nous pensons que les formats existants ne peuvent pas faire face à l’accroissement de la densité de stockage sans perdre une partie de leur fiabilité. Pour répondre à cette demande, il faut accepter des formats de cartouche non compatibles avec ceux existants. Toutefois, nous sommes persuadés que les avantages de LTO Ultrium sont supérieurs à ses inconvénients. De plus, les premiers contacts avec nos clients montrent qu’ils sont prêts à migrer leurs données. Ils ont déjà mis sur pied des plans à cette fin.01 R : Comment comptez-vous parvenir à imposer LTO Ultrium sur le marché ? T. R. : Le format Ultrium affiche une capacité de stockage de 200 Go. Des produits de haute performance, avec un taux de transfert comprimé compris entre 30 et 32 Mbit/s, ont déjà été annoncés par HP, IBM et Seagate. HP, pour sa part, a aussi prévu de commercialiser un produit dédié d’entrée de gamme. Plusieurs constructeurs spécialisés ont annoncé des bibliothèques ou des robots compatibles avec ce format. Concernant la stratégie, je ne peux pas m’exprimer au nom du consortium. Néanmoins, l’adoption de cette technologie par nos partenaires OEM constitue la base du succès. A ce jour, quatre constructeurs (Fujitsu, HP, IBM et Seagate) se sont engagés pour produire des lecteurs. Huit autres (Emtec, Fujitsu, Imation, Maxell, Quantergy, Sony, TDK et Verbatim) ont pris une licence pour produire des cartouches.
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