L’image à fait le tour des internautes russes. Une fenêtre d’alerte du logiciel de messagerie, avec ce texte lapidaire : “ Cet e-mail ne peut pas être envoyé car l’officier chargé de lire votre courrier s’est absenté.” Bonne blague ! Et révélatrice. Les vieux démons de flicage total se réveillent. Surtout depuis trois ans, quand le Service fédéral de sécurité, le FSB, héritier du KGB, a dévoilé son projet d’instaurer un système de contrôle des e-mails. Il a convoqué les principaux fournisseurs d’accès internet (FAI), les Sovam, MTU-Inform et autres Glasnet, pour leur présenter son bébé monstre baptisé Sorm (Sistema Operativno-Rozisknikh Meroprijatij ou système des mesures d’instruction actives). Instruction ? Dirigée contre qui ? Appelez la Loubianka, la célèbre prison moscovite, reconvertie en bâtiment de la police. Là-bas, on vous expliquera qu’il s’agit de doter le FSB de moyens de contrôle du courrier électronique de tout internaute russe et à tout instant.
L’écoute en temps réel
our Sorm, tous les fournisseurs d’accès russes doivent installer, à leurs frais, un ” mouchard ” sur leurs serveurs, avec une ligne protégée branchée directement sur le centre local du FSB. En clair, une ” bretelle ” d’écoute permanente manipulée à distance, posée sans mandat ni commission d’un juge. Les FAI russes ont protesté. Pas contre la violation des libertés individuelles, non. Ils s’insurgent contre l’obligation de fournir des lignes de connexion vers les centres d’écoute du FSB “de capacité au moins égale à la plus haute capacité offerte aux abonnés du FAI “. Pour les spécialistes des comptes d’entreprises, avec des accès de plusieurs méga-octets par seconde, cela revient à doubler les tuyaux, à leurs dépens. Quelques petits malins ont souligné que leurs équipements fabriqués par l’Américain Cisco Systems ne prévoient aucun branchement pour l’installation d’un ” mouchard “. Et ont invité le FSB à contacter Cisco… Pourtant l’association des FAI russes a fini par apporter son concours technique à la mise en place des ” grandes oreilles “.Parmi les rares contestataires, on retiendra le nom du FAI Bayard-Slavia Communications, à Volgograd. Le FSB local l’a sommé d’installer une ” bretelle ” et de fournir les mots de passe de ses clients.
Un rebelle privé de satellite
ais le directeur de BSC a eu le culot de réclamer aux agents secrets un mandat signé par un juge d’instruction pour chaque compte e-mail intercepté. Excès de civisme aussitôt réprimé : la licence de BSK a été suspendue, et son canal de communication par satellite, coupé.À Moscou, l’initiative des ” services ” a provoqué quelques inquiétudes dans les milieux politiques. Mais le FSB a juré que Sorm était destiné à combattre les terroristes et les trafiquants de drogue. Pour finir de convaincre l’opinion publique, les ” services ” se sont appliqués à décrire le fonctionnement de Carni-vore et d’Echelon, deux systèmes similaires d’origine anglo-saxonne, pour prouver que leur projet n’avait rien de démesuré.Résignés, les fournisseurs d’accès ont commencé à installer les mouchards Sorm-2 sur les serveurs. En privé ils observent qu’après tout, nul ne pourra surveiller les échanges de tous les internautes russes à la fois. D’autant que l’usage de la cryptographie dans la correspondance reste autorisé, ce qui fait le bonheur des éditeurs des logiciels. D’après les providers, le projet Sorm a été une façon pour le FSB, en manque de moyens, de doter ses stations locales d’un accès haut débit à l’?”il…
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