Si Nikon reste un acteur majeur de la photo en France – 30% de parts de marché ! – ce géant de l’image n’est pas au mieux de sa forme : depuis deux ans, ses profits et son action dévissent. Et quoi que financièrement toujours bénéficiaire, la marque peine à innover et a connu plusieurs ratés. Dans les compacts experts bien sûr, rare marché en progression que Sony domine outrageusement avec ses RX100. En vidéo, où Canon a très vite réussit à transformer ses reflex en caméras plein format. Mais aussi dans celui des hybrides, où le choix du petit capteur du Nikon 1 s’est avéré mauvais puisque la tendance est aux grands capteurs – le succès des Alpha 7 de Sony (encore !) en atteste.
Pourtant pour Benoît Dedieuleveult, président de Nikon France, les nuages se dispersent. Interrogé sur les capacités à innover – et donc les futurs appareils – M. Dedieuleveult rassure : « Je ne peux bien sûr vous annoncer les prochains produits, mais il nous avons les technologies et les capacités à innover. Et détail d’importance : nous gagnons de l’argent que nous investissons dans la r&d. Alors on est loin d’être dans le rouge ! ».
Préparer les 100 prochaines années
Nikon n’a pas d’annonces sur le salon de la photo et s’est montré sage – trop sage selon nous – ces 3 dernières années en matière d’innovations. Mais en coulisses, les choses changent : nouveau PDG Japonais, nouveau PDG français (enfin, un ancien qui revient puisque M. Dedieuleveult avait déjà passé 15 ans dans l’entreprise, dont plusieurs années à la tête) et surtout les idées claires : « Pour les consommateurs et les journalistes, le temps est court et vous attendez des changements rapides. Nous avons conscience de notre absence sur certains segments (les compact experts et les hybrides, ndlr). Mais le temps industriel est plus long et il nous a fallu redéfinir notre direction ».
En 2017 la marque nippone aura 100 ans et a profité de cette occasion pour effectuer un reboot de ses priorités. Le nom de code l’opération ? Next 100, transform to grow, ou comment Nikon compte vivre encore pendant 100 ans. Une belle intention, mais par quels produits cela va-t-il se traduire ? « Je ne peux rien dire d’autre que 2016 sera une bonne année et que nous allons revenir sur segments et en créer de nouveaux », esquive M. Dedieuleveult. Mais quand on le titille sur la vidéo, il ajoute « Puisque nous n’avons pas d’offre dans ce domaine, oui c’est une possibilité ». Des hybrides plus pros ? Des compacts experts ? « On ne s’interdit rien ».
La photo seule ne suffit plus
Canon est le roi de la chaîne de l’image, mastodonte industriel. Sony ? Un géant de l’électronique. Fujifilm ? Un poids lourd de l’impression. Panasonic ? Ils construisent même des centrales nucléaires ! Olympus ? Leader mondial de l’endoscopie. Ricoh ? Mastodonte des photocopieurs. Et Nikon dans tout ça ? Une exception puisque c’est presque un pure player de la photo tant cette activité pèse lourd dans ses comptes – 80% environ, quand cette part se réduit à 12% chez Olympus !
Très dépendant d’un segment en décroissance, Nikon investit dans des systèmes de reprogrammation cellulaire, ou encore dans des outils d’imagerie médicale. Bref, dans des secteurs porteurs et qui rapportent gros. « La photo est un marché qui baisse et même elle restera au cœur de notre vision, il nous faut regarder autour de nous pour nous développer, détaille M. Dedieuleveult. Parce que l’objectif c’est d’être toujours là dans 100 ans ». Et pour se faire, une chose semble claire : la photo ne rapportera pas assez pour financer cet objectif.
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