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Samsung le reconnaît discrètement : ses SmartTV espionnent ce que vous dites [MAJ]

La charte de confidentialité de Samsung pour ses téléviseurs connectés indique clairement que leur fonction de reconnaissance vocale peut espionner tout ce que vous dites à portée de « ses oreilles ». Une surveillance passive un peu glaçante.

Première publication le 9 février 2015

Big Brother vous regardait, Samsung se contente pour l’instant de vous écouter. C’est ce que The Daily Beast révélait en fin de semaine dernière. Le moyen de la surveillance n’est pas votre smartphone, mais votre téléviseur connecté !

Bienvenue en 1984 ?

Dans la dernière version de la charte de confidentialité du fabricant, on peut lire un « avertissement ». Samsung indique en effet qu’il peut éventuellement collecter des commandes vocales et les textes associés afin d’améliorer la qualité de son service de reconnaissance vocale. En continuant le même paragraphe, on peut lire : « Veuillez, s’il vous plaît, être conscient que si vos paroles incluent des informations personnelles ou sensibles, elles feront partie des données enregistrées et transmises à des services tiers ».

Parker Higgins, activiste au sein de l’Electronic Frontier Foundation a pris un malin plaisir à mettre en parallèle cette formule avec un passage du livre de George Orwell, 1984. « Le télécran recevait et transmettait simultanément. N’importe quel produit par Winston, supérieur à un faible murmure, serait enregistré par le télécran ». Evidemment, le produit de Samsung offre la possibilité de désactiver la fonction vocale.

Mais, même en désactivant la fonction de reconnaissance vocale et donc l’enregistrement de vos propos, Samsung indique qu’il pourra malgré tout continuer à surveiller vos habitudes et à les transmettre en ligne pour améliorer son service : « Si Samsung ne collectera pas vos paroles, Samsung pourra toujours récupérer les textes associés et les données issues d’autres usages pour que nous puissions évaluer les performances de cette fonction et l’améliorer », lit-on dans la sous-partie Reconnaissance vocale. Une formulation que l’on retrouve quasi à l’identique dans différentes parties de la charte de confidentialité du fabricant.

Le gain de l’intelligence ?

Cette manière de faire ouvre la porte à tous les scénarios orwelliens possibles et imaginables. L’acteur mis en cause étant privé, on pensera d’abord à de « l’espionnage » à des fins mercatiques. Mais, en définitive, le problème principal vient du fait que le gain en « intelligence » de ces « smart » périphériques passe systématiquement par l’acquisition de données générées par l’usage.

Si les téléviseurs sont très courants, ce qui accroît le nombre potentiel d’utilisateurs dont la vie privée pourrait être malmenée, d’autres efforts technologiques ont posé assez récemment la question du respect de la vie privée au sein même de nos foyers.

La Xbox One, qui devait au départ être connectée et « en veille » permanente avec son module Kinect à l’écoute de nos propos pour démarrer lorsqu’on le lui demandait, a également posé cette question. Au point que Microsoft a dû communiquer sur le point pour rassurer ses utilisateurs.

Dans un même ordre d’idée nos smartphones, sous iOS ou Android sont aussi à l’écoute. Pour s’activer quand on les interpelle d’un « Eh Siri » ou « Ok Google », il est fort probable qu’ils nous écoutent. Nous écouter est une chose, transmettre les données en est une autre.

En définitive, une fois l’information connue, c’est à chacun de choisir ce qu’il préfère, commander son téléviseur sans télécommande ou continuer à zapper à l’ancienne. A chacun de définir ce à quoi il donne le plus de valeur. En attendant, selon WitsView, Samsung s’est à nouveau installé à la première place des fabricants de téléviseurs en 2014, avec 215,2 millions d’unités écoulées, et a accru ses parts de marché de 5,4% sur un an.

A lire aussi :
CES 2015 : Netatmo promet de « respecter la vie privée des gens » (vidéo)
– 09/01/2015

Source :
Charte de confidentialité de Samsung
(Anglais)

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Pierre Fontaine