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Samsung envisage-t-il de  débarrasser ses smartphones d’Android ?

Samsung a annoncé que ses smartphones Tizen seront finalement disponibles dans le monde entier et plus seulement dans les pays émergents. Et si le constructeur voulait se débarrasser progressivement d’Android dans ses smartphones ?

Samsung pourra-t-il se défaire un jour des griffes de Google ? Le constructeur coréen vient de faire un nouveau pas dans ce sens, timide, mais bien réel.
Durant la conférence des développeurs Tizen qui se tient en ce moment à San Francisco (Californie), un cadre de la marque a déclaré que ses smartphones sous Tizen « seront finalement disponibles dans le monde entier ». C’est ce que rapporte sur Twitter la journaliste Shara Tibken présente à l’évènement.

Jusqu’à présent Samsung concentrait la commercialisation de ses smartphones Tizen sur les pays émergents. Tout d’abord l’Inde, puis l’Asie du Sud-Est et l’Afrique. Avec des modèles très abordables, le constructeur semble avoir trouvé un créneau. Selon les chiffres exposés à la conférence, les ventes ont ainsi augmenté en Inde de 30 % en 2016 et les prévisions de 2017 visent les 100 %. Attention toutefois, il faut bien garder en tête que ces chiffres reflètent l’évolution d’un marché qui vient juste de naître et croît donc énormément.

Quoi qu’il en soit, la stratégie de Samsung concernant ses smartphones Tizen paraît désormais bien plus gagnante qu’à ses débuts. En 2013, Orange avait bien tenté d’introduire sur le marché français un smartphone sous Tizen 2.0, en vain. Le modèle n’avait pas trouvé sa clientèle et l’opérateur ne propose désormais plus aucun smartphone du genre dans son catalogue.

Une indispensable montée en gamme

L’annonce de Samsung pourrait donc changer fortement la donne et marquer le retour du système d’exploitation dans des pays où iOS et plus encore Android sont ultra dominants. Samsung pourrait espérer se faire une place ici aussi sur les modèles d’entrée de gamme qui proposent des usages peu exigeants : surf web, e-mails, réseaux sociaux.
Ce marché est l’un des plus disputés. Mais moins technophiles, les utilisateurs de ses modèles sont moins sensibles à l’OS installé qu’aux applications auxquelles ils ont accès. De ce point de vue-là, Tizen est encore à la traîne, mais propose désormais l’essentiel : l’écosystème d’applications de Facebook, VLC, un client YouTube, Opera et quelques jeux emblématiques (Fruit Ninja ou Temple Run).

Reste que si Samsung veut marquer les esprits, un modèle Tizen haut de gamme sera indispensable à longs termes. Sur ce point, le chemin semble encore long, bien que certain de ses partenaires soient d’ores et déjà dans les starting-blocks.
Dans une interview accordée le 9 mai dernier à The Economic Times, le patron du sous-traitant chargé de fabriquer les smartphone Samsung sous Tizen en Inde y faisait allusion. « Au dernier Mobile World Congress, nous avons lancé une nouvelle plateforme 4G milieu et haut de gamme équipée d’une puce 64 bits à huit cœurs gravée en 14 nm, basée sur la plate-forme 14 nm d’Intel », expliquait Neeraj Sharma, PDG de Spreadtrum. Une montée en gamme sur les marchés de prédilection de Tizen serait donc tout à fait envisageable dans un avenir proche.

Samsung concurrence de plus en plus Google

Si Tizen paraît minuscule, c’est une erreur. Les smartphones de Samsung sont les seuls appareils de la marque à ne pas tourner majoritairement sous Tizen.
De ses téléviseurs à ses lave-linge en passant même par ses montres connectées, Samsung a choisi d’utiliser massivement ce système d’exploitation, plutôt que celui de Google. Une manière de s’affranchir autant que possible du géant de Mountain View.
D’ailleurs, même sur ses smartphones Android, Samsung n’hésite plus à proposer des services, comme Samsung Pay ou Bixby, qui entrent en concurrence frontale avec Android Pay et Google Assistant.

Mais l’exercice à ses limites, notamment en matière d’applications. Il est en effet difficile de savoir exactement combien sont disponibles sous Tizen, mais Samsung a assuré qu’en 2017, il y aurait dix fois plus d’applications proposées sur le store qu’en 2016.
Reste un problème de taille : Google ne semble pas vouloir porter ses applications sur Tizen. Il adopte ainsi la même stratégie qu’avec Windows Phone qui n’avait jamais vu non plus aucune application du groupe débarquer dans son store. Un blocage qui a conduit (en partie, au moins) au dénouement que l’on connaît quant à l’adoption du système d’exploitation mobile de Microsoft. Samsung est prévenu et connaît le chemin à parcourir. Le défi est intéressant, mais ne sera pas facile à remporter.

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Jean-Sébastien Zanchi