Notre article consacré à la prise en main des derniers Galaxy S25 mesure 378 mots. Celui portant sur One UI 7, la nouvelle interface des smartphones Samsung, s’étale lui sur 980, soit près du triple. Cette simple comparaison en dit long.
BoulangerNous aurions bien sûr souhaité consacrer davantage de mots aux derniers smartphones, mais il faut se rendre à l’évidence : les nouveautés hardware sont bien minces cette année et le gros des nouveautés se situe moins dans le matériel que dans le logiciel.
Ce qui nous amène à ce constat : les nouveaux smartphones ne sont presque plus vendus pour leurs nouveautés propres, mais comme des supports de fonctionnalités logicielles. Si demain vous vous rendez en magasin pour acheter le Galaxy S25, ce n’est pas pour son nouveau téléobjectif (il n’en a pas), ni pour sa vitesse de charge augmentée (qui ne l’est pas), mais bien dans l’optique de profiter des dernières fonctionnalités du coréen. Mais pourquoi en est-on arrivé là ? Récapitulons.
Les Galaxy S25 sont peu inspirés et One UI 7 prend toute la place
Pour le Galaxy S25 Ultra, fleuron de la marque, nous avons bien quelques ajouts notables. Un nouveau module photo, l’ultra-grand-angle, qui profite d’un capteur 50 Mpx, un nouveau verre de protection, un design arrondi, et c’est à peu près tout. Les Galaxy S25 et S25 Plus vont encore plus loin, en affichant une fiche technique quasi identique à l’an passé. Bien sûr, les trois téléphones profitent du renouvellement annuel des puces, en passant sur un Snapdragon 8 Elite. Les trois perdent aussi un peu en épaisseur pour plus de confort. Mais en l’état, sur le matériel, rien ne justifie vraiment ces nouvelles moutures.
À l’inverse, l’interface du constructeur, One UI 7, profite pour sa part d’un relooking complet, d’une volée de nouvelles fonctionnalités plus ou moins versées dans l’IA (Now Bar, Now Brief, Gemini gérant maintenant plusieurs applications, etc.). L’interface a même changé de calendrier pour gagner quelques mois de développement en plus. Sortant d’habitude entre août et octobre, dans la foulée du déploiement de la nouvelle mouture d’Android de Google, One UI 7 attendra début février pour être disponible ce coup-ci.
Apple Intelligence et Galaxy AI, deux solutions, un même constat
Un retard à l’allumage, qui n’est pas sans rappeler un certain iOS 18, qui a déployé ses fonctionnalités majeures au gré des mises à jour iOS 18.1, 18.2 et 18.3. Parmi ces fonctionnalités arrivées un peu en retard, nous avons notamment le fameux Apple Intelligence (prévu pour avril en Europe), du nom de cet ensemble de fonctions dopées à l’IA, réservées aux iPhone les plus récents équipés d’une puce spécialisée (NPU) suffisamment puissante.
Résultat de ce retard, au moment du lancement, nous avons vu Apple vendre ses iPhone 16, eux aussi pointés du doigt pour un manque d’innovations matérielles en dehors d’un vague bouton caméra, sur la base d’une promesse. Une promesse forte entièrement basée sur des innovations logicielles à venir. Là encore, le hardware s’est effacé au profit du software.
Si nous nous concentrons là sur Apple et Samsung, les deux fers de lance de l’industrie du téléphone, nous pourrions effectuer le même constat sur à peu près toutes les marques de smartphones du marché. Le Honor Magic 7 Pro a été pointé du doigt pour une forte ressemblance avec le Magic 6 Pro, le OnePlus 13 est très proche du OnePlus 12, le Xiaomi 14T Pro souffre de la même comparaison. Et ne parlons pas du dernier iPad mini 7 pour ouvrir le sujet vers les tablettes, qui ne fait même pas l’effort de s’équiper d’un nouvel écran.
Un plafond de verre technologique
Il est loin le temps où les marques comme LG pouvaient se permettre des folies comme des smartphones à deux écrans. Même les smartphones pliants ont fini par rentrer dans le rang avec deux formats bien établis, le format livre et celui à clapet.
Tous les constructeurs donnent l’impression d’avoir atteint un plafond de verre technologique, ce qui les oblige sans doute à miser tout sur l’IA générative, qui a encore ce petit vernis de nouveauté pour elle.
Ce plafond de verre peut être expliqué par deux faits très simples : le marché s’est considérablement assagi et concentré. Il n’y a plus que quelques acteurs majeurs : Samsung, le groupe OPlus, Honor, Apple, Xiaomi, Motorola, et pour le reste du monde, citons tout de même Huawei, Vivo et Transsion. Parallèlement, la vitesse à laquelle les puces progressent a aussi beaucoup ralenti. Le marché peine à passer des 5 nm (introduits en 2020) au 3 nm, dont les premières puces sur smartphones sont apparues en 2024.
Mettre à profit la durée de mises à jour plus longue
Autre aspect à prendre en compte, les constructeurs offrent désormais tous des durées de mises à jour plus longues, s’étalent de 4 à 7 ans. Un règlement européen va d’ailleurs les obliger à garantir au moins cinq ans de mises à jour. Nul doute, dès lors, que la question du logiciel est en train de prendre une place de plus en plus prépondérante. De l’aveu des constructeurs avec qui nous discutons toute l’année, cette cavalcade vers une durée de mises à jour toujours plus longue revêt un vrai coût. Alors, autant capitaliser dessus.
L’an dernier déjà, Samsung avait trouvé une pirouette pour masquer le manque de nouveautés hardware de ses Galaxy S24, en apposant un nom à ses nouveautés, Galaxy AI. Mais l’astuce ne fonctionnant qu’une fois, le constructeur est dorénavant tenu de simplement améliorer l’existant.
L’IA ne pourra pas rester gratuite
Si pour l’heure Galaxy AI est gratuit, cela pourrait bien changer d’ici 2026. Samsung nous a reconfirmé sa déclaration officielle sur le sujet : Galaxy AI est gratuit jusqu’au 31 décembre 2025. Il n’est bien sûr pas exclu que le Coréen réfléchisse à un prolongement de cette durée, mais à terme, la question des fonctionnalités payantes va finir par se poser. Car l’IA, qu’elle soit on-device ou sur le cloud, est loin d’être gratuite pour les constructeurs. Il faudra là aussi finir par capitaliser.
L’autre inconnue, au-delà du coût, est celle des fonctionnalités exclusives. Apple ou Google sont souvent montrés du doigt sur ce sujet. Les deux géants ont à plusieurs reprises sorti de nouvelles fonctions (comme le mode action de l’iPhone par exemple, ou Video Boost chez Google), qui ne nécessitent a priori pas une puissance extravagante pour fonctionner. Pourtant, ces fonctions font tout de même l’objet d’exclusivités sur les derniers modèles.
L’absence de transparence n’aide pas
Les Galaxy S25 tombent dans le même schéma. Samsung n’a pas communiqué de calendrier clair pour le déploiement des nouveautés de One UI 7 et joue sur une ambiguïté. Est-ce que toutes les fonctionnalités feront le voyage vers les anciens modèles ?
Si le seul argument qui justifie d’acheter un nouveau modèle est l’absence d’information entretenue par le constructeur sur la disponibilité des nouveautés logicielles, il faudra à terme se poser la question de la pertinence du renouvellement annuel. Car en ce début d’année 2025, les nouveaux smartphones de Samsung n’ont jamais autant ressemblé à un simple abonnement durant 4 à 7 ans, dont le matériel ne serait qu’un simple support. Un très beau support, bien fini, qui prend de belles photos, etc. Mais parfaitement ennuyeux et semblable à celui de l’an passé.
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