Pour la journée mondiale contre la cybercensure qui a lieu ce 12 mars, Reporters sans frontière a décidé de lancer une opération d’envergure. Avec l’agence JWT, l’association a créé Cyber Tag, un site éphémère qui permettra aux internautes de se défouler virtuellement sur les façades des ambassades des pays les plus agressifs vis-à-vis des cyberdissidents. Douze pays font partie de cette liste : l’Arabie Saoudite, Bahreïn, le Bélarus, la Birmanie, la Corée du Nord, la Chine, Cuba, l’Iran, l’Ouzbékistan, la Syrie, le Turkménistan et le Vietnam.
Cette initiative s’inspire d’une manifestation de 2011 au cours de laquelle des militants avaient tagué sur l’ambassade de Syrie à Paris le slogan « C’est l’encre qui doit couler, pas le sang ». Le site Cyber-Tag propose des outils d’écriture et de dessin pour que les internautes se laissent aller à plus de créativité.
Smartphones, CD, DVD et clés USB
Parallèlement, Reporters sans frontière a actualisé son rapport de mars 2011 sur les pays ennemis d’Internet et sous surveillance. « Les réseaux sociaux compliquent la tâche des régimes autoritaires qui tentent d’étouffer toute information gênante. » Ne pouvant couper Internet – comme l’a fait l’Egypte pendant la révolution ou la Chine – sans se pénaliser eux-mêmes, certains Etats jouent sur la bande passante.
C’est une « méthode sournoise, mais efficace », car elle rend impossible la diffusion d’images, le téléchargement et l’envoi de photos ainsi que de vidéos. « L’Iran est passé maître en la matière. Les censeurs syriens jouent eux avec le niveau de la bande passante, les fluctuations de cette dernière témoignant, de fait, du degré de répression dans les zones affectées. »
Certaines dictatures, désormais confrontées aux nouvelles formes de diffusion, n’arrivent plus à endiguer les informations diffusées par les opposants. « Même en Corée du Nord, le “royaume ermite”, le black-out complet est remis en cause. La contrebande de l’information bénéficie de la perméabilité de la frontière par laquelle transitent téléphones, CD, DVD et articles sur clés USB. »
Droit d’auteur : des mesures disproportionnées
Les grandes démocraties ne sont pas épargnées. RSF dénonce « des mesures disproportionnées pour protéger le droit d’auteur. Les internautes des pays dits “libres” ont appris à se mobiliser pour conserver leurs acquis. La pression s’accroît sur les intermédiaires techniques, encouragés dans certains pays à jouer un rôle de police du Net. Des sociétés de surveillance deviennent les nouveaux mercenaires d’une véritable course à l’armement en ligne. » L’association cite la France avec la Loppsi et la Hadopi, les Etats-Unis avec Sopa et Pipa, la Grande-Bretagne avec Digital Rights Bill et n’oublie pas Acta.
Reporters sans frontière se penche sur le droit à l’oubli dans les démocraties, remis sur le devant de la scène par la commissaire européenne, Viviane Reding, et y voit un potentiel sujet d’inquiétude, un axe de développement d’une censure d’un nouveau genre. Un citoyen pourrait en effet recourir à son droit à l’oubli pour faire censurer un article, par exemple, ou des documents en ligne, ce qui d’une certaine manière revient à expurger le Net de certaines informations. Comme le précise RSF, « un droit général à l’oubli, consacré dans une loi, est difficilement conciliable avec la liberté d’expression et d’information sur Internet ».
Le rapport signale enfin que le Venezuela et la Libye ont quitté la liste des pays sous surveillance. « En Libye, les défis restent nombreux mais la disparition du colonel Kadhafi et la chute de son régime ont mis fin à une ère de censure ». Concernant le Venezuela, l’accès au Web est libre, mais « l’autocensure est difficile à évaluer. L’adoption, en 2011, de législations potentiellement liberticides pour le Net n’a pour le moment pas été suivie d’effet particulièrement néfaste. » RSF signale qu’elle reste vigilante…
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