Après avoir prévenu que l’interdiction de Huawei au Royaume-Uni pourrait retarder l’accès du pays à la 5G de 18 mois, Huawei hausse encore un peu plus le ton. Par la voix de son président, Ren Zhengfei, le groupe met indirectement en jeu la maintenance de ses équipements actuels.
Le géant chinois des télécoms Huawei souhaite en effet que le gouvernement britannique ne se précipite pas dans son éviction des réseaux du pays, et a demandé à Boris Johnson de repousser cette décision à après 2025. Soit après les élections générales de 2024 qui renouvelleront les 650 députés du parlement britannique.
Des sources du Times (UK) affirment que bien que Huawei ne menacera pas de manière explicite le gouvernement, le groupe mettra en avant « le coût de maintien des équipements actuels » ainsi que le fait que « sans Huawei, il y aura des blackouts ».
Un point de vue partagé par BT (British Telecom). Et pour cause : les opérateurs britanniques se sont équipés dès l’an 2000 en matériel Huawei. Retirer tous les équipements en cœur de réseau pourrait prendre de cinq à sept ans, alors qu’un retrait trop rapide pourrait provoquer « des coupures » de réseau. Un problème qui ne devrait pas se poser en France puisque selon nos informations auprès de tous les opérateurs de l’hexagone, Huawei a toujours été exclu des cœurs de réseau.
Les raisons de la volonté d’évincer Huawei du Royaume-Uni tiennent non seulement à un alignement avec les États-Unis, qui suspectent Huawei d’entretenir des liens très privilégiés avec le gouvernement chinois, mais aussi aux retours d’analystes locaux. Le gouvernement de Boris Johnson prête ainsi bien plus l’oreille à Richard Dearlove, ancien directement du Mi6 (renseignements britanniques) et critique de longue date de Huawei.
Bien que Huawei nie avoir des liens profonds avec le gouvernement chinois, le géant chinois est désormais sous le feu des projecteurs à chaque contrat télécom. Il se voit non seulement refuser l’accès aux réseaux nationaux – en France, l’installation de nouvelles antennes est soumise à autorisation, et limitée dans le temps – mais perd aussi de nombreux contrats professionnels. Ainsi, la construction du futur réseau 4G/5G d’Aéroports de Paris (ADP) a été attribuée à Ericsson, notamment au motif de la « souveraineté » numérique. Un tacle invisible à Huawei.
Sources : The Times, Reuters, Air Journal
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.