Qui se soucie réellement des différences de puissance entre l’iPhone 7 et le Galaxy S8 ? Les joueurs peut-être ? Soit, mais dès qu’un téléphone s’avère suffisamment performant pour assurer une navigation fluide dans les applications majeures (et c’est le cas de ces deux smartphones !), les facteurs discriminants sont surtout l’autonomie, le design et… la qualité du module photographique. Connectés et profitant de caméras de très bonne qualité, les smartphones sont devenus nos compacts de facto. Et dans le domaine de la photo, les différences entre les modèles permettent à certaines références de creuser l’écart.
Référence du genre, l’iPhone a perdu un peu de sa superbe ces derniers temps, mais reste dans le top 5 du genre, de par son efficacité et sa grande constance. Depuis la sortie du Galaxy S6, Samsung a prouvé son savoir-faire. Avec le Galaxy S7, il s’est ensuite imposé comme la référence du genre.
La sortie de son successeur est l’occasion rêvée de vérifier si Samsung a progressé dans ce domaine – on a déjà constaté des régressions comme nous le verrons – Mais aussi de découvrir si le coréen a réussi à ajouter des cordes à son arc face à l’iPhone. Si les deux versions du Galaxy S8 (normal et Plus) disposent de la même partie photo, il en va autrement des deux modèles d’iPhone 7, la version Plus profitant d’un second capteur d’image. C’est donc ce modèle, le plus doué en photographie, que nous avons mis en face du Galaxy S8 Plus.
Un autre parti pris est de ne pas nous être bornés à la seule analyse de fichiers : outre la qualité d’image – couleurs, détails, basses lumières – nous avons aussi passé en revue la vitesse de mise au point, la qualité des interfaces logicielles – et leur richesse – et embrassé les différents usages. Car une qualité d’image pure ne vaut rien si l’appareil n’est pas performant, riche en fonctionnalités et agréable à utiliser.
Toutes les images de l’article sont disponibles en haute définition
Interface : avantage Samsung
Jadis novatrice avec son système déroulant, l’interface de l’application photo de l’iPhone est désormais dépassée par celle de Samsung. Outre un placement des commandes plus adapté, il faut aussi reconnaître que le très long écran au format 18,5/9e du Galaxy S8 lui offre plus de surface pour placer les fonctionnalités. L’accès aux différents paramètres s’avère plus pratique et rapide que sous iOS, notamment en ce qui concerne la vidéo – pour rappel, il faut retourner dans le menu système d’iOS pour changer la définition vidéo !
AF : avantage Samsung
La structure du capteur du S8 est dite « dual pixel », une technologie dans laquelle chaque photosite (improprement appelé « pixel ») participe à la fois à la collecte de la lumière et des informations colorées, et à la mise au point. Cette structure de capteur introduite pour la première fois par Canon dans son EOS 70D et ensuite par Samsung dans le Galaxy S7 permet au Galaxy S8 de surclasser nettement l’iPhone 7 dans le domaine de l’autofocus. Si la différence de vitesse d’AF est rarement perceptible en plein jour (ça arrive tout de même), elle l’est clairement en basses lumières où le S8 prend un très net avantage. Avantage qui s’étend aussi à la précision de l’AF, nettement plus performante sur le S8. A cela s’ajoutent une option d’AF avec suivi du sujet, la possibilité de passer en AF central/multi voire de faire la mise au point à la main. Des options absentes de l’iPhone.
Basses lumières : avantage Samsung
En basses lumières, l’autofocus est plus rapide et plus précis chez le S8 que chez l’iPhone. Le niveau de détail est, lui aussi, un cran au-dessus. Quant aux couleurs, le rendu Samsung est à l’opposé de ce que fait Apple : quand ce dernier propose des clichés affadis, Samsung préfère saturer un peu plus – ce qui est fréquent chez le Coréen. Outre la plus grande justesse des couleurs chez Samsung, il faut aussi noter que les paramétrages « pro » du S8 permettent de sélectionner (ou paramétrer à la main) la balance des blancs. Au final, le S8 est supérieur à l’iPhone dès que la lumière se fait rare.
Couleurs : avantage Samsung
Depuis la génération 6S, Apple a pris un tournant colorimétrique que nous ne saluons pas : les couleurs à la tonalité si chaude sont devenues ternes, à la limite de la désaturation. Cela pourrait passer pour un filtre artistique… Mais c’est tout de suite moins appréciable pour un rendu par défaut. Nous ne crions pas au loup : les photos de l’iPhone 7 Plus restent jolies, mais le changement du traitement des couleurs par Apple lui fait perdre le leadership que la marque avait acquis dans ce domaine depuis l’iPhone 4.
Samsung a pour sa part réussi à étouffer le « travers » asiatique qui consiste à saturer les couleurs. Si le punch est toujours là, les tons sont plus naturels que par le passé et, désormais, plus naturels que chez Apple. Le monde à l’envers, mais un point de plus pour le coréen.
Fonctions avancées & pros : avantage Samsung
Il existe une grande quantité d’applications qui améliorent et enrichissent les fonctionnalités photo des smartphones. Pour ce duel, nous nous sommes bornés à n’utiliser que les applications par défaut des deux terminaux. Et la sentence est claire : le logiciel de Samsung offre bien plus de potentiel créatif que celui d’Apple.
La capacité d’enregistrer (simplement) le fichier RAW en plus du Jpeg est un des premiers avantages. Le « négatif » numérique qu’est le fichier RAW offre bien plus de latitude de développement – récupération des hautes et basses lumières – que le Jpeg. Si des applications tierces (Lightroom Mobile) le permettent sous iOS, la gestion des fichiers est une plaie (et nous nous cantonnons aux apps de base comme nous l’avons dit).
S’ajoute à cela l’accès aux fondamentaux photographiques (ouverture, vitesse, ISO, balance des blancs, etc.), des options d’AF (suivi du sujet), une correction des distorsions, un accès rapide au passage Full HD/4K et une plus grande palette de modes créatifs – hyperlapse, gif animé, etc . Le Galaxy S8 prend un large avantage sur l’iPhone 7 Plus.
Portrait : avantage Apple
Dans le domaine du portrait et de la photo de détail en général, un terminal se distingue des autres; de tous les autres : l’iPhone 7 Plus. Equipé d’un second capteur d’image – lui aussi 12 Mpix, l’iPhone 7 Plus profite d’une seconde focale pour le moment unique en son genre, un équivalent 56 mm f/2.8 qui, couplé au module caméra principal de 28 mm, offre un zoom optique x2. Quand les modules grands angles de la concurrence déforment un peu visages et perspectives, noyant le sujet dans son décor, l’angle de vision plus resserré du 56 mm propose des perspectives plus naturelles, n’altère pas les visages et les met bien en valeur – a fortiori dans le mode « portrait » qui crée un arrière-plan flou pour reproduire l’effet « reflex ».
Si l’iPhone 7 classique est l’égal des deux Galaxy S8, l’iPhone 7 Plus est bien le roi du portrait… et de la photo de détails.
Paysages : avantage Samsung
On l’a vu en parlant du portrait, la focale d’une optique a une forte incidence sur les usages. Si Apple gagne la bataille des visages, dans la photo de paysage, c’est Samsung qui marque des points grâce à une focale plus large : quand le module caméra principal de l’iPhone 7 propose un très classique 28 mm, le Galaxy S8 (et Plus) propose un 26 mm. Ces 2 mm (sur le papier) comptent énormément quand il s’agit de couverture angulaire, comme en témoignent les deux images ci-dessus. En shoot simple, le Galaxy S8 « voit » plus large que l’iPhone 7.
Quant aux fonctionnalités « Pano » (iPhone) et « Panorama » (Galaxy) des deux terminaux, elles sont aussi similaires dans leur fonctionnement qu’elles se ressemblent en termes de rendu final.
Notoriété : avantage Apple
De plus en plus de compétitions photographiques possèdent des catégories à part réservées aux smartphones, que cela soit dans les arts ou le reportage de conflits. Dans ce domaine, c’est à dire dans celui des « vrais » photographes, la notoriété d’Apple écrase littéralement la concurrence. Une situation qui s’explique par bien des facteurs : la prédominance d’Apple (en baisse, cela dit) dans les milieux créatifs (« Apple c’est plus simple »), la réputation photographique (les iPhone furent longtemps leaders du genre), l’habitude aussi – quand on a ses repères et ses applications, on est moins enclin à changer – ou encore l’effet de mimétisme. Et si vous regardez les clichés capturés par des iPhone dans les expositions/compétitions photographiques, vous vous apercevrez rapidement qu’ils sont bons.
C’est ici un rappel de l’évidence : en photographie, la performance pure des appareils a moins d’incidence sur la qualité des images que « l’œil » du photographe. Un rappel salvateur qui résonne comme un camouflet au visage de Samsung, techniquement dominateur.
Bilan : le Galaxy S8 est le meilleur (mais il lui manque un œil)
Plus rapide, photographiquement plus performant, ergonomiquement plus avancé, le Galaxy S8 est le champion photographique de ce duel. Son capteur fait un meilleur travail dans les basses lumières, son autofocus tue la compétition, ses options riches (RAW, paramétrages, etc.) en font une arme de choix. Et sans nul doute l’un des meilleurs photophones du moment – mais le LG G6 semble être en embuscade.
Dépassé sur plusieurs plans, l’iPhone 7 Plus dispose cependant de deux avantages de taille : sa réputation et son second module caméra. Si la réputation est un argument que les photographes les plus sérieux balayeront d’un revers de main – seul le résultat compte – le second module est un vrai atout. Et s’il est encore loin des modules grand angle côté spécifications (capteur plus petit, optique moins lumineuse, AF moins rapide), il n’empêche que ce 56 mm f/2.8 permet à l’iPhone 7 Plus de faire la différence dans certaines situations et dans certains exercices – le portrait notamment.
Samsung remporte donc la bataille technique haut la main. Mais Apple peut féliciter le ou les ingénieurs qui ont eu la bonne idée de lui implémenter ce qui est devenu son seul atout aujourd’hui : le second appareil photo.
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