L’auteur de ces lignes : « Et alors, que pensez-vous de ce Festival du jeu vidéo 2010 ? » L’interviewé : « Je ne sais pas encore, je n’ai fait que la moitié du hall. » L’auteur de ces lignes : « Vous êtes déjà à la fin du hall. » Et l’interviewé de jeter un œil étonné et inquiet à tous les stands qui s’allongent devant lui : du jeu de plateau, de rôle, du manga et même une sandwicherie Paul, mais plus de jeu vidéo.
Où sont Ubisoft, Electronic Arts, Sony ou encore Microsoft ? Tous absents. Réunis en tant que syndicat sous la tutelle du Sell, les principaux éditeurs de jeux vidéo préparant leur propre salon au mois d’octobre, la Paris Games Week. Du coup, à l’initiative des douze principaux dirigeants du jeu vidéo français, le FJV 2010, qui se tient jusqu’à dimanche 19 heures à Porte de Versailles, à Paris, a été majoritairement boycotté par les acteurs classiques du marché. « Les gens attendaient Call of Duty, la 3DS, etc., ils sont déçus », observe Pierre Gaultier, exposant en tant que coauteur du guide des Métiers et formations du jeu vidéo.
Pour compte de grands constructeurs, les joueurs n’ont cette année que des fabricants de cartes graphiques, comme Nvidia, ou des géants de l’électronique, comme Samsung, qui occupe l’allée centrale avec le plus imposant des stands. Idéal pour essayer l’une de ses dalles 3D, ou bien le N150 Plus, l’un des meilleurs netbooks du moment, l’excellentissime Galaxy S, à la pointe des smartphones Android, ou encore la Galaxy Tab, concurrente miniature et téléphonique de l’iPad. Un peu juste pour des mordus de jeux !
« On a plus de visibilité, c’est une chance »
Au final, les rares avant-premières se trouvent sur le vaste stand de la Fnac. Xavier, responsable, se réjouit. L’absence des grands constructeurs lui a permis d’avoir « plus grand pour moins cher ». Tout en obtenant quelques bornes jouables de titres encore inédits, comme F1 2010, PES 2011, le prochain Castlevania, « et même Dead Rising 2 en exclusivité mondiale ». Tous ces jeux sortiront d’ici à la fin de l’année. Ils complètent un catalogue de titres récents mais déjà testés et disponibles, comme Kane & Lynch 2, Mafia II ou encore Prince of Persia.
Au hasard des allées, on découvre tout de même, ça et là, un stand pour TrackMania sur Wii, ou une présentation en cockpit de WRC FIA World Rally Championship. Ce sera tout pour le jeu pur et dur. A l’exception des vieilles consoles présentes sur le stand du musée du Jeu vidéo – le troisième plus visible en arrivant -, le reste des exposants met davantage en valeur l’univers du jeu plutôt que des titres en particulier.
Le Festival du jeu vidéo demeure une chance unique de rencontrer des passionnés – étudiants, écrivains, éditeurs – ou encore de découvrir le média sous un angle original – à travers les toiles de Victor Antonov, le brillant directeur artistique de Half-Life 2, réunies sous l’expo GamesArt Factory.
Le responsable commercial et cofondateur de la jeune maison d’édition spécialisée Pix’n Love, Sébastien Mirc, y voit même motif à se réjouir. « Cette année, on est entre gens humbles. Sans l’ombre des grands éditeurs, on a plus de visibilité, c’est une chance. »
« Une situation irrationnelle »
Une aubaine pour les exposants, moins pour les visiteurs, souvent pris de court par cette ambiance intimiste, loin du spectacle et de l’orientation « conso » de l’édition 2009. Cette situation, Jonathan Dumont, organisateur du salon, ne l’a pas voulue. « L’an dernier, il y avait eu un partenariat avec le Sell, le festival avait été plus “show”. Cette année, il y a eu des discussions, des interrogations. Forcément il y a une dimension irrationnelle à la situation actuelle. »
Mais il refuse de jeter la pierre au Sell et à la Paris Games Week pour autant, contrairement à nombre de petits exposants, très attachés au Festival du jeu vidéo, et qui l’imaginent, à terme, menacé. « Il y a de la déception, mais pas de conflit, assure l’organisateur. Nos relations restent bonnes, nous ne sommes pas fermés à la discussion pour les prochaines années. »
A ses yeux, le festival revient juste à ses premières amours, les valeurs de fête, d’indépendance et de passion. Mais Jonathan Dumont ne s’en cache pas. « C’est dommage d’obliger les joueurs à choisir ou à aller à deux événements différents pour avoir une vision globale du jeu vidéo. »
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