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Santé et téléphonie mobile : le rapport des sénateurs contesté

Dans un rapport publié la semaine dernière, deux sénateurs estiment que les craintes relatives aux antennes-relais sont injustifiées. Des conclusions dénoncées par l’association Priartem.

” Aucun risque ni biologique, ni à fortiori sanitaire lié aux antennes-relais n’a pu être mis en évidence. “ C’est la principale conclusion des sénateurs Jean-Louis Lorrain et Daniel Raoul, auteurs d’un rapport intitulé Téléphonie mobile et santé, publié la semaine dernière par l’ Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques.Selon eux, l’absence de risque sanitaire avéré écarte le recours au principe de précaution, qui pourrait conduire notamment à réduire les puissances d’émission des antennes.

Des études contradictoires

Un avis que ne partage pas Janine Le Calvez. ” Les rapporteurs ont une interprétation partisane des études scientifiques, qui vise à minimiser les risques sanitaires. Ils écartent systématiquement les résultats négatifs, invoquant des problèmes de réplication ou de méthodologie. Jamais ils ne font ces remarques quand elles s’appliquent aux études qui vont dans leur sens “, s’insurge la présidente de l’association Priartem (Pour une réglementation des implantations des antennes-relais de téléphonie mobile).Elle souligne également l’incohérence de certaines conclusions : ” Les sénateurs reconnaissent que les résultats des études sont parfois contradictoires. Cette incertitude devrait les conduire à demander l’application du principe de précaution.”Enfin, elle note que les rapporteurs ont omis de mentionner certaines études connues mettant en évidence des risques pour la santé.

De nouvelles obligations pour les opérateurs

Si les rapporteurs écartent les risques sanitaires, ils reconnaissent la nécessité de poursuivre les études scientifiques sur l’exposition aux radiations, afin, notamment, de prendre en compte les évolutions technologiques et l’arrivée des signaux UMTS.Ils reconnaissent également la nécessité de mieux répondre aux inquiétudes des citoyens, en favorisant la concertation avec les opérateurs et en facilitant l’accès à l’information.Concrètement, les sénateurs suggèrent la mise en place d’une charte-type entre les opérateurs et les élus locaux. Cette charte doit donner aux maires la possibilité “d’évaluer et de gérer les problèmes qui peuvent être liés aux antennes-relais installées dans leur ville et aux nouvelles installations”.Dans cette optique, les opérateurs devront s’engager à communiquer, à la demande des mairies, un dossier sur chaque site existant. Chaque nouvelle implantation devra faire l’objet d’une évaluation multicritère : localisation par rapport aux sites sensibles (écoles, hôpitaux, etc.), impact esthétique, oppositions des riverains… Et donner lieu à des procédures administratives adaptées : de la simple fourniture d’un dossier d’information jusqu’à la mise en place d’une concertation entre la mairie et les opérateurs (réunion publique, modification du projet…).” Tout cela est très compliqué et peu exploitable, estime Janine Le Calvez. Tout est mélangé, l’impact esthétique, social, sanitaire. Sans prendre en compte les bonnes priorités. “Selon la présidente de l’association, informer les citoyens ne suffit pas. “Il faut imposer systématiquement une procédure de concertation entre les opérateurs et les riverains avant la mise en place d’une antenne. Les gens ne veulent plus être mis devant le fait accompli.”

Des dosimètres individuels pour rassurer la population

Autre préconisation des rapporteurs : la distribution de dosimètres individuels, afin que chaque citoyen ait les moyens de connaître son niveau personnel d’exposition aux radiations.Enfin, ils préconisent la création d’une fondation, Téléphonie mobile et santé. “C’est une bonne idée, reconnaît la présidente de Priartem. Encore faut-il que cette fondation soit indépendante et que les opérateurs, qui sont obligés de financer en partie les recherches, naient aucun droit de regard sur les thèmes sélectionnés.”

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Stéphane Long