Si, en France, 2000 n’a pas été l’année du lancement de l’e-book, force est de constater que les grandes man?”uvres se sont multipliées à l’approche du 3e millénaire. Les pionniers Rocket eBook, Softbook et Gemstar ont en effet été rejoints par des acteurs de poids et les premiers regroupements se sont opérés. Ainsi, le précurseur français de l’édition numérique, 00h00.com a été racheté en septembre dernier par Gemstar. Outre le maintien de son activité d’édition, le Français devient la tête de pont européenne de l’Américain, chargé de diffuser du contenu pour les e-books qui seront prochainement vendus sur le Vieux Continent. Aux États-Unis, RCA, filiale de Thomson Multimedia, est parvenu à commercialiser, sous licence Gemstar, deux premiers modèles d’e-books, alors que dans l’Hexagone, la start-up Cytale, pourtant portée par des parrains de choix tels qu’Erik Orsenna ou Jacques Attali, a dû attendre 2001 pour lancer son terminal, le Cybook.De nouveaux entrants et les industriels de l’électronique grand public se sont certes positionnés sur ce marché, mais les géants du logiciel ne comptent pas se laisser prendre de vitesse. Ainsi, Adobe, bien connu pour son format de diffusion de documents PDF, a fait l’acquisition de Glassbook en août 2000. Ce dernier, petit éditeur à l’origine d’un logiciel de lecture, verra sa technologie intégrée aux futures versions du lecteur Acrobat, ce qui lui assurera, de facto, une diffusion massive sur les micro-ordinateurs.
Ordinateur et PDA contre e-book
En outre, Adobe compte faire évoluer le PDF vers XML (eXtensible Markup Language) dans les mois à venir, de manière à transformer chaque PC en un lecteur e-book potentiel. D’autre part, Microsoft, jamais en retard lorsqu’il s’agit de trouver une nouvelle application à son système Windows, a lancé Microsoft Reader, une solution e-book disponible sur PC ainsi que sur PocketPC. L’Américain est également intervenu sur le projet Cybook, ce dernier fonctionnant sous plate-forme Windows CE. À l’opposé de cette philosophie de plate-forme ouverte, Gemstar mise sur une diffusion réservée aux seuls e-books et interdite aux autres types de terminaux, seule façon de contrôler complètement la diffusion et de limiter au maximum l’activité des pirates.
De nombreux points à améliorer
Dès la commercialisation des premiers e-books, de multiples critiques sont venues entacher le bel enthousiasme des premiers jours : qualité des écrans discutable, prix et faiblesse des catalogues d’ouvrages proposés… Nombreux sont les points qui restent à améliorer avant d’assister à une diffusion massive du livre électronique au sein du grand public. Ces limitations poussent les spécialistes à prévoir un démarrage dans le monde professionnel (livres techniques, manuels) sur PC ou PDA (Personal Digital Assistant), avant que l’e-book n’attire le grand public avec des terminaux de meilleure qualité et à meilleur prix.
Une économie en devenir
En outre, si le format des données tend à se normaliser sous l’impulsion du forum Open eBook, chacun d’entre eux dispose de ses propres outils de diffusion. Premières pages gratuites, location de l’ouvrage sur une période de temps donnée, paiement à la page ou à la durée de lecture, les systèmes de diffusion de l’écrit par internet font preuve d’une grande imagination commerciale et rejoignent les solutions que l’industrie du disque tente de mettre en place. Revers de la médaille, il est impossible de télécharger un texte au format Gemstar sur son Cybook, ni de lire un document Microsoft Reader avec un lecteur Adobe. L’utilisateur, lorsqu’il choisit une solution e-book, sélectionne non seulement le mode de lecture, mais aussi retient les choix commerciaux de son promoteur, voire le catalogue d’?”uvres dont il disposera finalement. À l’heure actuelle, le marché de la diffusion du livre électronique américain est plus avancé que notre marché national. Barnes & Noble, qui propose une rubrique e-book en 3 formats (Adobe, Microsoft et GemStar), a adopté une attitude fort agressive, n’hésitant pas, par exemple, à bousculer la place traditionnelle de l’éditeur. Accordant des commissions beaucoup plus attrayantes que ces derniers, les distributeurs n’hésitent pas à favoriser une relation directe avec les auteurs. En France, la prudence est de mise. Chez Cytale, on cherche avant tout à rassurer les éditeurs traditionnels afin d’obtenir le droit de publier leurs auteurs sur le Net. Même point de vue chez 00h00.com, pourtant à l’origine éditeur en ligne, qui poursuit cette activité tout en assurant la diffusion d’ouvrages pour le compte de Gemstar. En outre, on insiste beaucoup, chez le Français, sur la sécurisation du système Gemstar, un discours que l’on retrouve mot pour mot chez Cytale. salondulivreparis.com
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