On a déjà des avions sans pilote et des voitures sans conducteur… Alors pourquoi pas des bateaux sans équipage ? Voilà en tout cas le projet sur lequel travaille Rolls Royce Holdings, selon l’agence de presse Bloomberg. D’après le constructeur, ces bateaux permettraient de faire économiser 375 milliards de dollars à l’industrie mondiale du fret.
Ces navires seraient bardés de caméras et de capteurs afin de repérer tous les obstacles en mer et des ordinateurs optimiseraient en permanence les coûts de navigation. Pour piloter ces « navires-drones », Rolls Royce a mis en place dans ses bureaux norvégiens un prototype de poste de contrôle qui simule la vue à 360 degrés depuis le pont d’un bateau. En généralisant cet outil, indique le groupe industriel britannique, des capitaines pourraient commander des centaines de bateaux depuis la terre ferme. Pour Rolls Royce, ces navires seraient plus sûrs, moins chers et moins polluants que leurs équivalents actuels.
De telles flottes pourraient être déployées en mer Baltique d’ici une dizaine d’années, selon Oskar Levander, vice-président de l’innovation dans le domaine maritime chez Rolls Royce. Les images présentées par le groupe britannique montrent des navires où les structures de vie de l’équipage ont disparu. Tout l’espace récupéré pourrait ainsi être occupé par du fret. D’après Levander, cela rendrait les bateaux 5% plus légers et bien moins gourmands : ils consommeraient de 12 à 15% de carburant en moins. Sans parler des économies liées d’un équipage…
« Nous avons les moyens technologiques et la société évolue dans ce sens », a-t-il poursuivi. Pour preuve, l’Union européenne a investi 3,5 millions d’euros dans un projet de recherche sur la navigation maritime sans équipage (Munin) et la sixième édition de la coupe du monde des robots voiliers a eu lieu en rade de Brest en septembre dernier. De son côté, l’armée française teste depuis trois ans déjà un bateau sans pilote, le Sterren Du, capable de mener toutes les facettes de la guerre des mines sans avoir besoin de recourir à une intervention humaine directe.
Des nombreuses réticences
Mais avant d’en arriver à des flottes de navires sans équipage, il va y avoir de nombreux obstacles à franchir. Pour certains professionnels du secteur maritime, les gains qu’entraîneraient ces vaisseaux sans équipage ne seraient pas si importants.
Autre obstacle, les réticences des syndicats de marins. L’un d’eux, the International Transport Worker’s Federation, qui représente 600 000 marins à travers le monde (pour environ un million de membres d’équipage) est fermement opposé à un tel projet. « Un tel dispositif ne pourra jamais remplacer les yeux, les oreilles et le cerveau des marins professionnels », a-t-il indiqué dans un e-mail.
Enfin ces navires sans équipage devront se conformer aux conventions internationales en matière de transport maritime, sans quoi ils ne pourront pas être assurés. A ce jour, les instances chargées de faire respecter ces conventions n’ont reçu aucune demande concernant des navires contrôlés à distance et ne pensent pas en recevoir avant longtemps.
Malgré tout, Oskar Levander pense que la transition se fera de manière naturelle, au fur et à mesure de l’informatisation des tâches à bord des bateaux. Selon le dirigeant, les porte-containers et les vraquiers pourraient être les premiers à laisser les équipages à terre.
Source : Bloomberg
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.