L’éditeur allemand SAP veut faire ce que beaucoup d’entreprises n’osent même pas imaginer : embaucher des autistes au sein de leurs équipes. Le géant des progiciels de gestion vient en effet d’annoncer un plan de recrutement d’environ 650 personnes souffrantes d’autisme d’ici à 2020, soit environ 1 % de de son effectif global. Ce chiffre n’est pas pris au hasard, car « on estime qu’environ 1 % de la population mondiale est atteinte d’autisme », peut-on lire dans un communiqué de l’éditeur.
Que vont faire ces autistes chez SAP ? Travailler comme « testeurs de logiciels, programmeurs logiciels et spécialistes de l’assurance de qualité de données », indique l’entreprise, qui compte s’appuyer sur les « talents uniques » de ces personnes. Des projets pilotes ont été menés en Inde et en Irlande, avec l’aide de la société danoise Spezialisterne, spécialisée dans l’emploi d’autistes principalement dans des métiers technologiques.
Mémoire photographique
En Inde, six personnes atteintes d’autisme ont ainsi pu être recrutées. Elles travaillent dans le test de logiciels de sa gamme d’applications de gestion pour les entreprises SAP Business Suite. Selon le témoignage de VR Ferose, directeur général de SAP Labs India, ces salariés peuvent être « trois fois plus performants » que les autres. Il a par exemple confié à l’un d’entre eux un test logiciel long d’une cinquantaine d’étapes, avec à la clé une vingtaine de paramètres à vérifier. Ce qui est assez fastidieux : si on loupe une étape, tout le test est à refaire. Doté d’une mémoire photographique, le salarié autiste en question a été non seulement plus rapide, mais aussi plus méticuleux. « Les ingénieurs classiques ont un taux de réussite de 80 %, alors que ceux atteints d’autisme ont fini le test à tous les coups », explique le directeur général, qui souligne la grande aptitude des personnes autistes à pouvoir effectuer des tâches répétitives.
Cinq postes pour salariés autistes sont en train d’être pourvus en Irlande. En 2013, le recrutement sera étendu aux Etats-Unis, au Canada et en Allemagne. « C’est seulement en employant des gens qui pensent différemment et suscitent l’innovation que SAP sera prêt à faire face aux défis du 21ème siècle », considère, dans le communiqué, Luisa Delgado, responsable des ressources humaines chez SAP.
En Allemagne, les entreprises de plus de 20 salariés ont l’obligation d’employer 5 % de personnes handicapées. En France, cette obligation est de 6 % et les autistes entrent dans ce quota, mais font aussi partie de ceux qu’on embauche le moins, selon l’association française Vaincre l’autisme.
Sources :
Le communiqué de SAP
Le témoignage de VR Ferose, DG SAP India Labs
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