Longtemps discret, neuf telecom dispute aujourd’hui à Cegetel la place de deuxième opérateur français dans les services fixes. Un parcours et une vision atypiques, à l’instar de son président Robert Louis-Dreyfus.01 Réseaux : Sans être du sérail, vous avez été à la tête de neuf telecom durant quatre ans. Compte tenu de votre parcours éclectique, quel regard portez-vous sur l’univers des télécoms ?Robert Louis-Dreyfus : Ce qui m’a le plus surpris, c’est à quel point ce secteur est réglementé et combien son mode de fonctionnement s’apparente à celui d’un ‘ club ‘. Ce
n’est donc pas étonnant que, jusqu’à une période récente, les choses n’aient pas tellement bougé. Et ce n’est sans doute pas un hasard si ceux qui réussissent le mieux aujourd’hui sont Free et neuf telecom, qui ont
la même culture d’entrepreneur.Vous n’aviez tout de même pas prévu l’explosion de la bulle ?Non, mais la stratégie se fait parfois aussi en marchant ! Ce qui ne nous empêche pas de croître régulièrement (20 % par an), hors acquisitions.Vous avez discuté d’une fusion avec Cegetel. Vous croyez toujours qu’une consolidation est inévitable dans le fixe et dans la fourniture d’accès Internet ?Je ne suis pas obnubilé par une éventuelle consolidation. On verra bien… Je ne suis pas assez stratège pour dire ce qui se passera dans deux ans. Et contrairement à Cegetel, je ne pense pas que la consolidation soit
‘ inévitable ‘.Vous avez une bonne expérience internationale et, pourtant, pas de projets de développement à l’étranger ?Dans les télécoms, hormis Vodafone, voire Orange, il n’y a pas d’avantage compétitif à s’internationaliser, si ce n’est en termes d’affichage purement marketing. Prenez le rachat de VoiceStream par
T-Mobile aux États-Unis, il y a de bonne chance pour que cette opération soit finalement un bon investissement, mais cela ne procure aucun avantage compétitif à T-Mobile.Contrairement à votre positionnement initial qui est de maîtriser l’infrastructure de bout en bout, pourquoi envisager de devenir MVNO sur le réseau de Bouygues Telecom, par ailleurs longtemps hostile à ce
concept ?Nous ne discutons pas seulement avec Bouygues Telecom, mais aussi avec SFR afin de procurer de la mobilité à nos clients entreprise et parce que la complémentarité entre le fixe haut-débit et le mobile est évidente. Si on ne devient
pas MVNO, on le regrettera. Bouygues est peut-être réticent, mais cela ne pourrait qu’améliorer sa rentabilité.Qu’est-ce que vous pensez de Richard Branson, le patron de Virgin, qui est aussi le premier MVNO d’Europe ?C’est un redoutable homme d’affaires qui sait toujours acheter au plus bas et vendre au plus haut. Il a un sens inné pour sa marque. Non seulement elle est mondialement connue, mais elle lui est directement associée.Vous qui possédez des droits, notamment sportifs, vous croyez vraiment à un boom du multimédia mobile à ce niveau-là ?Cela prendra du temps. De toute façon, il n’y a que deux choses qui marchent réellement : le charme et le foot… ISM [sa société qui dispose notamment des droits de la Coupe du monde de football 2006,
NDLR] a déjà vendu des droits pour l’UMTS à E-Plus et T-Mobile en Allemagne, ainsi qu’à un opérateur italien.
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