En vue de sa chute particulièrement lente, les avis étaient unanimes : il ne pouvait s’agir d’un météore. Hier soir, aux alentours de 21 h 30 dans le ciel du nord de la France, de la Belgique, du Luxembourg, de la Suisse et de l’Allemagne, un satellite a illuminé le ciel en formant une très longue trainée, en suivant une trajectoire vers le sud-est. Il s’agissait du Starlink-2382, un astre envoyé en orbite le 11 mars 2021 et qui faisait partie de ceux actuellement en panne, dérivant autour de la Terre en perdant petit à petit de l’altitude.
La rentrée atmosphérique du #satellite Starlink-2382, souvent confondue avec une #météorite, a été vue hier soir sur le nord de la France, l’Alsace et la Suisse.😍#starlink2382 #Starlinkpic.twitter.com/tFtgZDsz7X
— Sabine Grataloup (@sabine_38) August 28, 2024
Grâce à des données recensées par le site Orbit Ing-Now, nous avons désormais accès à un graphique recensant l’altitude du satellite sur ces dernières semaines. Envoyé aux alentours de 500 kilomètres, l’appareil a perdu de la hauteur et passé ses dernières semaines depuis la mi-juillet entre 350 et 300 kilomètres. Sous cette altitude, ses premières frictions avec l’atmosphère l’ont particulièrement freiné et expliquent la chute soudaine observée à la nuit dernière. C’est à ce moment que ses modules se sont désintégrés.
Starlink-2382 reentered at 1929 UTC Aug 27 over France, Switzerland and N Italy; also seen from Germany pic.twitter.com/fTfS3jBkXD
— Jonathan McDowell (@planet4589) August 27, 2024
Entrée dans l’atmosphère à 28 000 km/h
Évidemment, ces mouvements de satellites sont particulièrement suivis et les prévisions s’accordaient bien autour d’une entrée dans l’atmosphère ce mardi 27 août. Starlink-2382 s’est seulement désintégré avec 3 minutes de retard, partageait le compte X Xplora. S’il paraissait plus lent qu’un météore, cela s’expliquerait facilement : sa vitesse n’aurait été que de 8 kilomètres par seconde, soit 28 000 km/h. Généralement, les météores arrivent à une vitesse entre 11,2 et 72 km/s.
À force de conquérir l’orbite basse, les satellites Starlink ont fini par devenir majoritaires. Sur les plus de 10 000 astres qui gravitent actuellement en orbite, plus de 6 000 sont issus du service d’Internet par satellite Starlink. Les lancements sont de plus en plus fréquents, et alors que SpaceX prévoyait de lancer la mission habitée Polaris Dawn lundi dernier, deux autres lancements Starlink étaient prévus dans la même heure, sur le même pas de tir. L’objectif de Starlink est d’atteindre 12 000 appareils en activité.
Ci-dessous, le lancement en question de la mission SpaceX du 11 mars 2021, avec à bord 60 satellites dont Starlink-2382.
La durée de vie des satellites Starlink
Les épisodes comme celui d’hier soir au-dessus de la France risquent de se présenter fréquemment alors que la durée de vie des satellites Starlink n’est que de cinq ans. L’entreprise SpaceX travaille sur de nouvelles générations avec une meilleure longévité, mais nous connaitrons ces prochaines années le retour de nombreux appareils de la première génération.
Évidemment, après avoir épuisé toute leur énergie, les satellites ne foncent pas directement vers la Terre ; la phase de dérive prend parfois des années.
Il faudra aussi compter les ratés. Chez SpaceX, ils ne sont pas fréquents. Cela dit, nous pouvons en compter un, qui s’est passé début juillet. Sur un lancement d’une cargaison de 20 nouveaux satellites, la fusée Falcon 9 n’a pas réussi à dessiner une trajectoire suffisamment élevée, à cause du moteur du second étage. Les satellites ont été déployés, mais trop bas face à l’altitude de 550 kilomètres qu’ils devaient initialement emprunter.
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