Possédant trois marques, Roche Bobois, Cuir Center et La Maison coloniale, ce spécialiste de l’ameublement est un poids lourd de la distribution de meubles en France. Créée voici quarante ans, cette entreprise familiale connaît une fin de siècle particulièrement riche en événements comme l’illustre le décollage éclair de sa dernière enseigne, La Maison coloniale (cinquante magasins en France, en Italie et en Suisse en deux ans).Et aujourd’hui, avec le projet Synergie, c’est une nouvelle révolution qui se prépare chez Roche Bobois, en interne cette fois. Le distributeur s’est doté d’un intranet afin de gérer ses tarifs. Car s’il conçoit ses collections, il ne les fabrique pas, mais recourt à une multitude de fournisseurs mondiaux. De ce fait, le calcul des tarifs de vente, proportionnel à celui des prix d’achat, s’avère extrêmement complexe. Développé voici plusieurs années en langage Progress sous Unix, le système existant, Vega, ne pouvait se déployer sur Internet. Une nouvelle solution a donc été élaborée, fondée sur les technologies Internet, afin d’accompagner la croissance de l’entreprise.
Une architecture multitiers Java
Roche Bobois a fait appel à la SSII Klee pour développer l’application. Ce prestataire défend une approche multitiers avec client Java, un concept qui lui a réussi, notamment lors de son projet avec Servair (lire Internet Professionnel n?’ 34, page 14). Basée sur l’ancien système, l’application comprend deux modules, la gestion des tarifs et celle des commandes. Sa conception devrait durer trois mois et demi, pour une mise en production prévue moins d’un an après la première présentation du projet, le 1er juillet 1999. Parmi les besoins exprimés par Roche Bobois pour sa nouvelle application, figure bien entendu le maintien de toutes les fonctionnalités assurées par Vega, auxquelles s’ajoutent la gestion des multiples devises et le multilinguisme qui caractérisent l’implémentation internationale de la société, mais aussi l’amélioration de la circulation de l’information entre le siège et les franchisés.L’EDI fait l’objet de beaucoup d’intérêt, surtout lorsque l’on sait que quinze fabricants réalisent 80 % des commandes de Roche Bobois. La récupération des données constitue aussi un prérequis, d’autant que certaines enseignes du groupe utilisent d’autres systèmes que Vega… La solution préconisée par le prestataire repose donc sur une architecture multitiers ; une application Java s’exécute dans le navigateur du poste afin d’accéder aux données stockées dans un SGBD Oracle 8i, via le serveur d’application Oracle Application Server. Les plus gros distributeurs, dotés de plusieurs magasins, bénéficieront de serveurs délocalisés et synchronisés avec le site central, alors que les boutiques plus isolées disposeront d’un micro-ordinateur.
Connecter 80 à 90 % des franchisés à Synergie
‘ Internet bouleverse les rapports entre les entreprises. L’organisation actuelle est désormais obsolète et freine le développement des sociétés. Il convient de changer de vitesse ‘, affirme François Roche, coprésident de Roche Bobois. Pour accélérer ce changement au sein de l’entreprise, une entité indépendante a été créée. Baptisée FNT (Furniture & New Technology), celle-ci doit aider les distributeurs à s’équiper en matériel et en logiciels, mais aussi à les former à ces nouvelles technologies. FNT assure également la connexion à Internet, lorsque le franchisé lui en fait la demande, via le réseau Global Extranet de France Télécom-Tranpac. Deux modes d’accès sont proposés, soit par l’offre Global Intranet, soit par le kiosque IP. Transpac a procédé à des modifications techniques sur son réseau afin d’offrir au responsable technique du projet, Éric Faure, une administration commune de ces accès.
La version bêta sous les feux de la rampe
Par ailleurs, un transfert de compétences entre Klee et FNT devrait permettre à la nouvelle entité d’assurer le déploiement de l’application. Roche bobois s’est en outre entouré des sociétés Sage pour l’aspect comptabilité et Dell pour le matériel. L’entreprise souhaite implémenter le système dans 80 à 90 % du réseau, un objectif tout à fait réalisable, estime-t-on chez Roche Bobois, qui considère le journal des ventes particulièrement attractif pour son réseau. Présenté lors de l’assemblée annuelle des franchisés en octobre 1999, le prototype de la version 1 de Synergie a déclenché de multiples réactions de la part des gérants de magasin.Si tous les participants ont reconnu l’intérêt de cette application, notamment en matière de calcul de tarifs et de frais d’approche qui varient selon le magasin, le fournisseur et le pays, l’aspect sécurité des données a particulièrement éveillé leur attention. Outre la circulation des prix sur Internet, la gestion des accès semble davantage inquiéter ces chefs d’entreprise. Il est en effet impensable qu’un vendeur puisse consulter l’intégralité des prix d’achat obtenus par Roche Bobois. La nécessité de définir des types d’accès différenciés pour les directeurs de magasin et les vendeurs s’avère manifeste, ce à quoi le prestataire répond par une authentification des utilisateurs avec gestion stricte des droits. Alors que Klee poursuit le développement de la première version de Synergie, Roche Bobois travaille à la reprise de l’existant. Il s’agit d’assurer le chargement des données et leur contrôle afin de garantir la cohérence des tarifs injectés dans le nouveau système. Lors du congrès des distributeurs Roche Bobois en avril 2000, Synergie comptait cinquante magasins abonnés.Le lancement officiel de cette première version a toutefois été décalé à septembre2000, en raison de difficultés techniques rencontrées par Klee pour finaliser le développement du logiciel. Outre la nécessité de tenir compte des prochaines évolutions du produit, les projets Synergie 2 et 3 sont d’ores et déjà évoqués chez FNT, le recours aux dernières nouveautés de la plate-forme Java n’étant pas sans risques pour les développeurs de Klee. Ils sont en effet parfois contraints d’attendre les dernières mises à jour de Java pour poursuivre leur travail. FNT espère néanmoins une première livraison avant l’été. Cette version lui permettra de mener ses tests et de mettre les tarifs à jour avant l’ouverture officielle de Synergie.
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